Transition au Burkina Faso : Les attentes des populations à Bobo-Dioulasso
Les forces vives de la nation ont décidé lors des dernières assises nationales de prolonger la transition de 60 mois. Des élections devront donc être organisées dans 5 ans à compter du 2 juillet 2024. Cependant, certaines organisations telles que le SOCL estiment que les élections doivent se tenir conformément à ce qui était prévu dans la charte de la transition avant les assises nationales du 25 mai 2024. On peut se poser la question de savoir comment organiser les élections dans le contexte actuel ? Des organisations de la société civile à Bobo-Dioulasso ont donné leurs points de vue les 3, 4, 5 et 6 juin 2024.
Pour la majorité des organisations de la société civile de Bobo-Dioulasso, il n’est pas question de parler d’organisation d’élection au Burkina Faso tant que certaines localités du pays seront toujours sous la menace terroriste. Pour ces organisations, même si le contexte sécuritaire s’est amélioré, il serait difficile, voire impossible d’organiser des élections libres, démocratiques, inclusives et transparentes dans le contexte actuel.
« Il faut que la situation sécuritaire du pays soit stable pour que tous les Burkinabè puissent voter, car il n’y a pas de super Burkinabè. Tout le monde a son droit de vote », déclare Abdoul Karim Samandoulgou, Secrétaire général de la coordination nationale de la veille citoyenne au niveau du Houet.
Par ailleurs, pour ces organisations, même lorsque viendra le moment d’organiser les élections, des conditions doivent être posées. La première condition pour elles, est l’acceptation de la candidature de l’actuel président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré. L’autre condition est en lien avec la lutte contre le terrorisme. « Lors des élections, celui qui voudra poser sa candidature doit au préalable avoir participé à la lutte contre le terrorisme, à l’effort de guerre, au soutien des autorités de la Transition », insiste El Hadj Moustafa Ouédraogo, conseiller des acteurs de la veille citoyenne à Bobo-Dioulasso.
« Lors des élections, celui qui voudra poser sa candidature doit au préalable avoir participé à la lutte contre le terrorisme » (El Hadj Moustafa Ouédraogo) -©Faso7
Les organisations de la société civile de Bobo-Dioulasso estiment que celui qu’elles décrivent comme étant leur champion, notamment le Capitaine Ibrahim Traoré, bien que n’étant pas issue d’une élection, pose des actes qui répondent à leurs aspirations. « En moins de 21 mois, ce qu’il a fait, beaucoup n’ont pas fait ça en deux mandats, en trois mandats, en quatre mandats », argue Bernabé Kébé, les yeux pétillants.
Si l’organisation des élections n’est pas la priorité du moment, qu’attendent les Bobolais des autorités durant les cinq prochaines années accordées à la Transition ? « Moi, ma priorité, c’est la refondation. Il y a trop de complices à tous les niveaux. Au niveau de toutes les institutions, il y a du sabotage. (…) Ça fait combien de tentatives de coup d’État ? Aujourd’hui, ce que nous disons à ceux qui font le sabotage, c’est d’arrêter », répond Alhassane Konaté, président du mouvement « Rien ne Vaut la Patrie ».
Abdoul Karim Samandoulgou rencontré à nouveau devant le Palais de la Culture de Bobo-Dioulasso, suggère que des actions fortes soient entreprises pour le développement économique, notamment dans les secteurs de l’agriculture et de l’énergie. « Imaginez quelqu’un qui a une petite usine de transformation de mangue et puis il n’y a pas d’électricité. Il faut que le Gouvernement travaille à ce que l’on puisse avoir de l’énergie pour pouvoir produire plus », soutient-il.
« Nous souhaitons donner une opportunité au Capitaine Ibrahim Traoré » (Emmanuel Dah)-©Faso7
Des acteurs de la veille citoyenne à Bobo-Dioulasso rencontrés du côté de la Place Tiéfo Amoro, le 5 juin 2024 à 22h, pensent par ailleurs que durant les 5 années à venir, la Transition dirigée par le Capitaine Ibrahim Traoré doit renforcer la lutte contre le terrorisme. « Nous souhaitons donner une autre opportunité au Capitaine Ibrahim Traoré d’abattre encore son travail. Lui-même a dit qu’en 10 ans, il veut faire du Burkina un Eldorado », déclare tout haut Emmanuel Dah.
Tout en exprimant son souhait de voir le président du Faso poursuivre la dynamique qu’il a enclenchée, Awa Kassamba pense qu’il doit penser à sa propre sécurité. « Ce que je demande à Ibrahim Traoré aujourd’hui en tant que mère, en tant que femme, c’est de sécuriser d’abord sa vie, parce qu’il est en danger. Mais nous n’allons pas dormir. Nous veillons sur lui », déclare-t-elle sur un ton maternel.
Il faut noter que la veille citoyenne à Bobo-Dioulasso est composée entre autres de membres d’OSC, de politiciens reconvertis et de citoyens n’appartenant à aucune organisation. Techniquement, elle est opérée en deux volets, notamment la veille tournante et la veille permanente. Au niveau tournant, les acteurs de la veille citoyenne organisent de grands rassemblements à tour de rôle dans les différents arrondissements de la commune de Bobo-Dioulasso. D’autres se retrouvent en permanence sur les grands carrefours de la ville pour veiller. « On n’a pas les moyens. Mais comme c’est un engagement patriotique, certains viennent ici à pied, certains se remorquent », fait comprendre Guira Oumarou.
« Ceux qui veillent là, ce sont des pères et des mères de famille » (Alhassane Konaté) -©Faso7
Alhassane Konaté, du mouvement « Rien ne Vaut la Patrie » , estime qu’il faut redynamiser la veille citoyenne à Bobo-Dioulasso par la formation et l’ouverture de projets au profit des membres. « Ceux qui veillent là, ce sont des pères et des mères de famille. Ils ont besoin de se développer et de développer autour d’eux. Il faut leur donner les conditions du développement endogène. Il faut développer des projets, il faut avoir des initiatives de formation. Il faut formaliser cette veille citoyenne. Que l’on sache comment ça se fait et qui fait quoi », propose-t-il.
Quant à Blaise Hien, président de la Coalition Faso Dèmè, il est convaincu que la population doit accompagner les autorités de la Transition. « C’est à nous de faire le travail pour montrer à l’international que nous sommes un peuple discipliné qui accompagne notre leader, le Capitaine Ibrahim Traoré, à qui on a décidé de confier la gestion du Burkina Faso. On a dit qu’on veut un président qui travaille. On a eu un président qui travaille. On doit l’accompagner », fait-il comprendre.
Josué TIENDREBEOGO
Faso7
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