Economie

Burkina/affaire pain : « C’est difficile dans ce pays avec ces histoires de monopole », dénonce un boulanger

Après s’être fait taper dessus par le gouvernement pour avoir augmenté le prix du pain, des organisations de boulangers ont lancé un mot d’ordre de fermeture des boulangeries dès le mercredi 25 mai 2022 à minuit. Le constat dans le secteur dès la matinée de ce jeudi 26 mai 2022 montre un mot d’ordre diversement exécuté.

Dans le quartier Karpala, dans l’arrondissement N°11, (partie Est de la capitale), la boulangerie pâtisserie Nana est certes ouverte, mais les rayons sont vides. Autour de 9h30, heure de notre passage, les clients qui défilaient se retrouvaient dans une boulangerie vide, personne pour répondre aux clients.

A la porte, on lit : « Le prix du pain est fixé à 150 FCFA, la baguette ».
Personne pour renseigner si c’est le mot d’ordre qui est ainsi suivi ou le pain qui est fini plus tôt que prévu.

A quelques pas de là, la boulangerie Wend Konta sert les nombreux clients qui y convergent, au prix de 150 FCFA.

A la boulangerie baguette du Faso, sise au quartier voisin, San-Yiri, c’est un décor similaire à la première destination qui accueille. Mais ici, des occupants sont là et renseignent. Les rayons sont vides, quelques clients y ressortent sans pain, mais pas parce que la boulangerie obtempère au mot d’ordre de fermeture. « Le pain est fini, nous attendons l’équipe de l’après-midi pour relancer la production », explique un des responsables.

Dans les encablures, la boulangerie Au four mixte a les portes fermées.

La boulangerie de San-Yiri du groupe Vital, située sur le même bitume, elle, obéit à l’appel de fermeture. Un des maîtres des lieux a expliqué que la production du pain s’est poursuivie hier et la baguette a été vendue à 150 FCFA. « Nous n’avions pas augmenté le prix, le patron nous a dit de ne pas augmenter. Mais on a fermé à partir de minuit pour respecter le mot d’ordre, parce qu’à notre avis, c’est pour arranger, tout est devenu vraiment cher. On produit à perte. Notre souhait est qu’ils (boulangers et gouvernement, ndlr) puissent trouver un terrain d’entente », s’exprime l’interlocuteur du groupe Vital.


Déjà la veille, mercredi, à l’annonce du mouvement d’humeur, un gérant de boulangerie a décrit un secteur à la solde du monopole. « Le monopole de la farine est détenu par un individu, qui augmente le prix comme il veut. Et cette personne produit également le pain. Quels que soient vos moyens, vous êtes obligés de passer par lui pour avoir la farine, alors qu’il est en même temps votre concurrent sur le marché du pain. Le gouvernement est bel et bien au courant, mais pourquoi il n’explique pas cela aux populations ? », se révolte ce gérant.

Des propos soutenus par un interlocuteur des boulangeries visitées ce jeudi matin. « C’est le même monopole que celui qu’on voit avec le poisson. (…). C’est difficile dans ce pays avec ces histoires de monopole-là », illustre cette source, convaincue que même les boulangeries qui ont ouvert ne peuvent continuer longtemps la production au prix de 150 FCFA la baguette.

O.L
Lefaso.net

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