Les avocats du Me Guy Hervé Kam sont revenus, dans la conférence de presse qu’ils ont animée le vendredi, 31 mai 2024 autour du dossier, sur les évènements de ce qu’ils qualifient de « pseudo-liberté ou de simulacre de libération » suivi de « prise d’otage » de l’intéressé, en cette nuit du 29 mai 2024.
Les avocats persistent et signent que les conditions requises pour l’arrestation, la détention, et même l’audition d’un avocat, n’ont jamais été respectées. Et ce, dans une situation où il a été proclamé que le Burkina est dans un Etat de droit, avec un Conseil constitutionnel (même si son fonctionnement est, selon eux, des plus critiquables) et un président qui a prêté serment de respecter la Constitution.
« Dans la nuit du 29 mai, j’ai été alerté par la famille de Me Kam, qui m’a dit : « venez rapidement, venez rapidement à la maison, il se passe quelque chose ». Lorsque je suis arrivé, il était déjà tard. J’ai vu un véhicule, pick-up, fond rouge, qui était en train de partir et la famille criait : « c’est Me Kam, ils sont en train de repartir avec lui », introduit Me Somé Séraphin.
Puis, « J’ai poursuivi le véhicule jusqu’à la section de recherche. J’ai cherché à entrer pour comprendre de quoi il s’agissait, il m’a été empêché de le voir, donc d’entrer dans la cour de la section de recherche de la gendarmerie. Par la suite, il m’a été expliqué comment ça s’est passé pour que Me Kam soit conduit à côté de son domicile, pour être après transféré à un autre véhicule qui l’a conduit à la section de recherche ».
L’avocat livre des détails autour de ces deux actes successifs, à savoir la « libération » suivie de la « reprise » de Me Guy Hervé Kam.
« Comment les choses se sont passées ? Dans la nuit du 29 (mai, ndlr), ses geôliers lui ont présenté un document, disant émaner du directeur général de l’ANR (Agence nationale du renseignement, ndlr), indiquant que c’est lui qui avait ordonné son arrestation et qu’il a donné instructions de le libérer. Et qu’il était donc prié de signer le document qui constate sa libération. Il (Guy Hervé Kam, ndlr) a hésité, il a dit mais il est toujours dans sa planque, il n’est pas considéré comme libéré. On lui a fait savoir qu’il va être libéré : « on va vous conduire chez vous ».
C’est dans ces circonstances qu’il a signé ledit document. Transporté dans un véhicule, et à côté de son domicile, on a appelé son épouse, lui indiquant que son mari est libre, et son épouse cherchait à comprendre comment il est libre et elle ne le voit pas. On lui dit de sortir. Elle est sortie et elle a vu devant le domicile, sur un terrain obscur, deux véhicules qui étaient stationnés. Elle s’y est approchée, et elle a vu Me Kam qui était arrêté, sur le point d’être remis à un autre groupe, que je qualifie de preneur d’otage ; en réalité c’est cela, c’est comme un transfert d’otage à un autre groupe. Donc, il a été remis entre les mains de ce deuxième groupe et ceux qui y étaient se sont présentés comme étant les éléments de la section de recherche de la gendarmerie, chargés de le conduire à la gendarmerie en exécution d’un mandat d’amener du juge d’instruction. Voici ce qui s’est passé cette nuit-là, aux abords du domicile de Me Kam », déroule Me Somé.
Pour le collectif d’avocats, il faut retenir que ce scénario n’honore pas ceux qui l’ont conçu, non plus les institutions du Burkina.
« C’est un film que moi, je qualifie de film de série Z. Mais, comment est-ce que ceux qui ont conçu ce scénario, piètre, peuvent penser que, raisonnablement, Me Kam a pu être libéré ? Comment ? On n’a fait que le changer de main. Autre chose, pourquoi ils ont tenu à l’amener à côté de son domicile ?
On pouvait, de la planque où il était, l’amener directement à la gendarmerie, en exécution de ce qu’ils considèrent comme mandat d’amener ! Nous, nous considérons que ce comportement est tout simplement un acte de torture. Oui ! Une torture morale. Vous dites à quelqu’un : « vous êtes libéré ». On vous conduit chez vous, à côté de votre maison, où après, vous constatez qu’il y a un véhicule qui est-là, pour vous kidnapper et vous conduire ailleurs. Il a même demandé à entrer serrer sa fille. On lui a dit non. Et c’est ça que les concepteurs de ce scénario, piètre-là, imaginent que ça peut constituer une libération. Non, cette parodie n’a pu, en aucun moment, régulariser quoi que ce soit. Rien n’a été régularisé. On est toujours dans l’illégalité la plus totale. On a affaire ici à un citoyen qui, depuis le 24 janvier, a été enlevé, séquestré, et c’est dans cet état de séquestration-là, d’illégalité criarde-là, qu’il a été conduit au juge d’instruction, qui l’a mis en examen et qui l’a envoyé à la MACA (Maison d’arrêt et de correction des armées) », a détaillé sous fond de commentaire également, l’avocat Séraphin Somé, pour qui, l’illégalité qui a émaillé la procédure a corrompu tout.
O.L.
Lefaso.net
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