Société

Lutte contre le terrorisme : Deux gendarmes, enseignants de circonstance, font un taux de 100% au CEP à Toéni

L’Adjudant-chef Kaboré Issé de la 30e promotion et le Maréchal Des Logis (MDL) Sawadogo Kayaba de la 45e promotion, tous deux du Groupe d’Action d’Intervention Rapide de la Gendarmerie (GARSI), ont été décorés, ce vendredi 23 août 2024, à Ouagadougou. Ils ont réalisé un taux de 100 % à l’examen du Certificat d’Études Primaires (CEP). En mission à Toéni, dans la Boucle du Mouhoun, ils avaient été désignés pour combler le manque d’enseignant dans la classe de CM2.

Alors que la classe de CM2 de l’école primaire de Toéni était sans enseignant, deux gendarmes du Groupe d’Action d’Intervention Rapide de la Gendarmerie (GARSI), en mission de lutte contre le terrorisme ont été désignés pour dispenser des cours. Durant 8 mois, ils ont donné les rudiments nécessaires aux élèves qui ont vu leur année scolaire sauvée et couronnée par un taux de succès de 100 % à l’examen du CEP. Le major de la promotion a totalisé 162 points.

Au nombre de deux, ces gendarmes, Adjudant-chef Kaboré Issé de la 30e promotion et le MDL Sawadogo Kayaba de la 45e promotion, sont les enseignants par circonstance et par nécessité qui ont donné la joie aux élèves de la classe de CM2 et à leurs parents.

Enseignants de circonstance et par nécessité, ces deux élément de GARSI ont su allier défense du territoire national et enseigner des élèves de CM2.

L’Adjudant-chef Kaboré Issa, cadre au sein de la gendarmerie nationale, a décidé de son plein gré de rejoindre le champ d’honneur, afin de vivre les réalités du terrain. « J’étais cadre et j’ai vu la plupart de mes élèves tombés sur le champ d’honneur. Et je pense que je suis à 22 ans de service et je m’étais engagé dans ces unités pour aller vivre la réalité. Et je me dis que ce qui va arriver appartient à Dieu », note-t-il.

Enseignants de circonstance et par nécessité, ces deux éléments de GARSI ont su allier la défense du territoire national et enseigner des élèves de CM2. Pour atteindre leurs objectifs, ils ont été accompagnés par des amis et parents ainsi que des compétences du domaine telles que l’inspection et la direction régionale de l’éducation.

Ces deux éléments, ayant des compétences dans le domaine de l’enseignement, étaient aussi sous la supervision du commandant GARSI.

« En son temps, on a eu à faire des cours d’encadrement à domicile donc ça été un plus et quand il y a la volonté rien ne vous retient. Vous allez trouver tous les moyens qu’il faut pour atteindre vos objectifs. On avait des documents pédagogiques qu’on a essayé d’exploiter avec le soutien de l’inspecteur de Toéni en cas de difficultés, avec des amis sur le terrain et des frères », explique  l’Adjudant-chef Kaboré.

En ce qui concerne l’organisation pratique, les tâches étaient partagées et chacun soutenait l’autre dans sa tâche. « Lui (MDL Sawadogo), il est bon en maths, tout ce qui est maths, géométrie et autres. Il y a longtemps que moi, j’ai quitté les bancs. Je lui ai dit que moi je vais prendre histoire/géographie et les autres matières de Français », détaille l’adjudant-chef Kaboré Issé.

Enseigner dans une zone rouge est un acte difficile, mais ils bénéficiaient de l’accompagnement de leurs frères d’armes pour sécuriser la classe pendant les heures de cours.

« C’est une zone rouge. Plusieurs fois, on a été obligé de laisser le cours, parce que ça tire et donc il faut libérer les enfants et les mettre dans les lieux sûrs et rejoindre les autres pour le combat », note-t-il en précisant  que les enfants étaient engagés comme eux pour l’atteinte de cet objectif. Pour la participation à l’examen à Tougan, ils ont été héliportés par l’armée de l’air.

« On luttait contre l’ignorance. On luttait contre le terrorisme »

En détachement pour combattre contre le terrorisme, ces deux gendarmes ont fait face à un autre combat, à la demande du chef de détachement, un combat qu’ils ont réussi avec brio.

