A l’occasion du deuxième anniversaire de son arrivée au pouvoir, le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré était l’invité de l’émission « Antenne directe » de la Radio nationale le 5 octobre dernier. Une émission au cours de laquelle il a répondu aux questions que les auditeurs lui ont posées par l’intermédiaire de notre confrère Hervé Kaboré.
Massacre de Barsologho fin août dernier, reconquête de ce qui reste du territoire national occupé par les groupes terroristes, dénonciation des accords militaires avec la France, naissance de l’Alliance des Etats du Sahel, remise à plat des salaires, etc., autant de questions auxquelles il a apporté des réponses. Au détour d’une réponse sur la corruption, on a appris que le KORAG avait été mis en place et fonctionne. Mais à la différence du gouvernement et de l’Assemblée législative de transition, on ignore pour l’instant l’identité et le nombre de personnes qui siègent dans cette institution de la Transition. Selon l’article 7 de la Charte de la Transition adoptée lors des assises du 25 mai 2024, le KORAG » est chargé de définir, de suivre et de contrôler la mise en œuvre de la vision stratégique du pays dans tous les domaines et par tous les moyens » et « sa composition, son organisation et son fonctionnement sont laissés à la discrétion du président du Faso. Ses membres travaillent à titre gracieux et ont compétence sur toute l’étendue du territoire national ».
Le contenu de l’interview n’a pas été « retravaillé », mais restitué tel quel, en conservant son caractère oral.
Un document pour l’histoire.
Attaque de Barsalogho, déstabilisation, actualité du Discours d’orientation politique (DOP)
Ce sont vraiment des questions d’actualité et celle relative à la déstabilisation l’est assurément. Avant de nous engager dans cette mission, je pense qu’il y a un certain nombre de risques qu’il faut mesurer et accepter d’assumer et parmi ces risques, il y a le fait de ne pas réussir la mission pour laquelle on est intervenu ; donc quand on vient, c’est soit ça passe, soit ça casse. Dieu merci, on a pu réussir la mission d’imprimer notre vision des choses à notre pays et après ça, l’autre risque, c’est d’accepter d’abandonner tout. Je ne peux pas en tant que jeune à la tête de l’Etat, être là, à me retrouver sous les manguiers en train de manger du riz soumbala comme les autres ; c’est donc accepter d’oublier sa jeunesse, sa vie et se consacrer entièrement à la patrie.
Les risques, c’est aussi celle que nous vivons, c’est à dire la déstabilisation, parce que si vous voulez redresser la barque d’un tel pays, forcément vous êtes obligés de sévir et en sévissant, vous créez des ennemis internes et externes. Il faut donc s’attendre à ces situations de déstabilisation, d’assassinat et tout, parce que nous avons touché aux intérêts de beaucoup de personnes. Il y a une inégalité sociale, la corruption, une mauvaise gestion de la chose publique et si nous essayons de redresser tout ça, forcément, on va toucher aux intérêts individuels de certaines personnes qui sont très souvent riches, ont de l’argent et utilisent cela pour manipuler des personnes pauvres pour nous les mettre à dos. Ca, c’est à l’interne, car certaines personnes n’hésitent pas à coaliser avec les forces impérialistes qui passent leur temps à nous endeuiller.
Nous avons beaucoup de pays sur le dos, on n’a pas le choix et il faut faire avec si nous voulons que notre patrie soit indépendante, si nous voulons notre souveraineté, que les Burkinabè mangent à leur faim, que nos enfants aillent à l’école sans payer un franc ; si nous voulons que demain, le paludisme qui est une des maladies les plus répandues au Burkina Faso, que nous puissions soigner nos population à zéro franc. Voici des rêves que nous avons et il va falloir faire beaucoup de concessions, empêcher certaines puissances de nous piller.
Forcément, ça crée beaucoup d’ennemies et nous sommes préparés à ces situations qui sont pour nous normales et donc, ne nous ébranlent pas, ne nous font pas peur.
Au contraire, ça nous donne le courage d’avancer parce que nous sommes convaincus que les lignes directrices que nous avons adoptées sont les meilleures pour notre peuple ; donc, nous vivons les choses comme ça.
Durant les deux années passés, nous avons pris le temps de sensibiliser, mettre en garde et c’était nécessaire afin que les Burkinabè voient d’eux-mêmes jusqu’où certains Burkinabè peuvent aller contre la patrie ; si on s’était mis à sévir d’une certaine manière, ce n’est pas évident que vous-mêmes, vous allez nous comprendre ; vous alliez peut-être dire qu’au bout d’un certain temps, il peut y avoir de l’incompréhension.
Peut-être que le capitaine Thomas Sankara a été mal compris à un certain moment donné parce qu’ils ont commencé fort ; donc, il fallait laisser le peuple voir, comprendre ce que ces comploteurs manigancent, communiquer avec avec le peuple à travers tout ce que nous avons fait. Aujourd’hui, je pense que les gens ont beaucoup compris.
Quel est le sort réservé à ces comploteurs ?
Comme nous l’avons dit, à partir de cet instant, je ne vais pas rentrer dans les détails, mais chacun va assumer ; si quelqu’un entreprend des démarches comme ça, il assumera toutes les conséquences. Nous n’allons plus conseiller quelqu’un ou …voilà, mettre en garde encore.
Qu’est-ce qui s’est réellement passé à Barsalogho ?
