Planning familial au Burkina Faso : Les résultats du 10e round du PMA rendus publics
Le projet Performance monitoring for action (PMA) a bouclé son 10e round de collecte de données effectuée par l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP). Les résultats de ce 10e round ont été présentés, ce mardi 30 juillet 2024 dans les locaux de l’ISSP, lors d’un atelier de dissémination.
Lors de cet atelier, les acteurs de la santé, de la société civile, les chercheurs ainsi les partenaires techniques et financiers ont pu se rendre compte de la situation préoccupante de l’utilisation des méthodes de contraception au Burkina Faso au regard de plusieurs difficultés.
Selon les résultats de l’enquête menée de décembre 2023 à février 2024, le taux de prévalence contraceptive moderne (TPCm) par les femmes en union est de 28%. Une baisse est à constater après plusieurs années de croissance, selon l’enquête.
Par ailleurs, l’enquête révèle que 12% des utilisatrices de méthodes contraceptives modernes font recours aux méthodes à longue durée d’action. Une baisse est également à constater à ce niveau.
Des résultats sur la qualité des services de PF
L’étude révèle aussi que les ruptures récentes de stocks de l’implant et de l’injectable ont augmenté entre février 2022 et février 2024 dans les sites de prestation de santé publics. Par contre, les ruptures de stocks de la pilule et du préservatif masculin sont restées quasiment stables.
Pour ce qui est des résultats sur la qualité des services de la planification familiale (PF), le 10e round du PMA révèle entre autres que plus d’une cliente de PF sur quatre (26%) estiment avoir eu l’impression de ne pas comprendre comment leur corps peut réagir à la méthode après la consultation du jour. Aussi, plus d’une cliente de PF sur cinq (22%) estiment qu’elles ne se sont pas senties encouragées par le prestataire à poser des questions et à exprimer des préoccupations pendant la consultation du jour. L’autre résultat sur la qualité est que plus de deux tiers (67%) des clientes de PF pensent que la plupart des membres de leur communauté pensent que les femmes sont traitées avec respect dans les établissements de santé.
L’un des meilleurs taux en Afrique
A noter que les données de ce 10e round du PMA Burkina Faso ont été collectées auprès de 5 306 ménages et 6 089 femmes âgées de 15 à 49 ans ont été enquêtées. Pour le Dr Georges Guiella, directeur adjoint de l’ISSP et investigateur principal du projet PMA-BURKINA, malgré les différentes baisses constatées, les résultats de cette enquête sont à saluer.
« Nous connaissons des difficultés depuis quelque temps, ce qui a affecté les indicateurs de santé de manière générale. (…) Malgré le fait qu’on a vu un fléchissement au cours de ces dernières années, ce taux (NDLR, 28%) là reste l’un des meilleurs en Afrique de l’Ouest, sinon le meilleur. C’est dire qu’il y a de la résilience pour le travail qui est effectué au quotidien sur le terrain », a-t-il indiqué.
Représentant le secrétaire général du ministère en charge de la santé lors de la cérémonie de présentation des résultats du 10e round du PMA, Dr Euphrasie Adjami/Barry, a aussi tenu à exprimer sa satisfaction concernant les résultats engrangés, malgré le contexte sécuritaire difficile que traverse le Burkina Faso. « Les résultats auraient pu être pires, mais là, nous tenons encore. Nous allons revoir nos stratégies », a-t-elle laissé entendre.
Cri de cœur du Dr Georges Guiella pour la poursuite de la plateforme
Les données collectées dans le cadre du projet Performance monitoring for action (PMA) ont permis, pendant 10 ans, de prendre des décisions en matière de santé de la reproduction au Burkina Faso. Il s’agit par exemple de l’utilisation de la prévalence contraceptive moderne mesurée par PMA comme niveau de référence dans le Plan national de développement économique et social (PNDES-|) du Burkina Faso, l’utilisation des données de l’étude COVID-19 de PMA dans le cadre du Forum national sur la COVID-19 et la prise en compte des résultats de PMA dans les annuaires statistiques de santé de 2017 à 2022, ainsi que dans le rapport sur l’état de santé de la population 2019 du Burkina Faso.
Le financement dont bénéficie le projet de la part de la Fondation Bill et Melinda Gates prendra fin en septembre 2024, c’est-à-dire que le 10e round du PMA Burkina Faso est le dernier. Au regard de l’importance de cette plateforme, le Dr Georges Guiella a lancé un cri de cœur pour sa poursuite.
“Ce 10e round est donc le dernier. En l’absence d’autres sources de financement, la plateforme ne pourra donc plus collecter de données. Une telle situation créera une rupture dans la cadence de production des données et impactera sans doute le suivi des indicateurs clés qui se faisait annuellement avec les données de PMA depuis 2014. C’est pourquoi je voudrais profiter de ces instants pour lancer un cri de cœur à tous les partenaires afin qu’ils usent de leurs attributions et pouvoirs pour faire un plaidoyer au plus haut niveau pour la poursuite de cette plateforme”, a-t-il exhorté.
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