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Affaire “Me Guy Hervé Kam” : L’Etat à l’épreuve de sa propre logique !

La Cour administrative d’appel a rendu son arrêt sur l’affaire dite “Me Guy Hervé Kam”. Elle ordonne la libération de l’avocat et coordonnateur du mouvement SENS. Si son arrestation s’est faite au mépris, selon les spécialistes, des dispositions légales nationales et communautaires, on peut relever une sorte de parenthèse salutaire de la part de l’Etat, par l’interjection de l’appel devant la juridiction supérieure ; synonyme d’une volonté à se soumettre aux décisions de justice.

Dès lors, on peut espérer que l’Etat se conforme avec lui-même, en obtempérant à la décision de la justice de libérer l’intéressé (un pourvoi en cassation, s’il y a, ne suspend pas l’exécution de cette décision, selon un spécialiste du droit). Ce sera un début de message envoyé aux citoyens, sur ce que doit être leur attitude devant les questions et décisions de justice.

Et c’est toute la société qui en sortira ragaillardie, forte. Exécuter la décision de justice, ce serait aussi honorer le serment du président de la transition, chef de l’Etat « de tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso », exhorté dans cet engagement par le président par intérim du Conseil constitutionnel, Bouraïma Cissé, qui, dans l’allocution prononcée pour la circonstance, soulignait que « il lui appartiendra, en tant que leader, de savoir canaliser les énergies (du peuple) et les mettre en ordre de bataille pour venir à bout de l’ennemi et, en toutes circonstances, d’avoir à l’esprit les termes du serment ».

Quelles que soient les difficultés, l’on devra pouvoir faire en sorte que les institutions-phares demeurent zen. Le refus de surseoir aux réquisitions, comme l’a ordonné le tribunal administratif, est déjà de trop, que l’attitude de l’Etat, du pouvoir, vis-à-vis de l’arrêt qui vient d’être rendu par la Cour administrative d’appel revêt tout son enjeu. L’appliquer pourrait, dans ce climat difficile, paraître comme un début de dégel et de décrispation. Par contre, passer outre, c’est faire un pas supplémentaire vers le gouffre, en matière de gouvernance et en lien avec les perspectives pour le pays.

Se mettre au-dessus de la mêlée !

Tout comme dans la décision antérieure…, l’arrêt de la Cour administrative d’appel est accueillie avec une indécence inouïe dans des officines, où le relent est clairement affiché pour un règne de la force barbare dans la société. Menaces, injures, diffamations… et autres propos de haine sont devenus des banalités et ce, sous le couvert de la puissance de l’Etat, pour ne pas dire du pouvoir en place.

Le tout, et dans le cas d’espèce, sous-tendu par des appels au pouvoir de ne pas exécuter la décision de justice. Il faut simplement souhaiter que de telles réactions n’apparaissent pas aux yeux des gouvernants comme un repère pour se passer du droit, car c’est la survie même de toute la société qui est ici en jeu.

Mieux, au regard de l’atmosphère qui prévaut, il ne sera pas superflu de souhaiter qu’en plus des efforts déjà consentis, notamment pour la lutte contre l’insécurité, le chef de l’Etat mette également un point d’honneur sur les actions qui peuvent conduire au dégel, à désamorcer les tensions inutiles et tendant à décourager toute velléité qui ne favorise pas l’unité nationale. Le pouvoir a tout à gagner, en travaillant à consolider les institutions, à aller dans une dynamique de rassemblement des Burkinabè, à réconcilier et à orienter dans la bonne direction.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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