Burkina : Le président du patronat Idrissa Nassa invite le secteur privé à se réinventer et à se repositionner pour mieux saisir les opportunités
Le Conseil national du patronat burkinabè (CNPB) célèbre un demi-siècle d’existence à travers des états généraux du secteur privé qui se tiennent les 5, 6 et 7 septembre 2024 à Ouagadougou. La rencontre permet de poser la réflexion sur la contribution du secteur privé dans le développement socio-économique du Burkina Faso. Dans son discours lu à l’ouverture des travaux, le président du CNPB, Idrissa Nassa, a fait remarquer que le secteur privé burkinabè fait face à une crise multidimensionnelle, mais fait montre d’une résilience remarquable. Il a toutefois besoin de renouveler ses ressorts, de se réinventer et de se repositionner, pour mieux faire face et saisir les opportunités immanquables que comporte toute situation, a-t-il indiqué. Nous vous proposons l’intégralité du discours.
PRESEANCE
A l’entame de mon propos, je voudrais souhaiter la cordiale bienvenue à toutes et à tous, à la faveur de la tenue des états généraux du secteur privé, que le Patronat burkinabè, de concert avec toutes les faîtières a pris l’initiative d’organiser, avec le précieux accompagnement du chef de l’état et de son Gouvernement, à qui nous traduisons notre profonde reconnaissance, et ce à l’occasion du cinquantenaire de l’existence du patronat Burkinabé.
Je voudrais également exprimer toute ma gratitude à Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, représenté ici par Monsieur le Ministre d’Etat Ministre de la fonction publique, du travail et de la protection sociale, d’avoir accepté le haut patronage de cet évènement majeur, qui se veut un cadre de fécondes introspections et réflexions, sur le meilleur devenir du secteur privé burkinabè.
Je voudrais dans la même veine, traduire ma profonde reconnaissance à Monsieur le Président de la Commission de l’UEMOA, Parrain de ces Etats Généraux représenté ce matin par le commissaire Dr Filiga Michel Sawadogo, et adresser mes remerciements aux membres du Gouvernement, qui matérialisent de façon concrète, leur engagement aux côtés du secteur privé, par leur présence et leur active participation à l’organisation et à l’animation de cet événement.
A ces remerciements, j’associe les Présidents d’institutions, les représentants du corps diplomatique, des organisations sous régionales, régionales et internationales, les autorités administratives, religieuses et coutumières pour avoir honoré notre invitation.
Je veux faire une mention spéciale et adresser mes vifs remerciements aux délégations étrangères, et mes confraternelles salutations aux Présidents et représentants des organisations sœurs du Mali, pays invité d’honneur, du Bénin, du Niger, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, de la COEBCI, CEDIAPEC New York, de IFG Afrique et de la FOPAO.
Un dicton bien de chez nous, dit ceci : « Les pieds ne vont pas là où le cœur n’est pas ». Merci d’avoir fait le déplacement de Ouagadougou. A l’ensemble de nos hôtes, je souhaite un agréable séjour dans la capitale du Pays des Hommes intègres.
Je voudrais, à présent, saisir l’opportunité de cette tribune, pour réitérer le soutien du secteur privé à Son Excellence Monsieur le Président du Faso, le Capitaine Ibrahim TRAORE et au Gouvernement pour leur engagement indéfectible dans la lutte pour la reconquête de notre territoire, et l’affirmation de notre souveraineté économique.
Monsieur le Ministre d’Etat ;
Mesdames et Messieurs ;
Le monde traverse une période de crises multiples, et vit une sorte de moment de basculement. Dans notre sous-région et plus particulièrement au Burkina Faso, le secteur privé est confronté à ces diverses crises, à des chocs endogènes et exogènes, et à leurs corollaires qui ont pour noms, insécurité et menaces terroristes, tensions géopolitiques, inflation internationale, déficit énergétique, problèmes de réglementation des marchés financiers, changement climatique, etc.
Face à ces crises, le secteur privé burkinabè fait montre d’une résilience remarquable. Il a toutefois besoin de renouveler ses ressorts, de se réinventer et de se repositionner, pour mieux faire face et saisir les opportunités immanquables que comporte toute situation.
Les Etats généraux du secteur privé, sont une occasion pour réfléchir à ces défis, et au renouveau indispensable. Ces journées de réflexion sont organisées sous l’angle de l’optimisation de la contribution du secteur privé au développement socio-économique, et dans le but de jeter les bases de l’amélioration de sa performance et de sa compétitivité.
Monsieur le Ministre d’Etat ;
Permettez-moi de donner un petit aperçu de cette contribution de notre secteur privé à la Nation.