« On luttait contre l’ignorance. On luttait contre le terrorisme, parce que ces enfants peuvent un jour devenir des terroristes, s’ils n’étaient pas encadrés et à travers leur réussite aussi, ils peuvent être des hommes de demain », exprime le gendarme de la  30e promotion.

N’ayant pas la confiance des parents dès le départ, la classe de 20 élèves s’est retrouvée avec un effectif de 9 élèves, dont certains étaient en manque de documents civils pour permettre leur participation à l’examen du CEP. « Il y avait 3 seulement qui avaient leurs actes de naissance. Les 6 autres n’avaient pas, donc on a cotisé pour faire leurs actes de naissance, à travers la délocalisation de la mairie qui est à Tougan. Les frais de dossier, c’est l’inspecteur qui a dit de laisser », relate l’adjudant-chef Kaboré.

Il faut noter que le début n’a pas été sans difficulté, car il n’était pas du commun de ces élèves d’être enseignés par des hommes en tenue, avec des armes en bandoulière.

« Les premiers jours, ils étaient qu’à même surpris. Ils se disaient que c’est la garde, puisqu’on donnait les cours avec nos armes et les gilets restaient sur nous. Au début, on voyait qu’ils étaient dubitatifs, mais quand on a commencé, ils voyaient que ces gars, apparemment, connaissent un peu le travail », se rappelle-t-il.

Le MDL Sawadogo Kayaba lui, de son côté loue la discipline de ces élèves et la collaboration de leurs parents qui ont contribué à leur réussite. « Ils n’avaient pas le choix que d’être disciplinés. En-dehors des salles de cours, on s’amuse, on se taquine. Surtout que ce sont des parents à plaisanterie (des Samo, NDLR), souvent leurs parents viennent nous rendre visite et quand les cours vont reprendre, on se met au sérieux », informe-t-il.

« En dehors des salles de cours, on s’amuse, on se taquine », MDL Sawadogo Kayaba.

Avec un taux de réussite de 100 %, ces deux gendarmes enseignants par occasion et par nécessité ont vu leurs efforts être reconnus par le ministre chargé de l’éducation nationale. Ils ont été élevés au rang d’Officiers des palmes académiques, à l’occasion de la journée de l’excellence scolaire, le jeudi 22 août 2024, à Ouagadougou.

De l’avis de ces deux gendarmes, la réussite de ces enfants vaut plus que la décoration.

« C’est un sentiment de satisfaction. Ça veut dire qu’on a reconnu vraiment nos efforts, mais loin de là, la réussite des enfants, on ne peut la comparer à autre chose. C’est une satisfaction interne et je prie Dieu que ces enfants puissent continuer, aller loin et être bénéfique à eux-mêmes et à leurs parents », apprécie le MDL  Sawadogo Kayaba.

« Même l’échec de ma fille au BAC ne m’a pas fait grand-chose quand j’ai appris que ces enfants ont fait 100 %. Il n’y a pas une décoration qui peut remplacer la joie que j’avais et je prie que ces enfants puissent s’aider, aider leurs parents et aider d’autres personnes », se réjouit l’adjudant-chef Kaboré.

« Je pense que le village de Toéni ne va pas oublier de sitôt », Adjudant-chef Kaboré Issé.

En 2 ans de détachement dans l’unité GARSI, ces deux gendarmes ont apporté leur contribution dans la lutte pour la reconquête du territoire national à Toéni. Ils ont également contribué parallèlement à la lutte contre l’ignorance et donné un bon exemple aux populations de Toéni.

« A travers notre acte que nous avons posé, je pense que le village de Toéni ne va pas oublier de sitôt. Ces enfants, jusqu’à quitter cette terre, tant qu’ils pourront aider leur prochain sur la bonne voie, ils ne vont pas hésiter, parce qu’ils vont se rappeler, qu’il y a des gens qui n’avaient rien à avoir avec l’enseignement, qui se sont retrouvés en classe en train de les enseigner. C’est incomparable », conclu l’adjudant-chef  Kaboré Issa.

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