Barsalogho, je ne vais pas non plus entrer dans les détails, mais je pense que j’étais personnellement visé parce que Barsalogho et moi, il y a une histoire ; Barsalogho et la situation du pays, il y a une histoire.
En juillet 2022, vous pourrez après vous renseigner à Barsalogho, j’ai défié beaucoup d’ordres pour m’interposer pour que Barsalogho ne tombe pas ; donc, j’ai sacrifié beaucoup de choses quand même à Barsalogho et c’est le lieu pour moi de remercier toux qui nous ont soutenus dans notre manœuvre pour que Barsalogho soit. Je pense qu’ils ont ciblé Barsalogho parce que ça allait me toucher et c’était l’objectif ; je ne vais pas rentrer dans certains détails, peut-être qu’un jour, on aura l’occasion d’en parler.
Qu’est-ce que le discours d’orientation politique (DOP) prononcé le 2 octobre 1983 représente pour vous ?
C’est vrai, si nous avons d’ailleurs choisi la date du 2 octobre pour le lancement des journées d’engagements patriotiques, c’est justement pour corroborer avec le DOP qui est un référentiel. Certains pays de notre sous-région l’ont utilisé pour se développer et ils nous ont fait comprendre qu’ils ont puisé beaucoup de choses dans ce discours qui est d’actualité. Nous nous en inspirons et l’adoptons au contexte car il y a certaines choses en 1983 qui ne peuvent plus se faire aujourd’hui et nous l’adaptons au fur et à mesure. Et comme je le disais, Thomas Sankara était trop en avance sur son temps et il n’a pas été trop compris parce qu’il voyait des choses que les autres n’avaient pas la possibilité de voir. Sa vision était beaucoup plus en avance et aujourd’hui, on se rend compte qu’on aurait dû l’écouter. Le DOP est d’actualité, c’est la même vision que nous avons pour une souveraineté totale de notre pays et je pense qu’il faut qu’on s’inscrive dans cette lancée.
Quel est le moral des troupes avec ces velléités des déstabilisation ?
Je dirai que le moral des troupes est au beau fixe parce pour ceux qui se sont engagés pour défendre la patrie. Vous savez, quand on est militaire, il y a un état d’esprit naturel qui est là au sein de l’armée ; se lever, prendre son sac à dos et son arme et aller au front, ce n’est pas donné à tout le monde. Mais généralement, dans la tête du militaire, c’est avec fierté qu’il part même s’il sait ce qui peut arriver. Aujourd’hui, avec ce que nous avons essayé de mettre en place à travers l’accompagnement du peuple, beaucoup de militaires sont fiers d’être militaires et ils se donnent corps et âme et avec l’accompagnement que le peuple fait à leur endroit, ça ne peut que booster leur moral. Cette situation de déstabilisation ne les affecte pas, au contraire, ça leur donne encore plus de courage de se battre. Ils comprennent bien pourquoi il se battent pour leur patrie et ce n’est pas pour rien on tente de nous déstabiliser alors que nous avons changé la donne.
Après l’attaque de Barsalogho, l’opinion publique se demande si des sanctions ont été déjà appliquées à des responsables et complices ; où en est-on en termes de justice et de réparations pour les victimes de cette tragédie ?
Il faut dire qu’après toute attaque depuis qu’on est là, nous essayons de faire une analyse pour savoir ce qui a marché et ce qui n’a pas marché et tant qu’on n’arrive pas à le faire, on ne peut pas améliorer la situation. Naturellement, après l’attaque de Barsalogho, sur le plan militaire, il faut analyser pour voir ce qui n’a pas marché et là, nous sommes presque au bout de l’enquête. Les autorités militaires sont allées plusieurs fois à Barsalogho enquêter et continuent de le faire à travers Kaya.
Les responsabilités seront situées d’ici quelques jours ; j’attends le résultat du rapport et les sanctions vont tomber. Dans toutes les attaques, on est amené à radier des gens qui ont manqué à leur devoir et on n’a pas le choix quand on s’engage et on voit que la faille vient du dispositif. Il faut sévir et on attend le rapport final pour agir.
S’agissant des victimes, c’est naturel car nous avons adopté des lois pour que les enfants qui auraient perdu un parent dans cette guerre, on les récupère comme pupilles de la nation. Pour ceux qui sont tombés sur le champ d’honneur, on les prend comme martyrs et si vous suivez, il y a 236 enfants qui ont été déclarés pupilles de la nation et ce sera le même traitement à l’avenir. Pour l’instant, le gouvernement est sur place pour essayer d’agir surtout sur les plans psychologique, humanitaire et sanitaire au profit de toute les familles qui ont été endeuillées dans cette tragédie.
Avec le mois du consommer local, quelles sont les stratégies endogènes pour promouvoir les produits « Made in Burkina ? »
Des équipes gouvernementales rencontrent actuellement les leaders coutumiers. Quelles sont vos attentes ?
Le mois du consommer local nous tient beaucoup à cœur et si vous remarquez, sur le plan vestimentaire et ailleurs aussi, nous avons posé des actes pour promouvoir ce que nos artisans produisent. C’est le cas pour le Faso dan Fani, le Koko dunda où nous avons réfléchi sur la question des toges des enseignants qui coutent chères. On a eu des échanges et aujourd’hui, les toges sont faits en Faso dan fani, ce qui a permis à beaucoup de femmes d’intégrer des ateliers pour y travailler.
