Face à la presse, le Conseil national des Organisations de la société civile (CNOSC), a établi un état de lieux sans appel de la situation nationale sécuritaire, économique et social. Récurrence des attaques terroristes, pénurie de carburant dans la Kossi, fermetures d’établissements scolaires, fermeture des TGI à Djibo et Dori, encerclement de la ville de Fada en dehors de l’axe Fada-Ouaga, etc., le CNOSC interpelle le gouvernement sur l’urgence de « recentrer ses priorités sur la gestion de la crise sécuritaire et éviter d’ouvrir plusieurs chantiers comme celui de la refondation de l’Etat ».
(…) Le Burkina Faso est désormais à la croisée des chemins. Chaque jour la situation sécuritaire s’enlise davantage menaçant l’existence même de notre État. La conséquence d’une telle situation est l’exposition des populations à une plus grande insécurité, à une fourniture erratique des services publics essentiels à la population, doublée d’une cherté de la vie d’un niveau jamais égalé au Burkina Faso. Il faut fait remarquer que les répercussions de cette situation sécuritaire dégradante sur l’économie du pays sont terribles.
A titre illustratif :
Dans la Kossi, les populations ont été éprouvées par une pénurie de carburant à Nouna depuis plus d’un mois. Un effort a été fait le 1/03/2023 pour la ville de Nouna et nous profitons féliciter les autorités dans ce sens.
Chers journalistes
Dans la région du Centre Nord, la situation est la suivante :
la station d’eau située à 12 km de Kaya dans le village de Dem, qui ravitaillait la ville en eau à plus de 70 pour cent est actuellement sous contrôle des hommes armés non identifiés (HANI). La ville tient grâce aux forages privés mais en ces temps de canicule qui s’annoncent, c’est évident qu’il y aura des conflits liés à l’eau ;
Kaya est progressivement encerclée, c’est uniquement la voix Kaya-Ouaga qui est praticable, toutes les autres sorties sont sous contrôle des HANI ;
de nombreux villages se sont complètement vidés et d’autres sont sous blocus des HANI, on a par exemple Dablo, Foubé, Kelbo, Pensa, Bourzanga, Zana, Barsalogo et j’en passe ;
la cherté de la vie couplée à l’insécurité rend la vie très dure aux populations surtout l’accès aux produits de première nécessité et le carburant ;
des PDI qui dorment à la belle étoile, sans nourriture, sans eaux.
Au niveau de la région du Nord, la situation est dépeinte par les lignes qui suivent :
la fermeture des établissements et certains services de l’état. Pour le cas de Titao plus de 2000 élèves du secondaire sont toujours à Titao attendant de pouvoir reprendre l’école cette année après avoir passé une année blanche 2021-2022 ;
le mécanisme de prise en charge et de gestion des PDI souvent inadapté ;
l’état désastreux des infrastructures routières dans la région ;
les difficultés de mobilité des populations dues à la forte présence des terroristes ;
la flambée des prix à la consommation surtout des produits de première nécessité.
Mesdames et messieurs
En ce qui concerne la région du Centre-Est, la situation est gravissime, à l’instar des autres régions à forts défis sécuritaires.
insécurité grandissante dans la partie Est de la région (Province du Koulpelogo, et les communes de Bittou, Bane, Zoaga). La RN 17 est actuellement sous contrôle des HANI ;
aucun véhicule ne peut à présent ravitailler Ouargaye. Les établissements scolaires du Koulpelogo et des autres communes touchées sont fermées avec pour conséquence des milliers d’élèves déscolarisés, l’administration absente ;
nombre important de déplacés internes dans toutes les 3 provinces de la région ;
les récoltes et les maisons d’habitation incendiés, le bétail emporté par les HANI ;
des populations et fonctionnaires tués ou enlevés par les HANI.
Chers journalistes,
La situation dans la région du Sahel est tout simplement une tragédie.
la situation humanitaire est catastrophique dans certaines zones où les populations sont sorties organiser des manifestations pour réclamer le minimum et comme on le sait ces zones sont sous blocus des GAT comme Djibo ; Arbinda ; Sebba et il y a d’autres qui sont carrément oubliées comme Markoye ;Tin-Akof ; Mansila où les femmes et les enfants sont affamés. Ces derniers sont abandonnés à eux-mêmes sans possibilité de produire, vendre ou acheter de quoi se nourrir ;
de même à Dori, capitale du Sahel la crise alimentaire se fait ressentir, les personnes déplacées internes n’ont pas de vivres depuis le début de l’année et les services d’action humanitaire sont totalement débordés et peinent à satisfaire la demande sans cesse croissante ;
dans les grandes villes le carburant est devenu un luxe ; sa rareté et son prix exorbitant dans le marché noir complique la fourniture d’eau et d’électricité paralysant ainsi toutes les activités administratives, mais surtout socio-économiques de la zone. La mauvaise qualité du réseau téléphonique vient s’ajouter au calvaire des populations ;
la fermeture des TGI de Djibo et de Dori entravant l’accès à la justice des populations, les exactions et bavures. Tout en réitérant notre soutien sans faille à nos FDS dans la lutte contre le terrorisme dans le strict respect des droits humains, nous disons que cette lutte ne doit pas donner lieu à tous les abus. Le combat pour la reconquête de nos territoires ne saurait justifier ou excuser, les bavures ni les graves exactions contre les populations civiles.
