Journées de la transformatrice de mangue : La contribution des femmes dans la transformation, au cœur de la première édition
Le Professionnel de la transformation de la mangue du Burkina Faso (PTRAMA-BF) organise, en collaboration avec Agrodev services, la première édition des Journées de la transformatrice de mangue du Burkina. Cette édition se tient les 18 et 19 juillet 2024 à la maison de la culture de Bobo-Dioulasso sous le thème : « Contribution des femmes dans la transformation de la mangue : état des lieux, stratégies et perspectives ». L’ouverture des travaux a eu lieu ce jeudi 18 juillet.
Une centaine de personnes prennent part à ces Journées de la transformatrice de mangue du Burkina. Il s’agit, entre autres, des autorités administratives ; des organisations professionnelles féminines de la filière mangue ; des organisations professionnelles de la transformation de la mangue ; les faîtières des SCOOP et associations des acteurs de la filière ; les partenaires au développement ; les structures techniques des ministères en charge du commerce, de l’agriculture, de l’environnement, des finances, du genre, de la recherche scientifique ; la population de Sya et des communes environnantes ; etc.
Les Journées de la transformatrice de mangue du Burkina visent à créer ainsi un cadre d’expression pour ces milliers de femmes promotrices et employées d’unités de transformation de mangue. Elles sont placées sous le thème : « Contribution des femmes dans la transformation de la mangue : état des lieux, stratégies et perspectives ». A travers cette édition, le PTRAMA veut valoriser la position de la femme dans la filière mangue du Burkina Faso.
Plus spécifiquement, les deux jours de travaux vont permettre un partage d’expériences entre les actrices impliquées dans les chaînes des valeurs mangue du Burkina Faso ; favoriser l’adoption des mesures d’accompagnement des femmes impliquées dans la transformation de la mangue au Burkina Faso et de stimuler le leadership féminin dans les unités de transformation ainsi que la création de nouveaux emplois destinés aux femmes. Le choix des Hauts-Bassins pour abriter cet évènement n’est certainement pas fortuit. Il découle du fait que cette région est le premier producteur de la mangue du pays, avec une production estimée à 181 546 tonnes, suivie des Cascades avec 38 400 tonnes.
Les femmes au cœur de la filière mangue
Selon les statistiques du PTRAMAB, la production de la mangue du Burkina représente plus de 25% de la production ouest-africaine et constitue plus de la moitié de la production nationale de fruits. La filière emploie plus de 28 000 personnes avec un fort potentiel de transformation dominé par le séchage à 95%. Ainsi, le pays demeure le premier producteur mondial de mangue séchée biologique et premier producteur sous régional de mangue séchée. Selon la même source, la transformation de la mangue a créé, en 2023, une valeur brute estimée à plus de 15 milliards de FCFA dont plus de 10 milliards de FCFA par la mangue séchée et plus de 5 milliards de FCFA par la purée.
On note aussi que 84% des employés des unités de séchage sont des femmes, mais seulement moins de 20% des unités de transformation sont détenues par des femmes. Les activités de conditionnement sont quasiment menées par le personnel féminin. Par ailleurs, les femmes représentent pratiquement 100% des détaillants de mangue et produits dérivés de mangue. Toutefois, malgré leur nombre, les femmes ne représentent que 21% des emplois permanents dans les unités de transformation. Une situation qui impacte également la répartition des revenus tirés de la transformation. C’est fort de ce contact que le PTRAMA a estimé qu’il était primordial de mener des actions de reconnaissance de l’importance de la femme dans la filière, particulièrement dans la transformation de la mangue.
D’où l’initiative d’organiser, pour la première fois et avec l’accompagnement d’Agrodev services, les Journées de la transformatrice de mangue du Burkina Faso. « Les femmes sont indéniablement au cœur de la transformation de la mangue au Burkina, d’où la nécessité de mettre en lumière leur impact et leurs différentes actions au sein du maillon transformation », a reconnu le président du professionnel de la transformation de la mangue du Burkina, Soumaila Ouattara. Il a affirmé que l’organisation de ces journées qui visent à valoriser la position de la femme dans la filière mangue est une nécessité.
