Société

Burkina Faso : Des téléconseillers de l’ONATEL manifestent contre le licenciement « abusif » de leurs collègues

Le 6 juin 2024, le Syndicat National des Télécommunications section RMO (SYNATEL/RMO) a observé un arrêt de travail pour protester contre le licenciement de leurs collègues par RMO Job Center. Ces licenciements jugés abusifs selon la SYNATEL/RMO ont pour but de saper la lutte du syndicat pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des téléconseillers de l’ONATEL. A contrario, RMO Job Center a estimé que les licenciements sont justifiés, car les téléconseillers ont organisé une manifestation illégale et n’ont pas répondu à une lettre de demande d’explication dans les délais.

Lorsque vous arriviez le jeudi 6 juin 2024 à École Nationale de Télécommunications, les bureaux de travail des téléconseillers étaient vides. Les travailleurs sont en arrêt de travail pour protester contre la décision de RMO Job Center de licencier certains employés, nous apprend-t-on.

Le 13 novembre 2023, le SYNATEL/RMO a adressé à RMO Job Center, une plateforme revendicative en 27 points. Les téléconseillers disent réclamer entre autres une couverture santé/maladie à 100%, une augmentation de salaire, une prime d’ancienneté, une prise en charge en cas d’accident de travail et une prime de rendement.

Auguste Nikiema, SG SYNATEL/RMO

Face au silence de RMO Job Center, la SYNATEL/RMO dit avoir fait une relance le 18 décembre 2023. N’ayant pas reçu de réponse, la SYNATEL/RMO a initié le 31 janvier 2024, une marche pacifique sans cessation de travail pour se faire entendre, selon les responsables du syndicat.

« Après la marche, RMO Job Center nous a rencontrés. Nous pensions qu’on allait vers des négociations. Ils nous ont juste adressé une lettre qui répondait froidement à notre plateforme. Ensuite, ils nous ont adressé des lettres de demande d’explications concernant notre marche qui était pacifique. Ils parlent de sit-in. Nous n’avons pas fait de sit-in. Nous devrions répondre aux lettres dans un délai de 72h. Étant un syndicat, nous avons jugé bon de répondre à la lettre de demande d’explication à travers le syndicat ; une réponse collective des membres. C’est ce qu’on a fait. Nous avons répondu d’une manière commune à leur lettre. Nous avons été surpris qu’hier, un huissier vienne de la part de l’employeur pour adresser des lettres de licenciement sans préavis à des collègues. Nous avons dit non. Si ça doit aller comme ça, nous arrêtons le travail », a expliqué Auguste Nikiema, SG SYNATEL/RMO.

À entendre, Auguste Nikiema, si l’employeur ne revient pas sur sa décision, il n’y aura pas de reprise de travail. « Quand on regarde la réponse que l’employeur nous a envoyée, il a balayé d’un revers de la main tout ce que nous avons demandé sur notre plateforme. Nous avons l’impression qu’ils n’ont rien compris de nos revendications (…). Depuis ce matin, RMO n’est pas venu à notre rencontre. Ils sont venus faire un constat. Il faut que l’employeur revienne à de meilleurs sentiments, sinon nous n’allons pas travailler. Pas de travail, s’il n’y a pas un dénouement heureux concernant cette situation. Pour nous, il n’est pas question qu’on licencie des collègues. Nous n’allons pas l’accepter ni aujourd’hui ni demain », s’est-il exclamé.

Que dit RMO Job Center?

Selon le premier responsable de RMO Job Center, Abdramane Séré, joint au téléphone, le licenciement des employés se justifie par le fait que la manifestation dite pacifique organisée par le SYNATEL/RMO est un mouvement illégal. Selon Abdramane Sere, « le sit-in est une occupation anarchique des lieux et des abords de l’entreprise. Il s’agit d’une obstruction des voies d’accès pour le personnel de l’entreprise et d’une violation des dispositions légales et réglementaires sur le droit de grève ».

A écouter Abdramane Sere, concernant la lettre de demande d’explication que la SYNATEL/RMO a déclaré envoyer de façon collective, elle a été envoyée hors délai. La réponse n’a pas été transmise dans les 72h00 conformément à ce qui est mentionné dans la lettre. Ce qui constitue une faute selon lui. « Il faut noter que c’est un mouvement illégal. Comment qualifier ces manquements et quelles sont les sanctions prévues par les dispositions en la matière ? Doit-on encourager les mouvements illégaux qui sont tenus sans le non-respect des dispositions légales », questionne-t-il.

Joint au téléphone, ce vendre 7 juin 2024, l’un des employés a indiqué qu’ils n’ont pas repris le travail et que les lettres de licenciements continuaient à venir. Selon lui, à ce jour, ce sont 16 travailleurs qui ont été notifiés de leur licenciement par leur employeur RMO Job Center.

A la question de savoir s’ils comptent saisir les autorités judiciaires pour défendre leurs droits, les travailleurs disent se référer à la base, notamment le SYNATEL.

Faso7

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