Mesdames et messieurs
La situation à l’Est, est des plus préoccupantes et d’actualité avec les dernières exactions des GAT contre la ville de Partiaga dont le bilan est encore en cours.
durant près d’un mois, l’accès à la TAPOA a été fréquemment coupé de Fada et reste à nos jours dangereusement joignable ;
l’accès à la KOMPIENGA à partir de Fada par la route est coupé depuis belle lurette, la population ne pouvant être ravitaillée que par le Togo et par voie aérienne. On parle constamment de crise de sel pour la ville de PAMA, capitale de cette province ;
l’accès à la GNAGNA et à la KOMONDJARI au Nord ne se fait pas sans quelques risques. Ce qui isolent ces populations des 4 autres provinces, chez qui le sentiment d’abandon monte ;
Fada est quasi encerclé dans les 30 km en dehors de la voie vers Ouaga et des excursions de GAT se sont dangereusement rapprochés notamment avec des échanges de feu autour de l’Université a à peine 5km de la ville ;
La ville de Fada a doublé sa population en 3 ans, passant de 114 000hbts à près de 230 000hbts à nos jours, et les reflux de populations PDI s’accelèrent avec le déguerpissement des populations de YAMBA et ses environs ces derniers jours ;
Près de 60% de la population de l’Est n’a pas accès à l’eau potable, à nos jours.
Chers journalistes,
Le bilan est tragique et amer. Mais le plus grand danger auquel le terrorisme nous expose c’est la perte de notre dignité collective et la renonciation à l’identité nationale.
Le temps du terrorisme-mirage est révolu, nous avons le devoir de nous dire la vérité et de prendre la bonne mesure de la situation, il y va de la survie de notre Nation. Le Burkina Faso est au bord de l’abîme. Nous n’avons qu’une seule option : nous battre pour vaincre, car nous n’avons pas le luxe de faillir !.
Face à cette situation alarmante, le CNOSC/BF, soucieux du bien-être de la population et de la préservation des droits les plus élémentaires des peuples, prend l’opinion publique à témoin et interpelle les autorités publiques à prendre leurs responsabilités en redoublant d’efforts dans la prise de mesures fortes et urgentes afin de sauver les populations qui, visiblement, sont désespérées.
A ce titre, le CNOSC/BF exige :
la prise en charge convenable des PDI (la gestion des sites, logement, appui psychologique, eau, nourriture, etc) ;
la fourniture des services publics adéquats à la population ;
la réorientation de la Transition en recentrant ses priorités sur la gestion de la crise sécuritaire et éviter d’ouvrir plusieurs chantiers comme celui de la refondation de l’Etat ;
le déploiement rapide des FDS et des VDP en nombre suffisant pour une reconquête totale de toutes les localités sous emprise des GAT ;
l’équipement adéquat au profit de nos FDS et de nos VDP et des formations initiales et continues adaptées à la situation ;
la maîtrise et la baisse progressive des prix des produits de première nécessité et des hydrocarbures ;
la réhabilitation des réseaux téléphoniques dans toutes les localités ;
le retour progressif et sécurisé des PDI dans leurs localités d’origine ;
l’accompagnement des populations pour une réinsertion socio-économique avec des Activités génératrices de revenus (AGR) dans leurs localités d’origine ;
le retour des structures administratives, éducatives et sanitaires pour soulager les populations.
Pour accompagner toutes ces actions, le CNOSC/BF compte :
mobiliser ses démembrements provinciaux et régionaux pour une sensibilisation de proximité des populations sur les procédures de contribution volontaire à l’effort de guerre en appoint aux actions du Gouvernement ;
lancer une opération de souscription de ses organisations membres à l’effort de guerre ;
appuyer toute initiative du Gouvernement visant à former les FDS et les VDP sur le respect des droits humains dans le cadre de leurs opérations de reconquête du territoire ;
mettre en place une cellule de veille citoyenne sur la situation nationale (sécuritaire, humanitaire, socioéconomique et droits humains) ;
mettre en place dans les semaines à venir un Gouvernement citoyen pour renforcer l’efficacité et la pertinence de la contribution de la société civile dans la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques. Dans le contexte actuel, le Gouvernement citoyen aura pour principal objectif de renforcer la veille citoyenne dans la conduite de la Transition.
Enfin, le CNOSC/BF invite les populations à une collaboration franche avec les FDS et les VDP, pour une action efficace et efficiente sur le terrain. Burkinabé des villes et campagnes, levons-nous, comme un seul homme, pour barrer la route à l’envahisseur et les prédateurs ; gage d’un retour de la paix au FASO et d’un vivre ensemble harmonieux.
En avant pour une paix durable !!!
En avant pour une prise en charge convenable des PDI !!!
Non à la violation et aux atteintes des droits humains !!!
Non à la flambée des prix des produits de première nécessité !!!
La patrie ou la mort nous vaincrons !!!
Fait à Ouaga, le 07 mars 2023
Le Président du CNOSC/BF
DOANIO Hermann