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Burkina : Parlementaires, OSC et médias s’outillent sur le contrôle financier dans le secteur de la sécurité-défense

Le Centre d’information, de formation et d’étude sur le budget (CIFOEB) a initié, du mercredi 25 au vendredi 27 septembre 2024 à Ouagadougou, une formation de 72 heures sur le contrôle financier du secteur de la sécurité-défense. Cette session a rassemblé divers acteurs, dont des professionnels des médias, des Organisations de la société civile (OSC) et des parlementaires, autour de la thématique « Formation sur le contrôle financier du secteur de la sécurité-défense ».

L’atelier du CIFOEB, placé sous la thématique centrale « Formation sur le contrôle financier du secteur de la sécurité-défense », vise à renforcer les capacités des parlementaires, des Organisations de la société civile (OSC) et des médias, jouant un rôle essentiel dans la gouvernance démocratique. En leur fournissant des outils et des connaissances adaptés, l’initiative contribue à accroître la transparence, la redevabilité et le contrôle citoyen dans la gestion des finances publiques allouées à la sécurité-défense du Burkina Faso. Elle permet ainsi d’assurer une utilisation plus efficace et responsable des ressources pour répondre aux besoins sécuritaires du pays tout en renforçant la confiance des citoyens dans les institutions publiques.

« Le Burkina Faso, marqué par une crise sécuritaire, a suscité de grands moyens de la part de l’État pour financer la guerre. Et les impératifs de bonne gouvernance nous conduisent à regarder la cohérence entre les ressources allouées dans le secteur de la sécurité-défense et les résultats engrangés. Cependant, pour pouvoir réaliser une telle appréciation, on a besoin de comprendre le schéma de production des services sécuritaires. Et l’un des moyens permettant de comprendre cela, passe notamment par l’organisation de sessions de renforcement de capacités, et par des réflexions collectives », a indiqué le chargé des programmes du CIFOEB, Drissa Ouattara.

« L’idée, c’est de travailler à avoir une masse critique d’acteurs qui comprennent le secteur de la sécurité dans sa dimension gestion financière », Drissa Ouattara, chargé des programmes du CIFOEB

Des modules adaptés à un secteur stratégique

Le contenu de la formation s’est articulé autour de cinq modules clés, animés par deux experts militaires chevronnés. Le général de brigade Mady Savadogo, inspecteur général des Forces armées nationales, et l’intendant colonel-major Boukari Koudougou, inspecteur de l’administration et de l’intendance au sein de l’inspection générale des Forces armées nationales, ont apporté leur expertise tout au long de l’atelier.
Le premier module s’est focalisé sur les dispositions internationales, sous régionales et nationales, qui encadrent la gouvernance du secteur de la sécurité et de la défense. Il a permis aux participants de mieux comprendre le cadre législatif et réglementaire qui régit la gestion des ressources dans ce secteur.
Le deuxième module a abordé les réglementations spécifiques au contrôle financier dans le secteur de la sécurité-défense. Ce volet a mis en lumière les particularités des mécanismes financiers appliqués aux forces de sécurité et aux institutions militaires, en insistant sur l’importance d’un contrôle rigoureux.

« Le contrôle financier est l’ensemble des mesures prises pour garantir la bonne utilisation des ressources publiques », général de brigade Mady Savadogo, inspecteur général des Forces armées nationales

Selon le général de brigade Mady Savadogo, il y a un certain nombre d’organes mis en place pour assurer l’exécution de cette mission, à savoir les corps de contrôle interne et externe tels que l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) et l’Assemblée nationale. Le général Mady Savadogo a bien apprécié la participation des différentes parties prenantes. « C’étaient des discussions franches qui ont permis des échanges d’expériences et de partage de bonnes pratiques », a-t-il déclaré.

Le troisième module quant à lui, a exploré les enjeux et défis liés au contrôle financier dans ce secteur. Les discussions ont mis en exergue les difficultés rencontrées pour assurer une gestion transparente des fonds alloués à la défense, notamment les risques de mauvaise gestion et d’opacité.

