Genre et Médias : Fasocheck met en lumière un déséquilibre persistant
Fasocheck, en partenariat avec le National Democratic Institute (NDI), a présenté le 30 août 2024, les résultats d’une étude sur le traitement du genre dans les médias burkinabè. Cette étude révèle que seulement 24,59 % des articles sont rédigés par des femmes, et que les femmes ne représentent que 17,27 % des personnes mentionnées dans le contenu des sept médias analysés.
Ce monitoring, mené sur une période de quatre mois, d’avril à juillet 2024, a mis en évidence la faible représentation des femmes tant au sein des rédactions que dans le traitement de l’information. Sur les 561 articles monitorés, les femmes sont mises en avant dans seulement 60 articles, soit un taux de 10,69 %. De plus, les femmes ne sont mentionnées que dans 233 cas, représentant 17,27 % des références, contre 1 126 mentions pour les hommes.
Les médias analysés dans cette étude incluent Sidwaya, L’Observateur Paalga, Le Pays, et Le Quotidien pour la presse écrite, ainsi que Faso7, LeFaso.net, et Burkina 24 pour les médias en ligne. L’étude avait pour objectif d’évaluer la représentativité des femmes dans les instances décisionnelles, de promouvoir leur autonomisation, et de lutter contre les stéréotypes de genre.
Le Dr. Bendjeba Ousmane Paré, responsable du pôle recherche et engagement communautaire à Fasocheck, a mené l’étude en collaboration avec cinq autres chercheurs. Selon lui, l’étude visait à « à voir tout simplement comment est-ce que les médias burkinabè traitent de la question de l’homme et de la femme. C’est vrai qu’on parle de façon globale du genre, mais c’est juste de voir quelle est la place que les hommes et les femmes occupent dans l’espace médiatique et de quoi est-ce qu’ils parlent”.
Docteur Bendjeba Ousmane Paré, responsable du pôle recherche et engagement communautaire à Fasocheck-©Faso7
L’étude révèle une sous-représentation significative des femmes dans les médias, tant dans les contenus que dans les rédactions. “La conséquence c’est que les femmes sont absentes du débat, elles ne parlent pas de leurs problèmes et on ne parle pas non plus de leurs problèmes”, a poursuivi Bendjeba Ousmane Paré. Il est convaincu que les femmes doivent s’exprimer davantage sur les sujets qui les concernent. “Il y a des femmes qui ont du mal à prendre la parole dans l’espace public, pourtant il y a des sujets qui les concernent et personne ne peut parler de ces sujets si ce n’est pas elles-mêmes les femmes”, a-t-il insisté.
Les femmes elles-mêmes réfractaires à la prise de parole
Le média en ligne Moussonews a joué le rôle de média témoin dans cette étude. Sa directrice de publication, Bassératou Kindo, a salué les résultats de l’étude tout en admettant les difficultés rencontrées dans le traitement de l’information axée sur les femmes. “Le fait d’être un média qui est orienté thématique sur les femmes, on a parfois des difficultés pour avoir des femmes qui puissent s’exprimer sur la place publique qui puissent s’exprimer dans les médias. Et quand on regarde les résultats de l’étude, on voit que très peu de femmes sont représentées”, a-t-elle souligné.
Bassératou Kindo, directrice de publication-©Faso7
La méthodologie utilisée dans l’étude est celle de la « semaine construite », qui consiste à analyser le contenu médiatique sur une journée spécifique de la semaine. LeFaso.net est le média ayant le plus grand nombre d’articles rédigés par des femmes, soit 18, avec 30,09 % de femmes évoquées. Pour le journal Le Pays, seulement 7 articles ont été rédigés par des femmes, avec 12,15 % de femmes mentionnées dans le contenu analysé. Quant à Faso7, 12 articles ont été rédigés par des femmes, avec 14,28 % de femmes évoquées.
Selon Djamila Ouattara/Sombié, chargée de programme principal au NDI, cette étude s’inscrit dans le principe selon lequel le citoyen doit avoir accès à une information juste et équilibrée. “La question des stéréotypes ou des préjugés de femmes se pose dans tous les domaines et on a voulu faire une cartographie de la présence de la femme dans les médias. Et c’est ça qui justifie l’étude d’aujourd’hui”, a indiqué Djamila Ouattara/Sombié.
Djamila Ouattara/Sombié, chargée de programme principal au NDI-©Faso7
L’étude recommande d’accentuer la sensibilisation des journalistes sur les questions de genre et de renforcer les campagnes de sensibilisation auprès des femmes pour encourager leur participation au débat public.
Bamboado Edwige OUOBA
Faso7
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