Economie

Burkina / Préparatifs de la Tabaski : Pour le moment, les clients se font rares

La fête de l’Aïd-el-kebir ou Tabaski sera célébrée le dimanche 16 juin 2024 au Burkina Faso par les musulmans. À cinq jours de la fête, l’engouement au marché à bétail de Tanghin n’est pas au rendez-vous. Les clients se font rares, pour le moment. Constat !

Mardi 11 juin 2024, il est 12 heures. Nous faisons notre entrée au marché à bétail de Tanghin, l’un des plus grands points de vente de la capitale burkinabè. À quelques jours de la fête de l’Aïd-el-kebir ou Tabaski, ce marché draine un nombre important de bovins et d’ovins. L’accès de chaque animal en ce lieu est soumis à un paiement d’une taxe de 300 francs CFA. Egalement, un animal ne sort du marché sans vérification au préalable. L’ambiance bat son plein en cette journée. Pour un mouton digne de la fête musulmane de Tabaski en souvenir du sacrifice d’Abraham, les prix oscillent entre 95 000 et 125 000 francs CFA, voire plus. Marchands de bétail, revendeurs et clients essayent, chacun, de tirer son épingle du jeu.

Cela fait cinq ans que Oumarou Ouédraogo est vendeur de bétail. Ce métier lui apporte satisfaction, selon ses dires. Depuis l’annonce de la fête, il écoule, par jour, entre 20 et 50 têtes de moutons. Un petit calcul mathématique permet d’affirmer sans se tromper que ce business rapporte à ce commerçant. Les animaux de notre interlocuteur proviennent du Niger. « Avant, on faisait venir facilement les animaux d’une localité à une autre. Malheureusement, depuis quelque temps, il y a des zones qui sont difficiles d’accès du fait de l’hydre terroriste », explique-t-il comme pour justifier la flambée constatée du prix des moutons sur le terrain.

Entouré de moutons, Ousmane Maïga est originaire de Seytenga. Notre respect pour lui grandit lorsqu’il nous raconte son histoire. M. Maïga est un déplacé interne. Il a fui l’insécurité pour se réfugier à Dori. Et pour subvenir aux besoins de sa famille, il a bravé le danger, avec d’autres concitoyens, pour rallier Ouagadougou dans le but de vendre ses moutons. Le trafic étant risqué sur l’axe Dori-Kaya, sans un convoi escorté par l’armée burkinabè, ils ont rallié Ouagadougou en passant par Bogandé, Piela, Pouytenga, à bord d’un camion. Le marchandage de ses moutons se fait dans la fourchette de 60 à 200 000 francs CFA. Lui qui prévoit fêter la Tabaski auprès des siens à Dori espère faire de bonnes affaires à Ouagadougou, pour le bonheur de sa famille.

Le marché n’est pas aussi satisfaisant pour tous les vendeurs de bétail comme Oumarou Ouédraogo. Adama Confé, de son côté, regrette la morosité du marché. Mais celui-ci ne désespère pas pour autant. « Pour le moment, ça ne marche pas, mais d’ici vendredi, les choses peuvent changer. Les gens aiment faire leurs achats à la dernière minute », se convainc-t-il.

Au milieu du bétail et des vendeurs, nous accostons quelques clients qui ont fait leur appréciation en ce qui concerne les prix des moutons. Harouna Sanfo était en plein marchandage, après que nous prenions congé de M. Confé. « Je veux ces trois moutons au prix unitaire de 100 000 francs », dit-il au vendeur, soulignant que « c’est (son) dernier prix ». « Monsieur essayez d’ajouter. Vous ne voyez pas qu’ils sont bien dodus. On peut vous vendre l’unité à 130 000 francs CFA », répond immédiatement le vendeur. Après de longs échanges, M. Sanfo qui trouve le prix au-delà de son budget, décide d’aller voir ailleurs. Nous le suivons dans son périple qui a duré près d’une heure d’horloge. Finalement, sa patience a payé. Tout heureux, il repart avec cinq moutons. Le Cheick de Somgandé, Oumarou Rasmané Kiema, est également à la recherche de moutons pour la fête de Tabaski au moment de notre passage dans ce marché de bétail. Vêtu d’un ensemble Bazin bleu, barbu, il attirait l’attention des commerçants. Nous hésitons à plusieurs reprises avant de l’aborder. Réceptif, Cheick Kiema nous explique l’importance pour tout croyant musulman qui a les moyens, précise-t-il, de procéder à l’abattage rituel d’un mouton à l’occasion de l’Aïd-el-Kebir. Pour lui, l’immolation du mouton est en souvenir du geste de soumission et d’adoration profonde d’Ibrahim qui, sous ordre divin, a voulu sacrifier son fils Ismaël. « Cet acte spirituel est inclus dans le pèlerinage annuel à la Mecque, qui est lui-même un des cinq piliers de l’islam », précise-t-il. Pour cette année, il trouve les coûts des moutons relativement chers.

Sur le terrain, le manque d’hygiène, l’étroitesse du cadre, l’alimentation des animaux, sont, entre autres, les difficultés majeures soulevées par les commerçants du marché de bétail de Tanghin à qui nous avons tendu notre micro.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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