1974-2024, le Conseil national du patronat burkinabè (CNPB) célèbre ses 50 ans d’existence à travers des états généraux du secteur privé qui se tiennent les 5, 6 et 7 septembre 2024, à Ouagadougou. Il s’agit de poser la réflexion sur la contribution du secteur privé dans le développement socio-économique du Burkina Faso. Un secteur qui contribue à hauteur de 70% au PIB, 90% des recettes fiscales et douanières et 9 emplois sur 10 créés. La célébration de ce jubilé d’or a débuté ce jeudi 5 septembre 2024, sous le patronage du Premier ministre, représenté par le ministre d’État, chargé de la fonction publique, Bassolma Bazié. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le président du CNPB, Idrissa Nassa, en présence du représentant du parrain, des acteurs du secteur privé et bien d’autres personnalités.
L’objectif général de ces états généraux, premiers du genre au Burkina Faso, est de permettre au secteur privé de faire une halte pour évaluer les différentes évolutions, diagnostiquer ses forces, ses faiblesses, les opportunités qui s’offrent à lui afin d’améliorer sa contribution au développement socio-économique du Burkina Faso.
« Quelle contribution du secteur privé au développement économique et social du Burkina Faso ? Etat des lieux, enjeux et perspectives », c’est sous ce thème que se tiennent ces états généraux du secteur privé burkinabè. Une étude réalisée par Dr Ra-sablga Seydou Ouédraogo, président de l’Institut Free Afrik sur « la contribution du secteur privé à la nation burkinabè d’hier à demain » a été présentée en marge de cette cérémonie d’ouverture.
Durant ces trois jours de réflexion, d’éminentes personnalités du monde des affaires, de l’administration publique, des communautés économiques sous régionales et régionales, animeront plusieurs panels suivis de travaux en ateliers sur diverses thématiques. Il s’agit notamment des réformes nécessaires à l’environnement des affaires, le rôle et la place du secteur privé dans l’offensive agro-sylvo-pastorale, les transformations indispensables à opérer au sein des structures d’appui au secteur privé, la meilleure prise en compte des entreprises privées nationales dans la réalisation des projets PPP et des grands projets, l’engagement sociétal du secteur privé pour une participation écoresponsable et durable des jeunes et des femmes dans les affaires.
La cérémonie d’ouverture de ces états généraux du secteur privé a été placée sous le patronage du Premier ministre, représenté par le ministre d’État, chargé de la fonction publique, Bassolma Bazié. Au nom du chef du gouvernement, il a salué la grande contribution du secteur privé au développement socio-économique du Burkina Faso. Il a remercié également les acteurs du secteur privé pour leur contribution significative à l’effort de paix.
Au nom du Premier ministre, Bassolma Bazié a encouragé les acteurs à être plus entreprenants, dynamiques et innovants afin de booster davantage ce secteur qui est un pan très important de l’économie du pays. « Au-delà du Burkina Faso, le secteur privé a un cadre plus grand à savoir la Confédération des Etats du Sahel (AES) où il peut déployer son expertise et ses ambitions », a-t-il soutenu.
Un secteur privé pourvoyeur d’emplois et de richesses, véritable moteur de l’économie nationale
Le président du CNPB, Idrissa Nassa, a tout d’abord rappelé les crises auxquelles fait face le secteur privé ouest-africain et plus particulièrement le secteur privé du Burkina Faso. Selon ses dires, le secteur privé est confronté à diverses crises, « à des chocs endogènes et exogènes et à leurs corollaires qui ont pour noms insécurité et menaces terroristes, tensions géopolitiques, inflation internationale, déficit énergétique, problèmes de réglementation des marchés financiers, changement climatique, etc. »
Face à ces crises, le secteur privé burkinabè fait montre d’une résilience remarquable, selon le « patron des patrons » burkinabè. A en croire Idrissa Nassa, il a toutefois besoin de renouveler ses ressorts, de se réinventer et de se repositionner, pour mieux faire face et saisir les opportunités immanquables que comporte toute situation.
Les Etats généraux du secteur privé sont donc une occasion pour réfléchir à ces défis et au renouveau indispensable. « Ces journées de réflexion sont organisées sous l’angle de l’optimisation de la contribution du secteur privé au développement socio-économique et dans le but de jeter les bases de l’amélioration de sa performance et de sa compétitivité », précise Idrissa Nassa.
M. Nassa s’est attardé sur la contribution du secteur privé burkinabè à la Nation. On retient entre autres, la contribution à hauteur de 70% au PIB, le premier pourvoyeur d’emplois avec plus de 10,4 millions de salariés, selon les données de l’Observatoire national de l’emploi et de la formation en 2021. 9 emplois sur 10 au Burkina Faso sont créés par le secteur privé.