Au niveau de la justice, c’est la même démarche, ainsi qu’au sein de l’armée.
Vous l’avez sans doute remarqué, les tenues des ministres sont en Faso dan fani ou en Koko dunda. Nous essayons aussi de promouvoir tous ceux qui transforment les matières premières, les produits alimentaires pour que ce soit consommé par les Burkinabè ; c’est ce qui nous a amenés à prendre un décret sur les importations. Si quelqu’un veut importer un produit, il doit s’assurer que le produit n’est pas produit par des Burkinabè en quantité suffisante. Si ce n’est pas le cas, il peut aller prendre à l’extérieur. C’est un acte fort pour encourager ceux qui produisent local et sur ce plan, je pense que nous sommes dans une dynamique. On ne va pas dévoiler nos stratégies à venir car le décret ne plait pas à ceux qui ont l’habitude d’importer. Mais nous sommes obligés de prendre des mesures qui ne vont pas plaire à certains, mais plairont au plus grand nombre et c’est le plus important.
Pour les visites gouvernementales aux autorités coutumières, ce sont des sorties qui avaient été programmées il y a quand-même longtemps et les premières sorties ont coïncidé avec les événements de Barsalogho. Nous avons décidé de dérouler le programme arrêté avant l’événement et durant cette période, on arrête les conseils des ministres afin que les ministres aillent auprès des populations, s’enquérir des réalités, les voir de visu et revenir parce qu’un ministre qui est juste assis à Ouaga et qui n’arrive pas à comprendre les aspirations du peuple, c’est compliqué.
Ce programme qui n’est pas une première, va se poursuivre et chaque ministre va réaménager son emploi pour pouvoir aller sur le terrain. C’est ce qui nous amenés à aller vers les coutumiers car nous voulons les remettre dans leur rôle, eux qui sont les garants de la cohésion sociale, de l’unité et de la paix. Il faut qu’ils s’affirment en nous aidant à éduquer la jeunesse et c’est ce message que nous voulons porter à leur endroit parce que, quoi qu’on dise, ce sont des acteurs clés de notre société. Il il faut qu’ils nous aident à revenir à ces valeurs ancestrales qui sont des valeurs de paix, d’unité et de cohésion.
Après deux ans de guerre totale contre les groupes armés, quel est le bilan de la reconquête du territoire national ?
Nous ne cesserons jamais de parler de la situation du terrain parce que c’est l’essence même de notre combat ; et comme vous le constatez, dès qu’on a commencé nos actions, il y a eu un autre visage du terrorisme que les Burkinabè ont découvert et ça nous a beaucoup interpelés car, ce n’est pas juste du terrorisme. Je pense que l’objectif de ces gens est encore plus grand. La dernière fois, je parlais d’une guerre de 4ème génération ; voilà, ils ont manipulé beaucoup de gens pour les mettre contre leurs frères ; aujourd’hui, tant chez les terroristes que chez nous, ce sont des jeunes qui meurent et il faut freiner et arrêter ça vite. Donc, il fallait s’armer de courage, se former, recruter car l’effectif et l’équipement, rien n’étaient à la hauteur pour pouvoir faire face à l’ennemi. Je me souviens que les terroristes avaient dit qu’ils allaient fêter la fin d’année le 31 décembre 2022 à Ouagadougou. Après coup, quand on fait l’analyse, ils pouvaient le faire car rien ne pouvait les arrêter. Leur nombre, les cellules dormantes qu’ils avaient mises en place et tout, s’ils s’activaient, ils pouvaient effectivement descendre sur Ouagadougou fin décembre. Sauf si une force s’interposait, ce qui allait encore nous mettre dans l’esclavage. Quand on a pris nos responsabilités, vous avez vu qu’on a commencé à recruter au plan militaire, ainsi que des VDP pour essayer de contenir la menace. Aujourd’hui, l’armée est beaucoup plus équipée qu’elle ne l’avait jamais été et nous disons que l’équipement va encore venir dix fois plus performant que ce que nous avons. Nous allons continuer à recruter pour avoir une armée forte parce que pour conquérir l’indépendance et la souveraineté, tant que vous n’avez pas une armée forte, vous ne pouvez pas réussir. Nous allons continuer dans ce sens pour faire face à la menace.
Beaucoup de Burkinabè pensent qu’il faut la réconciliation nationale en même temps que la lutte contre le terrorisme. Que leur répondez-vous ?
C’est une phrase qui a emballé beaucoup de gens, mais il faut qu’ils arrêtent de s’emballer avec ça. Réconciliation nationale, qui est en conflit avec qui ?. Il faut se poser la question. Nous sommes en conflit avec des bandits armés qui tuent sans distinction et nous ne voulons pas nous réconcilier avec eux. Si c’est ça que les gens appellent réconciliation, nous ne voulons pas de cette réconciliation-là. Soit ils arrêtent, ils déposent les armes et reviennent à la république, parce que nous ne pouvons pas laisser des gens nous tuer et nous asseoir parler de réconciliation. Soit, nous allons combattre jusqu’à ce qu’ils soulèvent eux-mêmes le drapeau blanc et là, on verra.
