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Départ de l’armée française du Burkina : « Nous comptons sur nos propres moyens pour gagner cette guerre », Jean-Emmanuel Ouédraogo, porte-parole du gouvernement

A la suite de la dénonciation des accords de défense avec la France par le Burkina, le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Jean-Emmanuel Ouédraogo a apporté, le lundi 23 janvier 2023, sur les antennes de la télévision nationale, des éléments de précision. Selon le porte-parole du gouvernement, « la vision de la Transition est que ce sont les Burkinabè eux-mêmes qui vont consentir le sacrifice pour la reconquête de l’intégrité du territoire national ».

Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB) : Le Burkina a dénoncé le 18 décembre 2022 les accords de défense avec la France. Pourquoi maintenant ?

Jean-Emmanuel Ouédraogo (J.E.O.) : Cette dénonciation est dans l’ordre normal des choses. A plusieurs reprises, les autorités françaises ont toujours indiqué la responsabilité des autorités burkinabè dans la présence des forces françaises au Burkina Faso. La secrétaire d’Etat française l’a rappelé lors de son récent passage à Ouagadougou. Les forces françaises sont basées à Ouagadougou sur la demande des autorités burkinabè. Bien sûr, il revient aux autorités également de demander éventuellement leur départ, de dénoncer l’accord militaire qui permet à ces forces de stationner à Ouagadougou. Donc en cela, je ne vois pas quelque chose d’extraordinaire, les autorités françaises l’ayant toujours affirmé. De plus, les autorités françaises ont toujours souligné le sacrifice que représente l’engagement de la France dans le Sahel de façon générale et au Burkina Faso en particulier. C’est un sacrifice humain, mais au-delà du sacrifice humain, c’est également un sacrifice économique. La vision de la Transition aujourd’hui est que ce sont les Burkinabè eux-mêmes qui vont consentir le sacrifice pour la libération de notre territoire, pour la reconquête de l’intégrité du territoire et surtout pour la refondation de notre nation. Je pense qu’aujourd’hui c’est cela la dynamique des autorités burkinabè convaincues que les Burkinabè ensemble, dans un sursaut patriotique derrière les Forces de défense et de sécurité (FDS) et surtout derrière les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) vont gagner cette guerre. Et nous avons foi, la conviction que l’engagement actuel des Burkinabè va être décisif dans la victoire sur les forces du mal. Donc nous comptons sur nos propres moyens, nos propres ressources humaines pour pouvoir gagner cette guerre. Bien sûr nous attendons de nos amis des soutiens, mais c’est un soutien surtout sur le plan matériel pour pouvoir nous accompagner dans l’équipement de nos VDP et FDS. C’est donc la vision actuelle de la Transition. Ce qu’il faut dire c’est que cette dénonciation est dans l’ordre normal des choses parce qu’elle est prévue, comme je le disais tantôt, dans les termes de l’accord militaire qui permet le déploiement des forces françaises au Burkina Faso. Donc l’article 16 prévoit la dénonciation, une dénonciation qui est une sorte de préavis qui laisse un mois à l’autre partie pour accéder à la requête.

RTB : Monsieur le ministre, le Burkina décide de s’assumer dans la lutte contre le terrorisme. L’orage était perceptible. Est-ce que ce divorce-là est lié à un événement particulier ?

J.E.O. : Non, ce n’est pas lié à un événement particulier. C’est lié tout simplement à notre volonté aujourd’hui, les autorités de la Transition avec bien sûr le soutien de l’ensemble du peuple burkinabè, d’être les acteurs premiers de la reconquête de notre territoire national. C’est surtout lié aujourd’hui à une vision et à un sursaut d’ensemble des Burkinabè pour gagner la guerre et aussi la paix.

RTB : Que répondez-vous à ceux qui pensent que le départ de l’armée française va laisser un vide dans cette lutte contre le terrorisme ?

J.E.O. : Je pense que le seul vide qui puisse être laissé dans cette guerre contre le terrorisme, c’est le vide que les Burkinabè eux-mêmes auront laissé. A ce niveau, nous n’avons aucune crainte. Il n’y a aucun vide. Les Burkinabè sont debout ; les Burkinabè feront en sorte que cette guerre, nous puissions la gagner.

RTB : Nous avons suivi l’actualité du président français Emmanuel Macron. Il demande des clarifications au Burkina Faso…

J.E.O. : A ce niveau, il n’y a pas autre commentaire à faire. Tout ce que je peux vous dire, au stade actuel, nous ne voyons pas comment faire plus clair que cela.

RTB : On le sait, ce départ va créer un vide certes, mais des voix s’élèvent également pour demander le départ de l’ambassadeur français…

J.E.O. : Ce départ ne laissera aucun vide. Aujourd’hui, les Burkinabè sont debout, les VDP sont mobilisés, le moral est là pour consentir le sacrifice suprême s’il le faut. Donc, il n’y a aucun vide qui sera laissé. Pour ce qui concerne l’ambassadeur français Luc Hallade, nous avons demandé au niveau du Burkina Faso son remplacement. Nous avons reçu toutes les assurances que les autorités françaises vont accéder à cette requête dès cette semaine. Nous attendons donc l’aboutissement de cette requête.

RTB : En attendant la réaction de Paris, est-ce que cette décision ne va pas avoir des conséquences sur la coopération dans le domaine du développement avec la France, mais également avec les pays de l’Union européenne ?

J.E.O. : Je pense que ce sont vos propres craintes. Ce que nous dénonçons aujourd’hui, c’est l’accord qui permet aux forces françaises d’être présentes au Burkina Faso. Au-delà de cela, il ne s’agit pas de la fin des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la France et peut-être d’autres partenaires parmi lesquels vous en citez certains. Ce que nous disons, c’est que cette dénonciation concerne l’accord de coopération militaire qui permet aux forces françaises depuis un certain nombre d’années d’être présentes au Burkina Faso. Il n’y a pas en principe, de notre avis, autre chose qui devrait changer et de toutes façons, nous sommes prêts à aviser au cas échéant, étant convaincus aujourd’hui que, quels que soient la situation, l’engagement et le sursaut patriotique des Burkinabè, tous ensemble nous permettra de faire face à des situations, de gagner la guerre et surtout d’assurer la reprise de la marche du Burkina Faso sur le chemin du développement et de l’épanouissement de l’ensemble de ses citoyens.

RTB : C’est un délai d’un mois qui a été donné à l’armée française, et si elle ne quitte pas, quelle sera la réaction du Burkina Faso ?

J.E.O. : Il ne faut pas se lancer dans des procès d’intention. L’article 16 de l’accord est clair. Il s’agit d’un préavis d’un mois qui est donné à l’autre partie. Au stade actuel, nous ne voyons aucune raison que la partie française ne respecte pas les termes d’un accord qu’elle a signé.

Propos retranscrits par W. Aubin NANA & P. Oumar OUEDRAOGO

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