Le 7 août 1960, Houphouët, partisan de la Communauté, proclame l’indépendance de la Côte d’ivoire malgré lui (commentaire)
Ouagadougou, 07 août 2024 (AIB) – Houphouët-Boigny, défenseur reconnu de l’égalité des droits entre les Noirs exploités et leurs maitres colonialistes Français, n’était pas pour l’indépendance des colonies mais faute d’avoir rallié les leaders indépendantistes au projet gaulliste de la Communauté franco-africaine, il proclama à contrecœur l’indépendance de la Côte d’Ivoire le 7 août 1960.
Sentant l’empire français d’Afrique se disloquer sous la pression des leaders indépendantistes, le Général De Gaulle soumet aux Africains l’idée de Communauté, introduite dans la constitution française de 1958. Ce projet se propose de donner aux Africains, en tant que peuple, les mêmes droits que les Français. Les colonies auront alors un statut d’Etat autonome, mais sans les attributs d’un Etat digne, c’est-à-dire, sans pouvoir décider des questions de défense, de politique étrangère, économique, de monétaire et même des matières premières.
Félix Houphouët qui avait déjà défendu les droits des planteurs et qui s’était élevé contre les travaux forcés, croit immédiatement en ce projet de Communauté, en devient un fervent défendeur et bat campagne auprès des autres leaders de l’Afrique occidentale française au profit du «oui» au référendum organisé en 1958. Seul le Guinéen Sékou Touré a dit non au projet, préférant la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage.
Et quand bien même les autres dirigeants comme Maurice Yameogo ou Modiba Kéita ont fini par s’aligner derrière le leader ivoirien, ils n’étaient pas si convaincus. En tous les cas, la création de la Fédération du Mali en avril 1959 avec à son bord le Mali, le Burkina Faso, le Bénin et le Sénégal donnait un coup mortel à la Communauté. Sans oublier que son voisin du ghanéen, indépendant de 1957, souhaitait à travers son leader Kwame N’Krumah l’indépendance de toutes les colonies afin d’aller à des unions panafricanistes.
Face à cette donne, et d’autant plus que la France avait déjà ses plans, Houphouët Boigny a du proclamer l’indépendance de son pays, lui qui ne voulait que l’autonomie tout en gardant un lien fort avec la France.
Pierre Nadjui, dans son livre «Houphouët, l’homme de la France en Afrique» explique que Kwame Nkrumah, en visite à son voisin Houphouët en avril 1957, lui propose de réclamer l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Ce à quoi Houphouët aurait répondu que le choix du Ghana, quoi que séduisant n’en était pas mauvais pour le développement du pays.
Dit-il, «en raison des rapports humains qu’entretiennent entre eux Français et Africains et compte tenu de l’impératif du siècle, l’interdépendance des peuples, nous avons estimé qu’il était peut-être plus intéressant de tenter une expérience différente de la vôtre et unique en son genre, celle d’une communauté franco-africaine à base d’égalité et de fraternité».
Agence d’Information du Burkina
Aimé Mouor KAMBIRE