Le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla, a reçu, en audience, le nouvel ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Burkina Faso, Dietrich Becker, ce vendredi 19 juillet 2024, à Ouagadougou. Au cours de cette rencontre de prise de contact, les deux personnalités ont abordé les domaines de coopération qui lient les deux pays et les perspectives, mais également des questions d’actualité.
C’est dans un langage franc et amical que s’est déroulée la première rencontre entre le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla, et le nouvel ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne, au Burkina Faso, Dietrich Becker.
Durant cette prise de contact qui a permis aux deux personnalités de faire connaissance, plusieurs sujets ont été abordés.
Dans le cadre des relations bilatérales, le diplomate a fait savoir que l’Allemagne intervient dans le domaine de la formation professionnelle où plusieurs jeunes burkinabè sont formés.
Pour ce qui est de l’énergie solaire, le diplomate a mentionné qu’il faut un engagement dans ce domaine car il offre beaucoup de possibilités.
En ce qui concerne la culture, le Chef du Gouvernement a espéré voir l’Allemagne accompagner des manifestations comme la SNC, le FESPACO, le SIAO, etc.
Au cours des échanges, la question sécuritaire a été aussi abordée, et le diplomate a questionné la présence russe sur le sol burkinabè.
A cela, le Premier ministre a répondu que le soutien de la Russie et d’autres partenaires tient au fait que les pays Occidentaux ont refusé d’aider le Burkina Faso.
« A notre arrivée au pouvoir, nous avons demandé d’avoir des armes auprès de nos partenaires traditionnels, mais ceux-ci ont refusé de nous accompagner. L’Allemagne a refusé de nous soutenir au niveau de la formation militaire. La France a fait un blocus sur l’achat de nos armes. Seuls les Russes, les Chinois, les Turcs…ont accepté de nous aider. C’est dans les difficultés qu’on reconnaît ses vrais amis. Quand on achète des armes avec la Russie, on a nécessairement besoin des instructeurs russes pour nous apprendre à les utiliser, d’où la raison de leur présence. Il n’y a pas que les Russes, il y a aussi les Chinois, les Turcs, etc. Ils travaillent dans des domaines spécifiques. Nous prenons dans chaque partenaire ce que nous voyons de bon », a-t-il soutenu.
Pour le nouvel ambassadeur, la réticence de l’Allemagne a vendre des armes a une explication historique.
« Après la deuxième guerre mondiale, on a décidé de ne plus envoyer des soldats allemands sur les théâtres d’opération, sauf dans le cadre de l’OTAN. Il nous est difficile d’envoyer l’armée allemande en Afrique ou de vendre des armes. L’opinion allemande ne le comprendrait pas. Ce n’est pas à nous de faire la guerre en Afrique « , a-t-il expliqué.
A une remarque de l’ambassadeur Dietrich Becker concernant l’utilisation des armes russes par les terroristes, le Premier ministre a été catégorique en pointant du doigt l’implication de la France.
« Les Français, par intermédiaire, peuvent acheter les armes russes et les revendre aux terroristes pour détourner l’attention. La France livre les armes qu’elle ne fabrique pas pour faire croire qu’elle n’est pas impliquée. Nous avons mis du temps pour voir le rôle direct de la France dans cette crise », a-t-il ajouté.
Selon l’ambassadeur de l’Allemagne, les Occidentaux ont commis beaucoup de fautes tout au long de l’histoire.
« C’est un peu tragique. Nous savons que le colonialisme a un impact trop grand et qu’il faut changer cela », a-t-il affirmé.
Il a, en outre invité le Burkina Faso à régler son rapport avec la CEDEAO.
A cette requête, le Premier ministre a été on ne peut plus clair « Nous avons quitté la CEDEAO. Nous sommes désormais engagés dans la confédération de l’AES qui constitue un grand marché. Nous espérons que l’Allemagne sera un partenaire fiable pour l’AES. Nous apprécions votre politique de non ingérence dans les politiques intérieures des pays », a déclaré Dr Kyélem de Tambèla.
En retour, le diplomate a pris acte de la volonté des pays de l’AES de s’organiser en confédération.
« La souveraineté du Burkina Faso est sacrée pour l’Allemagne. C’est la base de notre partenariat. Nous respectons la volonté de souveraineté du Burkina Faso. Nous avons intérêt à ce que le Burkina Faso soit stable », a dit le nouvel ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Burkina Faso, Dietrich Becker.
DCRP/Primature