Souvent, ce sont des termes que les gens emploient sans savoir de quoi il s’agit et nous recevons dans ce sens, des courriers de personnes qui nous écrivent pour soit disant nous donner des stratégies dans le sens de la cohésion sociale, la réconciliation nationale. Et quand vous les lisez ou les écoutez, on ne peut pas réconcilier les gens de cette façon-là car il y a des gens qui ont détruit ce pays ; s’ils ont des problèmes avec la justice ou avec la société, il faut les résoudre. Il faut que ces personnes reconnaissent ce qu’elles ont fait, c’est à dire qu’elles ont pillé et après, on pourra parler de réconciliation. Il ne s’agit pas de balayer cela du revers de la main tout ce qui s’est passé au nom de la réconciliation, ce qui serait une manière de consacrer l’impunité.
– L’armée burkinabè monte en puissance, mais est-ce que le président peut nous rassurer que nous allons recouvrer en 2025 les 30% du territoire encore sous contrôle terroriste ?
– Les initiatives présidentielles visant à faire du Burkina, un pays émergent sont à saluer. Mais que répondez-vous à ceux qui pensent que vous devriez uniquement faire la guerre ?
– Les forêts étant les nids des groupes armés terroristes, le gouvernement a t-il prévu un plan d’équipement et de déploiement des Eaux et forêts pour libérer ces forêts ?
– Est-ce qu’il est envisagé l’ouverture de commissariat dans les communes qui n’en disposent pas ?
Le souhait est que si demain, on peut reconquérir les 30% du territoire restants, on le fait. Toujours est-il que nous allons nous mettre à l’œuvre car comme vous l’avez constaté ces derniers temps, l’intensité des opérations a un peu baissé à cause de la saison pluvieuse. Les opérations vont être relancées puisque la saison des pluies est en train de finir. Une partie du matériel que j’ai remis dernièrement n’est pas encore visible sur le terrain. Les militaires s’entrainent très bien et dans quelques jours, la lutte va reprendre de plus belle et nous espérons reconquérir très vite, reverdir autant que possible. Dans notre jargon militaire, reverdir, c’est avoir des espaces où les gens vont faire du tourisme, faire tout ce qu’ils veulent en toute liberté, vraiment free comme on le dit, sans crainte. C’est ce que nous sommes en train de préparer dans un tandem défense/sécurité car autant que faire se peut, les forces de défense qui sont en première ligne évoluent et il faut qu’en arrière, on réorganise les forces de sécurité pour assurer la pleine quiétude des populations. Donc, l’année 2025 est décisive dans la reconquête des 30% restants.
S’agissant des forêts, nous sommes dessus. Quand nous sommes arrivés aux affaires, nous avons aussi évalué la situation des Eaux et forêts et c’était un constat amer. Les Eaux et forêts étaient là, dans leur poste, dix (10) agents avec une seule arme ! Quand on fait des années sans toucher une seule arme, ce qui est le cas de beaucoup d’entre eux, c’est compliqué de dire aujourd’hui qu’on peut les injecter dans la bataille. Les forêts sont le champ des militaires et ils les fouillent actuellement pour les libérer avant d’installer les Eaux et forêts pour la consolidation. Il y a certaines unités des Eaux et forêt qu’on a pris un peu partout, qu’on recycle afin de les mettre à niveau de sorte que lorsque les militaires vont finir certaines portions, eux puissent s’y installer.
Certaines forêts à l’intérieur du pays ont été libérées par les militaires et les Eaux et Forêts qui ont été recyclés se sont réinstallés. Nous les avons rééquipés et allons les faire monter en puissance au fur et à mesure afin qu’ils puissent contenir après le passage des militaires.
Se consacrer uniquement à la guerre ?
Il y a des gens qui connaissent trop aussi et je ne sais pas comment ils analysent la situation. Qu’est-ce qui a amené la guerre ? Certes, il y a des puissances extérieures qui manipulent des gens, mais qu’est-ce qui expliquent qu’ils arrivent à les manipuler ? Il faut se poser plusieurs questions et se dire qu’on ne peut pas faire la guerre aujourd’hui sans développer. Le faire, c’est commettre une erreur. Je le dis et redis : si on se met à faire uniquement guerre, guerre, guerre, on va tuer tous les jeunes du Burkina ! S’ils n’ont rien à faire, ils vont se faire enrôler par ces gens, des individus qui viennent de l’extérieur et qui leur vendent des illusions. Ou encore, certains vont se mettre au braquage ! D’ailleurs, aujourd’hui, dans certaines zones, les braqueurs sont presque confondus aux terroristes. Si ces bandits sortent sur une route et arrêtent les cars, il est évident qu’ils vont combattre si d’aventure, ils tombent sur une patrouille. Ils vont combattre les militaires comme le font les terroristes. Si les gens n’ont pas de travail, que vont-ils faire ? L’oisiveté, c’est mère de tous les vices. Donc, on ne peut pas faire la guerre sans développer, il faut créer de l’emploi, il faut occuper la jeunesse pour que certains qui avaient l’intention d’aller vers des itinéraires pas commodes, y renoncent et se concentrent pour travailler.
Quand on nous dit qu’il faut juste s’occuper de la sécurité, soit on n’est pas de bonne foi, soit on ne comprend pas exactement la nature de cette guerre. Pourquoi dans les pays développés, il n’y a pas ce genre de guerre, mais dans nos pays soit disant pauvres, appauvris ! Donc, il faut qu’on reprenne nos richesses et qu’on donne du travail à la jeunesse. C’est la solution pour ramener la sécurité.
Ouverture de commissariat de police dans les communes qui n’en ont pas ?