– Le secteur privé burkinabè, c’est une part contributive d’au moins 70% dans la formation du PIB, comme l’attestent les données du ministère en charge de l’économie et des finances.
– Le secteur privé burkinabè, c’est le premier pourvoyeur d’emplois avec plus de 10,4 millions de salariés, selon les données de l’Observatoire National de l’Emploi et de la Formation en 2021. 9 emplois sur 10 au Burkina Faso sont créés par le secteur privé.
– Le secteur privé burkinabè, c’est aussi près de 90% de contribution dans la formation des recettes fiscales et douanières. Il est également le premier mobilisateur de ressources financières pour le budget de l’Etat et pour l’effort de paix.
– Le secteur privé burkinabè, c’est plus de 1 207 milliards de francs CFA d’investissements en 2022, soit 54,3% de l’investissement total dans le pays, selon les données de la Direction générale de l’économie et de la planification (DGEP).
– Le secteur privé burkinabè, c’est le principal acteur d’exportation du pays, car les secteurs d’exportations les plus dynamiques, notamment celui de l’or, du coton, des produits d’élevage, de l’anacarde, et des autres produits du cru, etc. sont dominés par l’initiative privée.
– Le secteur privé burkinabè, c’est l’acteur essentiel qui assure l’approvisionnement régulier des marchés nationaux, provinciaux et locaux, en dépit de contraintes majeures.
– Le secteur privé burkinabè, c’est une contribution remarquable à la formation du capital humain par les écoles , hôpitaux et cliniques privés, centres de formation et universités privés. Durant l’année scolaire et académique 2022/2023, un élève sur 4 au primaire, 4 élèves sur 10 au secondaire, plus d’un élève sur 2 dans l’enseignement technique, sont encadrés par des formations privées.
– Le secteur privé burkinabè, c’est une diaspora économique dynamique et dont l’action est pourtant peu visible. Selon les données de la Banque mondiale, en 2023, le Burkina Faso a reçu de la diaspora 578,9 millions de dollars soit près de 320 milliards de francs CFA, essentiellement de privés burkinabè.
– Le secteur privé burkinabè, c’est une contribution remarquable au rayonnement sous-régional et international du pays, dans les domaines des bâtiments et travaux publics, de la banque, de la bourse , de l’industrie de la cimenterie, des transports, des semences, et j’en passe.
– Jadis considéré comme le refuge de ceux qui n’avaient pas réussi à l’école, le secteur privé regorge aujourd’hui de champions de haut niveau, d’entrepreneurs qui sont des références dans la sous-région et en Afrique.
– Enfin, pour m’en arrêter là, le secteur privé, ce sont des corps intermédiaires qui participent aussi au développement socio-économique du Burkina Faso. A ce titre, en tant que faitière, le Conseil National du Patronat Burkinabé a obtenu des résultats substantiels avec le Gouvernement et les partenaires sociaux en matière de dialogue social, de droit du travail, de création et d’animation d’organismes de soutien aux entreprises privées. Le Patronat a par ailleurs fortement contribué à la formation de milliers de jeunes dans divers métiers en relation avec de nombreux bailleurs de fonds à qui je témoigne encore notre gratitude.
C’est pour tout cela que le secteur privé doit être célébré à sa juste valeur. Mais aussi pour les immenses et innombrables œuvres sociales réalisées chaque jour au profit des populations.
Le secteur privé participe énormément à faire vivre la Nation. Ces braves femmes et hommes, jeunes et séniors, petites, moyennes et grandes entreprises, locales, provinciales, nationales et sous-régionales, méritent notre reconnaissance par des applaudissements.
Je vous remercie.
Monsieur le Ministre d’Etat ;
Distingués invités ;
Mesdames et Messieurs
Ces contributions sont certes remarquables, mais surtout, nous pourrions faire mieux. Nous pourrions faire mieux, avec un environnement plus hospitalier aux affaires en termes notamment, de sécurité des affaires, d’apurement de la dette intérieure, de rationalisation et de digitalisation des procédures administratives, de meilleur accompagnement fiscal, de compétitivité des facteurs de production.
Nous pouvons créer plus d’emplois pour les jeunes, face au chômage élevé si les conditions sont favorables.
Les majors de l’économie burkinabè regorgent de capacités techniques et financières, pour apporter des transformations structurelles de notre économie comme dans les secteurs des mines, de l’énergie ou de l’agro-industrie pour peu qu’ils soient pleinement impliqués dans les choix stratégiques.
L’économie informelle et les PME qui représentent plus de 95% du tissu économique, ont une propension et une agilité à participer pleinement à la prospérité de notre pays, dès lors que les meilleurs chemins opératoires sont tracés.