Le secteur privé burkinabè, c’est aussi près de 90% de contribution dans la formation des recettes fiscales et douanières. Il est également le premier mobilisateur de ressources financières pour le budget de l’Etat et pour l’effort de paix.
Le secteur privé burkinabè, c’est plus de 1 207 milliards de francs CFA d’investissements en 2022, soit 54,3% de l’investissement total dans le pays, selon les données de la Direction générale de l’économie et de la planification (DGEP). Le secteur privé burkinabè, c’est le principal acteur d’exportation du pays, car les secteurs d’exportations les plus dynamiques, notamment celui de l’or, du coton, des produits d’élevage, de l’anacarde, et des autres produits du cru, etc. sont dominés par l’initiative privée.
Le secteur privé burkinabè, c’est l’acteur essentiel qui assure l’approvisionnement régulier des marchés nationaux, provinciaux et locaux, en dépit de contraintes majeures. Le secteur privé burkinabè, c’est une diaspora économique dynamique et dont l’action est pourtant peu visible. Selon les données de la Banque mondiale, en 2023, le Burkina Faso a reçu de la diaspora 578,9 millions de dollars, soit près de 320 milliards de francs CFA, essentiellement de privés burkinabè.
Toujours selon Idrissa Nassa, avec ces contributions, le secteur privé burkinabè doit être célébré à sa juste valeur mais aussi pour les immenses et innombrables œuvres sociales réalisées chaque jour au profit des populations. Pour lui, ces contributions sont certes remarquables, mais selon ses propos, le secteur privé pourrait faire mieux, « avec un environnement plus hospitalier aux affaires en termes notamment de sécurité des affaires, d’apurement de la dette intérieure, de rationalisation et de digitalisation des procédures administratives, de meilleur accompagnement fiscal, de compétitivité des facteurs de production ».
« Nous pouvons créer plus d’emplois pour les jeunes, face au chômage élevé si les conditions sont favorables. Les majors de l’économie burkinabè regorgent de capacités techniques et financières pour apporter des transformations structurelles de notre économie comme dans les secteurs des mines, de l’énergie ou de l’agro-industrie pour peu qu’ils soient pleinement impliqués dans les choix stratégiques. L’économie informelle et les PME qui représentent plus de 95% du tissu économique, ont une propension et une agilité à participer pleinement à la prospérité de notre pays, dès lors que les meilleurs chemins opératoires sont tracés. De même, les femmes d’affaires excellent déjà sur l’échiquier national et créeront plus de valeur ajoutée économique si les contraintes qui se dressent sur leur parcours entrepreneurial sont allégées. Enfin, notre jeunesse est formidablement entreprenante et fait face encore à la problématique de financement, au vu du contexte du moment », soutient-il.
Dans son allocution, Idrissa Nassa, président du CNPB, a réitéré le soutien du secteur privé au président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré et au gouvernement pour leur « engagement indéfectible dans la lutte pour la reconquête de notre territoire et l’affirmation de notre souveraineté économique ».
L’UEMOA réitère son accompagnement au secteur privé
Ces états généraux du secteur privé burkinabè sont placés sous le parrainage du président de la commission de l’UEMOA, Abdoulaye Diop. Il s’est fait représenter à cette cérémonie d’ouverture par le commissaire chargé du marché régional et de la coopération, le Pr Filiga Michel Sawadogo. Au nom du parrain, le Pr Sawadogo a salué le dynamisme et la résilience des acteurs privés burkinabè qui, malgré les contraintes sécuritaires et économiques, continuent d’investir, de créer de la richesse et de l’emploi.
Il a laissé entendre, au nom du parrain, que l’UEMOA attache une importance primordiale au renforcement du secteur privé, moteur de la croissance économique, créateur d’emplois et partenaire indispensable dans la lutte contre la pauvreté. Pour ce faire, la commission de l’UEMOA, organe exécutif de l’Union, œuvre à la mise en place d’un cadre propice au développement des entreprises et à l’investissement privé, à travers l’harmonisation des règles, la facilitation des échanges et le soutien aux initiatives entrepreneuriales.
Il a réitéré la détermination de la commission de l’UEMOA à accompagner le Burkina Faso et les Etats membres dans leurs efforts de développement.
Un dîner gala de clôture sera organisé le samedi 7 septembre 2024 pour célébrer les 50 ans d’existence du CNPB. Pour rappel, le Mali est le pays invité d’honneur de ces états généraux du secteur privé burkinabè.
Mamadou Zongo
Lefaso.net
Crédit photos : Bonaventure Paré
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