Si vous avez suivi, nous avons modifié récemment lors d’un conseil des ministres l’architecture de la sécurité avec désormais la gendarmerie qui va s’occuper de certaines communes rurales, et la police qui va se recentrer sur certaines commune urbaines. Le découpage a été fait et nous avons donné un délai à ces deux forces pour se réorganiser et s’adapter. Je pense que c’est déjà en cours dans plusieurs zones et les policiers ont commencé à prendre leurs positions ainsi que les gendarmes qui vont aussi aller vers ces positions. Dans le répertoire, il y avait beaucoup de communes où il n’y avait ni commissariat, ni de gendarmerie pendant que dans certaines villes, on se retrouve devant une situation où les postes sont doublés ; police et gendarmerie sont là ensemble, se piétinent et n’arrivent pas à faire leur travail.
C’est partant de ce constat que nous avons décidé de prendre des textes pour situer la zone de responsabilité géographique de tout un chacun afin que toutes les communes aient la présence d’une force de sécurité. Donc, ça va arriver, le décret est là, et il y a un délai de mise en œuvre que personne ne doit dépasser et nous suivons ça de très près.
– Malgré certains progrès, la situation sécuritaire reste difficile dans certaines régions du pays ; quels sont les principes obstacles pour la sécurisation du pays ?
– Que prévoit le gouvernement pour les VDP engagés dont l’âge est avancé et qui ne peuvent pas être recrutés comme certains ?
– Des ressortissants de la région de l’Est utilisent les numéros du Bénin pour les appels au Burkina ; leur comportement semble suspect, pourquoi ne sont-ils pas interpelés ?
– La dénonciation des accords avec la France a marqué un tournant décisif dans la politique étrangère du Burkina ; quel impact ces décisions ont eu sur notre sécurité et nos alliances internationales ?
Comme je le disais tout à l’heure en parlant de rendre les espaces complètement verts, on peut avoir reconquis des territoires, installé les forces, mais l’ennemi peut toujours faire souvent des incursions ; parce que c’est une certaine guérilla, ça peut arriver. Aujourd’hui, nous devons préparer une certaine logistique pour lancer les combats dans les prochains jours, la phase décisive pour reverdir totalement certaines zones, les pluies étant presque finies. Cette phase, nous ne pouvons pas la détailler ici, mais beaucoup de choses seront faites. Il faut que tous les espaces que nous avons reconquis et qui connaissent des incursions, soient reverdis afin que ces gens ne puissent plus faire d’incursions. C’est tout cela qui nous a amenés à articuler les forces de sécurité pour que, lorsque nous allons mettre tout ce dispositif en place, chacun s’installe dans sa zone. Le renseignement et les VDP qui sont sur place doivent permettre d’empêcher toute incursion. C’est vous dire que c’est un processus et je pense que tout est fin prêt pour que certaines zones soient totalement vertes et assurées.
Qu’est-ce qui est prévu pour la reconversion des VDP qui ne peuvent plus entrer dans la fonction publique ?
Nous avons notre plan pour leur reconversion, c’est comme les militaires qui arrivent à la retraite ; si vous remarquez, avec l’initiative présidentielle pour l’auto-suffisance alimentaire, nous avons lancé déjà un programme dans l’armée et il y a des reportages dessus, pour apprendre à certains militaires qui ont un certain âge à se reconvertir petit à petit à l’agriculture, à l’élevage ou à certains métiers de leur choix. Il y a aussi des gens qui font des spécialités, comme par exemple ceux qui ont fait du génie, ou dans d’autres entreprises pour exprimer leurs potentialités ; donc, ce sera la même chose pour les VDP. Quand je suis allé à Bagré, j’ai échangé avec beaucoup de VDP et j’ai vu qu’il y avait des personnes qui ne pouvaient pas être recrutées et qui avaient déjà demandé des terres au bord de certains points d’eau pour l’agriculture. Nous avons instruit la VBDP pour tout mettre en œuvre afin que ces gens puissent s’installer et produire. Nous encourageons donc les VDP à s’orienter vers ces activités en même temps qu’ils font la guerre car c’est une formation qu’ils reçoivent et ainsi une fois désengagés, on puisse les aider à s’installer dans leur domaine de prédilection pour continuer leurs efforts de contribution au développement du Burkina Faso
Appels suspects à l’Est
La complicité aussi est très grande et rend très difficile le combat, mais nous prenons la complicité comme une difficulté à surmonter.
La zone de Madouari comme il l’a dit et certaines zones à l’Est qui ne sont pas accessibles, font partie des 30% du territoire que nous devons reconquérir. Ce sont des zones de forêts, des zones assez difficiles en termes de combat, mais des individus qui prennent des numéros étrangers qui appellent, c’est qu’ils ont peut-être d’autres intentions, ou sont déjà mêlés à des choses. Mais nous attendons d’arriver sur le terrain, reconquérir et voir ce qui peut être réservé à ces gens-là. C’est ce que je peux dire pour l’instant sur la question, mais nous savons que des gens ont déjà été interpelés en lien avec des terroristes qu’ils ravitaillent par des pistes détournées. Il il n’y a pas à s’inquiéter car je sais que Madouari, on va y arriver.