« Le contrôle administratif constitue le contrôle interne tandis que le contrôle juridictionnel et le contrôle parlementaire forment le contrôle externe », intendant colonel-major Boukari Koudougou, inspecteur de l’intendance et de l’administration au sein de l’Inspection générale des armées nationales

Le quatrième module a clarifié les rôles et responsabilités des différents acteurs impliqués dans le contrôle financier du secteur de la sécurité-défense. Il a souligné l’importance des corps de contrôle, des organisations de la société civile, des parlementaires et des médias, en tant que garants d’une bonne gouvernance dans l’utilisation des ressources publiques.

Enfin, le dernier module a présenté les outils et mécanismes citoyens disponibles pour assurer le suivi des dépenses et des budgets alloués au secteur de la sécurité et de la défense. Cette session a introduit les participants à divers moyens permettant aux citoyens et aux OSC de contribuer à la transparence financière et à la redevabilité dans ce domaine.

Un cadre participatif et des cas pratiques

Durant les trois jours de formation, les participants ont été très actifs, prenant part à des discussions enrichissantes et à des exercices de cas pratiques après chaque module. Ces activités ont permis d’illustrer concrètement les principes théoriques appris et de proposer des solutions adaptées aux défis locaux rencontrés dans le suivi des finances du secteur de la sécurité et de la défense.

« C’est une initiative que j’apprécie à sa juste valeur », Claudine Ouédraogo, représentante de l’Association des journalistes du Burkina

« J’avais des préjugés sur la manière dont sont gérés les fonds alloués à l’armée. Mais au terme de cette formation, je repars avec une meilleure perception de la gestion des ressources financières consacrées à la sécurité et à la défense », a affirmé Claudine Ouédraogo, représentante de l’Association des journalistes du Burkina. Elle estime qu’il serait intéressant que ce genre d’atelier soit davantage initié au profit du plus grand nombre de professionnels des médias pour leur permettre de mieux comprendre le fonctionnement de l’institution militaire.

Lors des cas pratiques, les échanges ont permis de faire des suggestions et de proposer des recommandations qui seront certainement prises en comptes par les Forces armées nationales.

Des perspectives prometteuses pour une gouvernance améliorée

Cette formation marque une étape importante vers une gouvernance plus transparente et responsable dans le domaine de la sécurité-défense. Le député Ousmane Diallo, membre de la Commission des affaires étrangères, de la défense et de la sécurité (CAEDS) à l’Assemblée législative de transition (ALT), a salué l’initiative de cette formation, affirmant qu’elle lui a permis de renforcer ses connaissances sur les mécanismes financiers du secteur de la sécurité-défense. « Nous avons compris que le secteur de la défense n’est pas aussi opaque que l’on pense lorsque l’on observe depuis l’extérieur, sans avoir participé à une session comme celle-ci », a-t-il souligné.

« Nous souhaitons que tous les membres de notre commission soient davantage outillés sur le fonctionnement de notre armée », Ousmane Diallo, député et membre de la CAEDS à l’ALT

Il a insisté sur l’importance de ce type de formations pour les parlementaires, permettant de mieux comprendre les enjeux et les défis de la gestion des finances dans ce domaine. Grâce aux modules présentés, il se sent désormais mieux outillé pour exercer son rôle de contrôle et veiller à une gestion plus transparente et efficace des ressources allouées à la défense.

Le secrétaire permanent du Conseil national des OSC, Djakaridja Minanhoro, a également exprimé sa satisfaction à l’issue de l’atelier. Il a souligné l’importance des informations obtenues, affirmant que celles-ci permettront aux organisations de la société civile de jouer un rôle plus actif et efficace dans le suivi des dépenses publiques et la gouvernance du secteur de la sécurité-défense.

À l’issue de la formation, les participants ont exprimé leur satisfaction quant à la pertinence des enseignements reçus et se sont engagés à appliquer les compétences acquises dans leurs activités professionnelles. Cette initiative du CIFOEB ouvre des perspectives intéressantes pour l’implication citoyenne et institutionnelle dans le contrôle financier, particulièrement dans un secteur aussi vital que la défense nationale.

Hamed Nanéma
Lefaso.net

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