Ces journées, dit-il, vont permettre aux acteurs de se pencher sur les défis de ces femmes ainsi que les perspectives futures, afin d’améliorer aussi bien leur conditions de travail que de vie pour leur plein épanouissement. « A travers ces journées, nous voulons rendre hommage à toutes ces femmes qui travaillent dans les unités de transformation, pour faire connaître leurs activités et surtout pour les magnifier pour ce qu’elles apportent au développement de la filière, notamment le côté transformation. Ce sont elles qui font l’essentiel du travail, et c’est pourquoi nous avons initié ces journées pour les mettre en avant. Mais aussi permettre à celle qui sont déjà dans le domaine, qu’elles puissent partager aussi leurs expériences avec les autres, afin de susciter des vocations d’autres femmes leaders », a-t-il dit.
Plusieurs activités vont meubler ces deux jours de travaux, à savoir des panels et communications en lien avec le thème de cette édition. Ces communications ouvrirons des débats sur l’apport de la femme à l’activité de transformation et sur comment accompagner ces femmes pour qu’elles puissent mieux contribuer au développement de la filière. Il y aura une communication de la Caisse populaire sur les opportunités de financement dans le secteur de la filière mangue, etc. La cérémonie d’ouverture des travaux était placée sous la présidence du gouverneur de la région des Hauts-Bassins, représenté par son conseiller technique, Boubié Ido, qui a salué l’organisation de cette activité.
L’initiative de l’activité saluée à sa juste valeur
« L’organisation de ces journées est une très belle initiative en ce sens qu’elles visent à promouvoir la filière, notamment la chaîne de transformation qui est une chaîne de plus-value. C’est elle qui permet de créer plus d’emplois, plus de richesses, au profit de ces braves femmes. Nous saluons ainsi les organisateurs de ces journées qui vont permettre de poser la réflexion pour que sortent de bonnes idées qui permettront de réserver de beaux jours à cette filière de transformation », a-t-il indiqué.
Cette édition est co-marrainée par Alice Riouall/Diallo et Sarata Bostal, deux figures incontournables de la mangue au Burkina Faso. Prenant la parole au nom des marraines, madame Riouall, directrice générale de l’entreprise Mango-so, a d’abord invité les femmes à persévérer, tout en prenant exemple sur son cas. « Étant moi-même partie de rien, je souhaite partager mon expérience avec les femmes afin qu’elles comprennent que ce rêve de réussite est accessible à toutes, à condition de s’en donner les moyens. Je suis partie de volontaire à chef d’entreprise aujourd’hui. Donc il y a de la place pour tout le monde et il va falloir que chaque femme accepte de travailler dur », a-t-elle partagé.
Elle ne manque pas de souligner les difficultés rencontrées avec la filière. En effet, malgré le potentiel indéniable de la transformation et l’accompagnement de l’Etat, les acteurs font face à des défis qu’ils doivent surmonter. Bien que le Burkina Faso soit leader en matière de production de mangue séchée bio, les difficultés liées à la qualité, au coût de l’énergie, la concurrence et la baisse de la demande sur les marchés traditionnels de l’Europe, pour ne citer que cela, sont des éléments qui pourraient s’avérer préjudiciable dans le futur. Elle invite ainsi le gouvernement à jeter un regard sur la transformation.
« Il faut que les femmes se fassent entendre davantage au niveau du gouvernement parce que nous rencontrons beaucoup de difficultés dans la filière mangue. Cette année nous n’avons travaillé que deux mois. Nous n’avons pas atteint nos objectifs et nos clients ne sont pas satisfaits. Nous sommes inquiètes pour la campagne prochaine. C’est pourquoi nous saisissons cette occasion pour inviter les autorités à jeter un regard sur l’activité de la transformation de la mangue car elle est porteuse », a-t-elle laissé entendre. Avant d’adresser ses remerciements aux organisateurs dont le PTRAMAB et l’Agrodev services ainsi que tous les acteurs qui accompagne l’organisation de ces journées.
A l’issue de la cérémonie d’ouverture des travaux, les officiels ont saisi l’occasion pour visiter les exposition-ventes des produits de la mangue ainsi que des technologies y relatives.
Romuald Dofini
Lefaso.net