Dénonciations des accords avec la France et conséquences sur la sécurité
Je disais tantôt que notre action est intrinsèquement liée à beaucoup de personnes à l’étranger ; donc la dénonciation des accords avec la France, c’est une chose, mais il y a d’autres choses qui ne sont pas visibles. Il y avait d’autres forces en plus des forces françaises ici, et quand on les a fait partir, elles sont parties dans le silence, sans faire de bruit et les gens ne s’en sont pas rendus compte. Elles ne sont pas parties parce quelles veulent, mais parce quelles ont été contraintes et continuent d’agir contre nous. Je prends par exemple les accords avec la France, mais il y a aussi des permis miniers qui avaient été donnés à des puissances qui refusent carrément même de nous accompagner. Aujourd’hui, il y a un grand nombre de permis que moi j’ai déjà retirés et on va continuer. Vous pensez que quoi, que ça va forcément influencer sur nous parce qu’ils ne sont pas contents ? Sur le volet militaire, il faut qu’on s’apprête et c’est pourquoi au tout début, nous n’avons pas parlé des permis, on a attendu d’être à un certain niveau d’information avant d’agir, c’est par étape.
– Vous avez entrepris la réorganisation de l’armée avec la création de nouvelles unités et une nouvelle stratégie. Qu’en est-il aujourd’hui ?
– La situation humanitaire est préoccupante ; quelle est stratégie mise en œuvre pour la protection et le retour des déplacés internes ?
Beaucoup de gens ont déjà rejoint leur localité mais souvent, même si on y a mis pied, on a dit aux gens de ne pas venir d’abord, d’attendre parce que chaque localité n’est pas vue sous le même angle par les terroristes. Dans cette guerre, certains localités sont géographiquement stratégiques plus que d’autres. Donc, là où nous avons reconquis le terrain, on n’a pas permis aux gens de revenir parce qu’il y a un travail de fond qui doit être fait en arrière avant de faire installer les populations. Ceux qui se sont installés ont pu passer la saison sans problème, en toute sécurité et nous allons réinstaller les populations dans d’autres zones à la sortie de la saison des pluies. Nous sommes conscients qu’il y a une situation humanitaire à prendre en compte puisque les gens n’ont pas pu cultiver ; des mesures sont prises pour les accompagner jusqu’à la saison prochaine. Et si on peut faire certaines choses avant la saison comme les forages pour leur permettre d’avoir de l’activité, pourquoi pas ? Je peux vous rassurer que tout est pris en compte par le gouvernement notamment à travers le ministère de l’action humanitaire qui me fait le point en permanence chaque semaine. La ministre me renseigne sur l’état des lieux, ceux qui sont retournés, les mesures prises pour les accompagner, ceux qui doivent retourner et qu’est-ce qui est prévu pour les prises en charge, etc. Il y a des moments où je peux intervenir et réajuster certaines choses en fonction des différentes zones et je vois qu’il y a une dame qui a parlé de Bittou. A Bittou les gens sont là et je ne sais pas s’il y a un déplacé de Bittou qui est ailleurs. Dans certains villages du Centre-Est, des gens doivent y être installées et il y a un travail préalable à faire autour de certaines forêts avant de leur permettre de s’installer. Certes, les forces sont là, les délégués sont là mais on leur a dit de ne pas s’installer parce qu’on n’a pas terminé le travail.
– Augmenter le nombre de recrus pour libérer les zones sous emprise terroriste
Oui, nous sommes en train de recruter et sur les deux années, je pense qu’on est presque 30 000 personnes recrutées dans l’armée et les autres forces aussi ont recruté. Nous avons doublé, sinon plus, la masse de force de l’armée de terre mais nous allons à un rythme un peu lent parce qu’il y a beaucoup de choses à faire autour du recrutement. Si vous remarquez, nous avons d’abord recruté 5000, puis 10 000 et on est autour de 15 000 parce que la formation, il ne faut pas la bâcler. C’est l’occasion de remercier certains pays, notamment les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) comme le Niger, qui nous ont donnés un coup de main au départ en accueillant nos troupes pour leur formation. Aujourd’hui, depuis que nous avons pris notre destin en main comme on le dit, la plupart des Européens qui offraient des formations ont systématiquement fermé et certains pays qui sont nos voisins ont automatiquement aussi fermé les rapports militaires avec nous et ont même chassé nos stagiaires qui étaient chez eux. Nous avons répondu par la réciproque, mais nous avons compris que nous pouvons nous former, que nous n’avons pas besoin d’eux parce que c’est une question d’expérience. Dans la guerre, on se réadapte en permanence en prenant en compte certains paramètres pour les nouvelles recrues.
Nous allons à un rythme qui peut paraitre lent à leurs yeux, mais nous voulons aussi bien les former, bien les équiper pour qu’ils puissent être efficaces sur le terrain parce que la menace grandit.
