Politique

Mémorial Thomas Sankara : L’impact des politiques publiques du CNR sur le développement du Burkina décrypté par des spécialistes

Le jeudi 3 novembre 2022, le mémorial Thomas Sankara a organisé un panel avec pour thème : « Le discours d’orientation politique du CNR et les fondements d’un développement endogène : économie, paysannerie, administration et organisation du territoire ». Les communications ont été données par le journaliste Sita Tarbagdo et l’expert en stratégie de territoire, Kalifara Séré. L’objectif est de se remémorer les politiques entreprises à l’époque de la révolution, afin de s’en inspirer pour le futur.

« L’accaparement des terres, le manque d’encadrement, le manque d’infrastructures routières, sanitaires, un taux d’analphabétisme élevé, un niveau technologique des plus bas, une échelle d’investissements lamentable, une unité socio-politique et idéologique quasi inexistante, etc. », voilà quelques mots récoltés de la communication du journaliste Sita Tarbagdo, décrivant le contexte social difficile dans lequel vivaient les paysans avant l’avènement de la révolution. Au vu de cette dynamique qui épuisait considérablement ces derniers, les réduisant significativement à une vie d’atroce misère et de famine dévastatrice, le Conseil national de la révolution, avec à sa tête le capitaine Thomas Sankara, fera de la promotion de la paysannerie « la priorité des priorités ». Pour inverser la tendance et apporter un souffle nouveau au secteur agricole qui battait de l’aile, le CNR passera par trois phases.

Les participants à ce panel ont entonné l’hymne national avant le début des exposés

« D’abord, assurer la sécurité alimentaire en faisant en sorte que chaque Burkinabè puisse avoir quelque chose à manger et que le surplus de production soit stocké dans des banques de céréales. Ensuite, assurer l’autosuffisance alimentaire, en faisant en sorte que tout ce qui tombe comme goutte d’eau soit recueilli pour être utilisé. C’est de là qu’a été lancée la construction de 2 500 petits barrages, avec une forte participation des populations. Enfin, il s’agit pour le CNR d’assurer la puissance alimentaire en engageant le pays dans la production d’engrais organiques, de fumure, de manière à régénérer les terres, en engageant le pays dans la fabrication des charrues, à partir des carcasses des vieilles voitures. En faisant fonctionner de petites industries de transformation de produits, en valorisant les surfaces cultivables autour des grands points d’eau comme le Sourou et la Kompienga ».

« Le CNR va révolutionner la paysannerie par l’élaboration d’un plan de développement durable, avec cette vision noble de faire du paysan, un producteur organisé, techniquement préparé, un consommateur avisé ayant accès aux biens de consommation de la société moderne », Sita Tarbagdo

Pour atteindre ces objectifs, une vaste série de politiques sera mise en place par le CNR. On note entre autres, la réorganisation agraire et foncière, le retour des fonctionnaires à la terre en initiant les champs collectifs avec pour but de rapprocher les travailleurs des villes et des campagnes. Par ailleurs, l’organisation du réveillon du paysan, des foires agricoles et la lutte contre la désertification ont contribué à booster la production agricole tout en faisant de l’agriculture une base solide pour le développement du Burkina Faso.

« Le CNR a travaillé à ce que l’administration incarne l’esprit des Burkinabè » Kalifara Séré

La deuxième communication a été livrée par Kalifara Séré, expert en stratégie de territoire. Avec lui, il était question de l’administration et l’organisation du territoire sous le CNR. Il explique que l’administration a été rapprochée de l’administré en vue de répondre plus efficacement aux besoins de chaque localité. « L’administration se mettait au service de l’administré, c’est-à-dire de chaque communauté et de l’ensemble des communautés prises globalement », dit-il.

Une vue de l’entrée du mémorial Thomas Sankara

Aussi, le CNR a impulsé une rigueur de fer dans les circonscriptions administratives, toute chose qui a permis de changer la manière de faire et de les rentabiliser financièrement. Il précisera à cet effet que « cela a permis de dégager des excédents budgétaires de l’ordre trois milliards de francs CFA à l’époque. C’est astronomique ! En deux années de révolution, il n’y avait plus de déficit chronique au niveau des circonscriptions et des délégations spéciales ».

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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