De même, les femmes d’affaires excellent déjà sur l’échiquier national et créeront plus de valeur ajoutée économique si les contraintes qui se dressent sur leur parcours entrepreneurial sont allégées .
Enfin, notre jeunesse est formidablement entreprenante, et fait face encore à la problématique de financement, au vu du contexte du moment.
Monsieur le Ministre d’Etat,
Mesdames et Messieurs,
Un adage populaire burkinabè dit que se réunir ne cultive pas le champ, mais dénoue les carcans. L’objectif général de ces états généraux, premiers du genre dans notre pays, est de permettre à notre secteur privé de faire une halte, d’évaluer les différentes évolutions, de diagnostiquer ses forces, ses faiblesses, les opportunités qui s’offrent à lui, afin d’améliorer sa contribution au développement socio-économique du Burkina Faso.
Ainsi donc, pour mieux appréhender la contribution du secteur privé de la période des indépendances à aujourd’hui et dessiner les perspectives d’avenir, le Patronat a commandité une étude réalisée par Dr Ra-Sablga Seydou OUEDRAOGO, économiste-chercheur, Directeur de l’Institut Free Afrik. L’étude est intitulée « La contribution du secteur privé d’hier à demain » et une synthèse vous sera présentée tout à l’heure.
Durant ces trois (3) jours, d’éminentes personnalités du monde des affaires, de l’administration publique, des communautés économiques sous régionales et régionales, animeront plusieurs panels suivis de travaux en ateliers sur diverses thématiques, notamment :
• les réformes nécessaires de l’environnement des affaires ;
• le rôle et la place du secteur privé dans l’offensive agro-sylvo-pastorale ;
• les transformations indispensables à opérer au sein des structures d’appui au secteur privé ;
• la meilleure prise en compte des entreprises privées nationales dans la réalisation des projets PPP et des grands projets ;
• l’engagement sociétal du secteur privé pour une participation écoresponsable et durable des jeunes et des femmes dans les affaires.
Je vous remercie d’avance pour l’assiduité et l’engagement dans les travaux, en vue d’apporter de pertinentes et constructives contributions, pour qu’au sortir de ces journées de réflexion, des recommandations et résolutions pertinentes, soient formulées pour l’essor du secteur privé, avec des mécanismes idoines de capitalisation et de suivi des conclusions à convenir avec le Gouvernement.
Monsieur le Ministre d’Etat,
Mesdames et Messieurs,
Les Etats , on le sait, ont un rôle irremplaçable dans le développement de nos économies. Ce rôle comporte le soutien et la promotion du secteur privé. C’est pour cela que nous invitons les gouvernements de l’ensemble des pays de notre sous-région, à poursuivre leurs efforts en faveur de l’émergence du secteur privé et à lui accorder la place qui est la sienne dans sa quête de développement.
Les Patronats également doivent jouer un rôle centrale , dans ce partenariat indispensable entre l’Etat et le privé, et dans la coopération et l’intégration sous-régionales pour une prospérité partagée. C’est pour cela que je nous invite, chers confrères des organisations patronales ici présentes, à nous unir, à travailler en synergie, pour apporter notre contribution au développement de nos pays.
Monsieur le Ministre d’Etat ;
Chers participants ;
Je voudrais traduire toutes mes chaleureuses félicitations au Comité d’Organisation, et à tous ceux qui ont contribué à la concrétisation de cet événement. J’exprime ma gratitude aux partenaires et sponsors qui nous soutiennent activement .
Enfin, je lance un appel à tous les acteurs du secteur privé, à s’unir et à travailler ensemble pour relever les nombreux défis. Je demande également aux pouvoirs publics de créer un environnement des affaires plus favorable, en simplifiant les procédures administratives, en adaptant la fiscalité et en renforçant la sécurité.
Je suis convaincu que ces États Généraux seront une opportunité pour le gouvernement, de définir une nouvelle feuille de routee, pour le développement du secteur privé au Burkina Faso. Ensemble, nous pouvons faire du Burkina Faso un pays prospère et où il fait bon vivre.
Je réitère toute ma reconnaissance à son Excellence Monsieur le Premier Ministre, représenté par le Ministre d’Etat, pour sa constante sollicitude, à tous nos invités et en particulier au Président de la commission de l’UEMOA pour la bonne marche de notre institution communautaire et les actions déployées en faveur du secteur privé.
Pour ne pas être long , je voudrais vous inviter à méditer sur la réflexion suivante : « le monde réel est façonné par ceux qui osent rêver et qui décident d’agir ». Osons donc rêver et agir ensemble pour un meilleur avenir économique de notre cher Faso et de notre sous-région.
Que Dieu bénisse nos travaux.
Que Dieu bénisse le Burkina Faso.
Je vous remercie.