Notre stratégie produit des résultats car si on n’avait pas réorganisé et créé des unités organiques, on ne pourrait pas tenir. Quand on a pris notre virage, vous avez vu que l’intensité des combats est montée d’un cran et il fallait s’adapter automatiquement. Chez nous dans l’armée, quand on dit une unité, ce sont des gens qui vivent ensemble, qui se connaissent et qui combattent ensemble et quand il y a une situation, ils sont tous prêts à mourir ensemble. Or, depuis longtemps, nous ne combattons pas vraiment en unité, mais comme on le dit dans notre jargon, c’est des cotisations. Chaque corps envoie quelques soldats, on les rassemble et on les dépose quelque part. C’est difficile de combattre dans une situation où sur le terrain, vous ne vous connaissez pas bien, vous n’êtes pas habitués, vous ne connaissez même pas le nom de votre camarade. Or, ça doit être comme dans une équipe de football, mais si on se met à rassembler des gens qui ne se sont jamais vues, qui ne se connaissent pas, c’est très difficile. Tous nos détachements et unités étaient ainsi constitués et il fallait tout changer. Moi, j’ai été sur le terrain avec des hommes que je ne connaissais pas et vous ne savez pas quoi faire. Aujourd’hui, nous avons des unités organiques qui ont permis de faire face à la situation ; nous avons créé beaucoup de Bataillon d’intervention rapide (BIR) et au niveau de la police, nous avons réorganisé en Groupement des unités mobiles d’intervention (GUMI) dont une dizaine qui ont pu contenir la situation dans certaines zones. Au niveau de la gendarmerie, je pense qu’on a créé trois unités qui assurent la sécurité sur certains axes stratégiques. Nous allons continuer à en créer dans l’armée de terre et mettre fin à ces détachements où il y a des cotisations. Il nous faut donc des unités organiques et nous allons continuer dans ce sens-là afin d’avoir une armée bien structurée, bien organisée et des unités dignes de ce nom.
Quelle coordination de la lutte faut-il mettre dans l’espace AES au regard des attaques qui se multiplient ?
La coordination se passe très bien et comme vous l’avez dit, les attaques qui se multiplient visent en réalité l’AES. Voir des Africains s’unir, ce n’est pas bon pour certains et il faut tout faire pour casser cette Alliance. On comprend leur objectif et c’est pourquoi très tôt, nous avons commencé à mettre immédiatement dans chaque pays, des officiers de liaison. Il y a des Burkinabè au Mali et au Niger qui participent au centre des opérations, puis des Maliens et Nigériens au Burkina, ainsi de suite. Dans chaque pays, il y a des équipes qui ont été aussi dépêchées pour faire office de liaison et coordonner au niveau des centres des opérations tout ce qui se fait en interarmes. Je vous ai tantôt parlé de la formation, on a fait beaucoup de formations ensemble et si vous vous souvenez dès le départ, il y a des gens qui ont signalé entre-temps, la présence au Burkina des forces spéciales guinéennes. Elles sont venues nous aider à former et dans l’AES, on a eu beaucoup de formations ensemble. Vous avez dû entendre des rumeurs sur la présence des forces burkinabè à l’aéroport de Niamey ; on a fait de l’entrainement et des combats ensemble. Chaque semaine que Dieu fait, vous allez trouver des forces armées burkinabè, nigériennes, maliennes ensemble en train de faire des manœuvres et on peut dire que la coordination est actuellement plus que parfaite. Que ce soit par les moyens terrestres ou par des vecteurs aériens, nous arrivons très bien à coordonner et à nous appuyer mutuellement. Actuellement, c’est la force sahélienne qui est en gestation, ce que vous appelez force conjointe ; il y aura un état-major unique qui sera mis en place avec une très grande force pour pouvoir agir dans tout l’espace AES. C’est quelque chose qui peut prendre peut-être quelques mois, mais nous sommes là-dessus.
– Certains souhaitent qu’on relève l’âge du recrutement dans l’armée pour permettre à beaucoup de personnes d’y participer.
– La mobilisation des ressources insuffisante pour faire la guerre est insuffisante. Comment combler le gap ?
– Pourquoi l’ancien président Damiba n’est toujours pas extradé au Burkina ?
Sur Damiba, je pense que depuis un certain temps donné, il y a eu ses implications avérées dans ces projets de déstabilisation, mais dans le dernier projet, il y avait quand-même un lien avec des terroristes. Nous avons donc repris les discussions avec les autorités togolaises, nous aurions peut-être pu nous voir aujourd’hui même, mais à cause de ce débat que je devais avoir avec mon peuple, j’ai décidé de surseoir à cette réunion. Nous sommes là-dessus et en toute honnêteté, nous n’avons pas voulu aux premières heures nous comporter de manière désagréable avec un ancien président, car, quoi qu’on dise, c’est un ancien président. Nous avons dit aux autorités togolaises qu’il peut rester là-bas. Nous n’avons aucun problème et nous communiquons très bien sur tout ce qui se passe avec les autorités togolaises et il n’y a vraiment pas de soucis sur ce volet. Dès qu’il recevait certaines visites et qu’il menait certaines actions, les autorités togolaises nous avertissaient. Je pense qu’elles doivent être aussi choquées et surprises de découvrir ce qu’il y a. Mais nous nous sommes déjà parlé, mais comme on ne peut pas parler de certains sujets sensibles au téléphone, nous devons nous voir physiquement pour en parler et une fois que ce sera fait, vous serez situés sur cette question.
Donc vous rassurez l’opinion que très prochainement, il sera extradé ?
Je ne rassure pas, mais j’espère. Dire que je rassure, ce serait mentir tant que ce n’est pas fait, je préfère vous dire que j’espère.
