Le collectif des avocats de Me Guy Hervé Kam a donné de la voix sur les derniers rebondissements dans l’affaire concernant leur client, ce vendredi 31 mai 2024 à la Maison de l’avocat, à Ouagadougou.
Débutée depuis le 24 janvier 2024 par l’enlèvement du concerné, l’affaire Me Guy Hervé Kam a connu un feuilleton judiciaire opposant ses avocats à l’Etat burkinabè qui a accusé Me Guy Hervé Kam et autres d’atteinte à la sûreté de l’Etat et association de malfaiteurs. Cela avait abouti en dernier ressort à une décision du président de la Cour administrative d’appel, ordonnant sa libération. Depuis cette décision, aucune libération de Me Guy Hervé Kam n’a été annoncée.
« C’est dans ce contexte que le 29 mai 2024, le collectif des avocats de Me KAM Guy Hervé a appris sa pseudo-libération et aussitôt enlevé la veille dans la soirée. Il a donc convié ses membres à une rencontre le 30 mai 2024 à 9h30 à la maison de l’Avocat pour un partage d’informations et adopter une conduite à tenir. C’est pendant la rencontre que deux membres du collectif des avocats ont reçu des appels téléphoniques du greffier du cabinet d’instruction N°2 du Tribunal militaire qui les a informés que le juge d’instruction dudit cabinet s’apprêtait à entendre Me Guy Hervé Kam et qu’ils peuvent venir l’assister », a relaté Me Julien Lallogo, porte-parole du collectif d’avocats.
Revenant sur ce qu’ils désignent comme « une pseudo-libération » de leur client, les conseils de Me Guy Hervé Kam ont expliqué que ceux qui le détenaient ont soigneusement organisé son transfèrement entre les mains de la Gendarmerie. Après lui avoir promis une libération, il a été conduit à côté de son domicile où il a été transféré dans un autre véhicule. Ces derniers l’ont conduit hier matin de la section de Recherches de la Gendarmerie au Tribunal Militaire où le Juge d’instruction du Cabinet n°2 a décidé de le mettre en examen pour des faits de complot contre la sûreté de l’Etat et d’association de malfaiteurs. Le juge a aussi décidé de le placer sous mandat de dépôt et il est, à ce jour, détenu à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), selon eux.
« Tentative de régulariser ce qui n’est pas régularisable »
Les avocats de Me Guy Hervé Kam ont souligné avoir pu le rencontrer et échanger avec lui, une trentaine de minutes avant son interrogatoire de première comparution sur les faits d’atteinte à la sûreté de l’État et association de malfaiteurs. Ils rassurent qu’il se porte bien. « Sur son moral, je crois qu’il est ferme ; sous réserve de ce que les autres aussi ont perçu. Parce que nous avons échangé une trentaine de minutes avec lui. Moi, une chose m’a marqué. Quand nous lui avons demandé de savoir si avant d’entrer voir le juge nous avions des préalables à soulever sur des questions de principes, comme nous pouvions passer outre s’il estimait que dans son intérêt, nous n’avions pas besoin de revenir sur des incidents. Il a eu une réponse qui m’a fait très chaud au cœur. Il m’a dit « si le fait que je sois privé de liberté puisse permettre de rectifier les choses dans ce pays, ce n’est pas moi qui vous dirais d’aller contre des principes pour que je retrouve ma liberté » », a déclaré Me Prosper Farama.
En tout état de cause, les avocats de Me Guy Hervé Kam ont annoncé qu’ils vont continuer à défendre leur client. Ils ont précisé que cela n’a rien avoir avec la collégialité entre avocats ou l’amitié qui les lie au concerné, mais plutôt l’attachement au respect de la légalité dans toute sa forme que dans son fond pour les personnes enlevées et séquestrées.
« Je pense que quelque part, quelqu’un est conscient que ce qui a été fait est irrégulier. Mais comme souvent les être humains que nous sommes, on n’a pas l’humilité d’accepter nos torts et de repartir et recorriger, on cherche à justifier. Moi l’interprétation que je fais, c’est qu’on veut régulariser quelque chose qui n’est pas régularisable pour pouvoir toujours dire qu’on respecte la légalité », a jugé Me Prosper Farama.
Josué TIENDREBEOGO
Faso7
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