Burkina/ Sécurité : « Toutes les communes auront la présence d’une force de sécurité », président du Faso
Le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, s’est adressé au peuple burkinabè dans un grand oral sur les ondes de la radio nationale, le samedi 5 octobre 2024. Pendant plus de 90 minutes, le chef de l’État a répondu aux questions des auditeurs. Un extrait des échanges.
Questions d’auditeur : Comment avez-vous vécu les multiples tentatives de déstabilisation avec, en ligne de mire, votre assassinat ?
Président du Faso : C’est l’actualité. Avant de nous engager dans cette mission, il y a un certain nombre de risques qu’il faut mesurer et accepter d’assumer. Parmi ces risques, c’est le fait de ne pas réussir la mission pour laquelle nous sommes venus. Dieu merci, nous avons pu réussir la mission pour pouvoir imprimer notre vision des choses à notre pays.
L’autre risque est d’accepter d’abandonner tout. C’est accepter d’oublier sa vie et de se consacrer entièrement à la patrie. Si vous voulez redresser la barque d’un pays, forcément vous êtes obligés de sévir. En sévissant pour redresser, vous vous créez des ennemis internes et externes. Il faut donc s’attendre à ces situations de déstabilisation, d’assassinat, parce que nous avons touché aux intérêts de beaucoup de personnes.
Il y a une inégalité sociale, la corruption, la mauvaise gestion de la chose publique. En redressant tout cela, nous touchons forcément aux intérêt de certaines personnes. Ces personnes sont très souvent riches et utilisent leur argent pour manipuler les plus pauvres. Certaines personnes n’hésitent pas à cohabiter avec les forces impérialistes qui veulent nous endeuiller et appauvrir. Nous avons beaucoup de pays aujourd’hui sur le dos. Nous n’avons pas le choix, il faut le faire.
Si nous voulons que notre patrie soit indépendante, avoir notre souveraineté, que les Burkinabè mangent à leur faim, que les enfants aillent à l’école sans payer un franc, que le paludisme soit mieux combattu, il va falloir faire beaucoup de concessions, et c’est notre rêve. Il va falloir empêcher certaines puissances de nous piller. Nous sommes préparés à cette situation.
Ces tentatives de déstabilisation ne nous ébranlent pas ; au contraire, elles nous donnent le courage d’avancer. Nous avons passé deux années à sensibiliser, à mettre en garde et les gens trouvaient que c’était trop. C’était nécessaire pour que les Burkinabè voient d’eux-mêmes jusqu’où certains sont prêts à aller contre la patrie.
Quel sort est réservé aux comploteurs ?
Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais chacun va assumer à partir de cet instant. Nous n’allons plus conseiller ou mettre en garde quelqu’un encore.
Qu’est-ce qui s’est passé réellement à Barsalogho ?
Je ne vais pas non plus rentrer dans les détails, mais je pense que j’étais personnellement visé. Barsalogho et moi, il y a une histoire. En juillet 2022, j’ai défié beaucoup d’ordres pour m’interposer pour que Barsalogho ne tombe pas. J’ai sacrifié beaucoup de choses là-bas.
Je profite pour remercier ceux qui nous ont soutenus pour que Barsalogho soit. Ils ont ciblé Barsalogho parce que cela allait me toucher. C’était l’objectif. Je ne vais pas rentrer dans certains détails, peut-être que nous allons en parler un autre jour.
Est-ce que vous pouvez rassurer que les 30% restant du territoire seront reconquis d’ici la fin de 2025 ?
Le souhait est que si demain, on peut reconquérir les 30%, on le fera. Mais nous allons aller rapidement. Si vous constatez ces derniers temps, l’intensité des attaques a un peu baissé à cause de la saison pluvieuse. Comme la saison pluvieuse tire à sa fin, les opérations seront relancées.
Le matériel que j’ai remis dernièrement aux forces armées, personne ne les voit sur le terrain d’abord. Les gens s’entrainent très bien. Dans quelques jours, la lutte va reprendre de plus belle. Nous espérons aller très vite, reverdir (jargon militaire pour parler de reconquête, d’espaces reconquis, NDLR) autant que possible.
Cela se fait en tandem, défense et sécurité. Nous poursuivons. 2025 est décisif et nous allons aller dans ce sens pour que nous puissions reconquérir les 30% restants.
Est-ce qu’il est envisagé l’ouverture de commissariats de police dans les communes qui n’en disposent pas ?
Il y a eu un des conseils des ministres où nous avons remodifié l’architecture de la sécurité. La gendarmerie va s’occuper de certaines communes rurales et la police va se recentrer sur certaines communes urbaines.
Ce redécoupage a été fait et nous avons donné un délai à ces deux forces pour se réorganiser et s’adapter. Je pense que cela a commencé dans plusieurs zones. Les policiers ont commencé à reprendre leurs positions et les gendarmes aussi vont y aller.
Nous avons fait le répertoire, il y avait beaucoup de communes où il n’y avait pas de commissariats ni de gendarmeries en milieu rural. Pendant ce temps, on retrouve des postes doublés dans certaines communes en ville, avec la police et la gendarmerie.
Elles se piétinent et n’arrivent pas à faire le travail qu’il faut. C’est partant de ce constat que nous avons décidé de prendre un texte pour situer les zones de responsabilité géographique de tout un chacun, pour que toutes les communes aient la présence d’une force de sécurité. Le décret est là, il y a un délai de mise en œuvre que personne ne doit dépasser.
Propos retranscrits par Serge Ika Ki
Lefaso.net