Burkina/ Vente en ligne : Pour les commerçants, les réseaux sociaux sont devenus un carrefour
Grâce à Internet, les individus et plus particulièrement les jeunes, ont la possibilité de faire du commerce en ligne et d’avoir une source de revenus. Cependant, ils sont confrontés à plusieurs difficultés.
Selon les chiffres du rapport du Datareportal 2024 publié le 26 février de la même année , le Burkina Faso comptait 4,69 millions d’utilisateurs d’Internet en fin janvier 2024.
L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) estime que 17,8 millions de personnes ont accès à l’internet fixe et mobile dans le pays. Le Burkina Faso compte 11,9 millions d’abonnés à l’Internet mobile haut débit (3G et 4G), 85.791 abonnés à l’internet fixe haut débit et 73.180 abonnés à la fibre. Les utilisateurs actifs des réseaux sociaux sont entre 2,9 millions à 3,4 millions en janvier 2024. Le réseau social le plus utilisé est Facebook (2,85 millions d’utilisateurs à fin janvier 2024). S’en suit Instagram avec 168 000 utilisateurs. Le réseau social Tiktok est également très prisé.
Les réseaux sociaux sont donc devenus un carrefour pour les commerçants qui vont à la recherche de la clientèle. La location d’une boutique physique n’est pas à la portée de tous. C’est pourquoi, certains ont fait le choix de vendre exclusivement en ligne.
Zalissa Nana a développé la fibre entrepreneuriale très tôt. Elle est éleve. Cela fait trois ans qu’elle propose des tenues confectionnées et des accessoires de mode (sacs à main, perruques, etc.)
Grâce aux réseaux sociaux et à WhatsApp elle a pu attirer des clients. « La vente des habits a toujours été une passion pour moi. J’aime vendre les vêtements depuis l’âge de 12 ans. J’aidais mes parents à vendre et lorsque je partais à l’école, je vendais plusieurs types de produits. Cela m’a motivé à faire le commerce en ligne par la suite », a relaté Zalissa Nana.
Elle s’est confiée sur les mésaventures liées à la vente en ligne. « On rencontre toutes les catégories de clientes. Certaines remontent le moral et d’autres donnent des maux de tête. Je respecte mes clientes donc je ne laisse aucune d’entre elles me rabaisser. Mes articles sont sur commande. Je prends toujours une avance. A la livraison, la cliente paye le reste de l’argent. Figurez-vous qu’il y a des clientes qui vont voir les prix, mais elles vont venir encore te demander combien coûte l’article. Il y a celles qui vont te mettre en confiance. Elles vont donner la moitié de l’argent à la commande. Une fois qu’elles récupèrent les tenues, elles ne remboursent plus le reste de l’argent. Tu vas les relancer en vain, mais elles ne répondent plus. Je refuse d’être naïve. Désormais, si la cliente ne donne pas le reste de mon argent, je demande au livreur de revenir sans lui remettre l’article », a laissé entendre Zalissa Nana.
Sandia fait du commerce depuis sept ans. Elle propose des articles féminins de qualité supérieure tels que des sacs à main, des chaussures, des vêtements et bijoux, etc. Elle a confié qu’avec le temps, elle a été obligée d’être intransigeante à cause des agissements de certaines clientes.
« Souvent, des clientes vont lancer la commande sans donner une avance. Avant j’acceptais, mais maintenant je refuse catégoriquement de lancer la commande chez le fournisseur si elles ne donnent pas d’avance. Auparavant, des clientes faisaient la promesse de remettre l’argent une fois le colis reçu. Lorsque je passe la commande, elles disent qu’elles ont finalement eu un imprévu et qu’elles ne vont plus prendre la commande. Elles disent de patienter et de garder les accessoires ou vêtements. Tu vas les garder pendant des mois. Elles disent que d’avoir confiance, de ne pas avoir peur. Elles font la promesse que si l’argent vient, elles vont me faire un dépôt par mobile money. Alors que j’ai besoin de l’argent pour passer d’autres commandes. Cela ralentit mon business. C’est très énervant de vivre une telle situation. Souvent je m’énerve et je leur dis mes vérités. On fait la bagarre et après elles reviennent », a-t-elle expliqué.
Sandia a fait savoir que certaines clientes n’ont pas encore soldé leurs dettes. Elle garde en mémoire une cliente qui lui doit de l’argent depuis 2022. « Mon argent est toujours dehors », s’est-elle indignée.
Au regard des agissements de certaines de ses clientes, elle a décidé d’adopter des règles strictes. La première, les clientes ne peuvent plus prendre ses articles sans avoir payé la totalité de la somme. La seconde, il faut automatiquement une avance avant que la commande soit lancée chez le fournisseur.
Ne pas avoir de boutique physique, un désavantage
Autre difficulté, Zalissa Nana et Sandia ont fait la confidence qu’elles ont perdu plusieurs clientes. Lorsqu’elles sont contactées, des potentielles clientes font annuler leurs commandes parce qu’elles n’ont pas de boutiques physiques. Elles pensent qu’il s’agit d’arnaqueurs ou encore que les articles ne sont pas de qualité.
Elles ont également fait savoir que certains de leurs fournisseurs n’envoient pas les marchandises qui sont sur les photos. Cela peut créer des incompréhensions avec des clientes allant même jusqu’au remboursement.
A ceux qui veulent se lancer dans la vente en ligne, Zalissa Nana et Sandia leur ont conseillé de fixer des règles avec les clients. Il faut toujours prendre une avance et s’assurer de prendre l’entièreté de la somme d’argent avant la livraison définitive. Toutes les deux nourrissent l’ambition d’ouvrir des boutiques physiques dans les mois à venir.
SB
Lefaso.net