Relever l’âge de recrutement des FDS
Je pense qu’on a déjà relevé hein, et si on doit relever trop, je crois qu’ils n’auront pas beaucoup de temps d’activité. L’année passée, quand nous sommes passés à l’université de Fada, les étudiants avaient exprimé le souhait qu’on relève l’âge pour qu’ils puissent participer au concours de recrutement de la gendarmerie qui avait été lancé. J’ai immédiatement instruit de reprendre le communiqué pour relever l’âge de deux ans et ça été fait. Actuellement, nous sommes allés jusqu’à 35 ans pour les soldats et à l’académie où il y a un âge restreint, ils ont refait le communiqué et réhaussé l’âge ; je pense que ce n’est déjà pas mal pour ce qu’on a déjà fait. Si on réhausse trop, on va recruter des personnes qui ne seront pas forcément aptes physiquement à suivre le rythme de la formation et ça peut poser un problème de vieillissement dans l’armée dans quelques années. Nous allons néanmoins continuer d’étudier la question.
Mobilisation des ressources
En tout cas, le défi sécuritaire est énorme et la mobilisation est certainement insuffisante même si ça permet de faire certaines choses. Il y a certains partenaires qui ont accepté nous accompagner dans l’acquisition d’équipements, mais ce n’est pas suffisant. Nous sommes en train d’étudier certains sujets et espérons réunir des arguments pour les porter au peuple et ce sera à lui de décider si on peut faire autre chose pour mobiliser davantage les ressources ou pas.
Depuis que nous sommes là, nous n’avons jamais réussi à mobiliser quelque part un franc sous forme de prêt pour nous équiper.
Nous avons donc vite compris cela et c’est pourquoi, nous avons demandé au peuple de financer et nous essayons de faire avec. D’ici là, des équipements vont arriver et lorsqu’on va lancer la bataille, s’il y a nécessité d’accroitre le rythme de la mobilisation des ressources, nous porterons les arguments donc à la connaissance du peuple qui décidera de ce qu’il y a lieu de faire
– Est-ce que la mine de Poura est dans l’agenda du gouvernement ?
– Quid de la remise à plat des salaires ?
– Qu’est-ce qui est fait pour assurer la libre circulation des populations dans l’espace AES sans rackets ?
– Pourquoi ne pas créer une banque des céréales dans les régions qui sera alimentée par les producteurs ?
– Qu’est-ce qui est fait pour le désensablement du Lac Bam ?
– A quand la monnaie AES ?
Il faut dire que toutes les mines d’or sont inscrites actuellement dans notre agenda parce que pour l’or quand même, nous savons l’exploiter et je ne comprends pas pourquoi on doit laisser des multinationales venir exploiter notre or. Il faut savoir qu’il y a des permis qu’on est en train de retirer et la mine d’or de Poura fait partie des mines qu’on doit exploiter.
L’APEC a commencé sa production avec sa première mine dans le Sud-ouest et nous allons leur octroyer des permis quand ils vont monter en puissance. L’autre société qu’est la SOFAMIB est actuellement opérationnelle et c’est avec elle que nous avons payé les deux mines, Boungou et Waën. D’autres mines dont Poura font partie de la liste.
Quant à la remise à plat des salaires, c’est à dire les inégalités sociales, beaucoup de gens la réclament et c’est une question qu’on va devoir attaquer tôt ou tard. Quoi qu’on dise, il y aura des grincements de dents mais on est obligé de s’attaquer à ce problème afin que chacun puisse vivre dignement comme on le dit.
Nous avons souhaité d’abord nous mettre un certain nombre de lignes, étudier et voir ce qui peut être fait en général. Car, il faut connaitre d’abord ses forces, son potentiel et c’est ce que nous sommes en train de faire dans le secteur minier. Si nous prenons possession de nos mines et que nous arrivons à faire baisser la température de cette guerre, peut-être qu’on aura pas besoin de remettre à plat et diminuer les salaires. Nous verrons comment remettre à niveau certains salaires, mais pour l’instant, nous continuons d’observer la situation. Nous allons évaluer nos dépenses militaires pour l’année 2025 et nous verrons s’il faut les diminuer ou les accroitre. Après, on verra si la situation nous permet de rehausser le niveau des salaires de certains et équilibrer un peu parce que c’est vraiment disparate. Parce que certains ont des salaires incommensurables par rapport aux autres qui trainent vraiment le pas et nous comptons équilibrer la balance. Notre souhait, c’est ne pas baisser les salaires de certains, mais voir en fonction de nos potentialités ce qu’on peut faire pour mettre tout le monde au même niveau.
Libre circulation dans l’AES
Je pense que cette question de racket est à l’ordre du jour et des instructions fermes ont déjà été données aux ministres de la Sécurité pour commencer vraiment à sévir contre cette question de racket.
Il y a des dossiers en justice sur certaines personnes et j’ai donné des instructions pour accélérer le processus ; on m’a donné des assurances qu’ils sont dans des enquêtes parce que le réseau est plus large qu’on le pensait. Les rackets ne sont pas de bons comportements surtout que ce sont malheureusement des forces de sécurité qui le font au moment où nous voulons aller dans l’union, dans la confédération. Cette semaine, je pense que les experts des identifications de la sécurité se sont réunis à Bamako et l’objectif, c’est d’harmonier un certain nombre de documents de voyage mais aussi d’identité. Il y aura une carte d’identité et le passeport AES qui doivent voir le jour ; nous devrons pouvoir circuler librement sans rackets et nous mettrons aussi dans chaque pays un certain nombre de dispositions qui permettent aux usagers d’en rendre compte, c’est à dire, dénoncer des cas de rackets.
Déjà au Burkina Faso, nous avons pris beaucoup de mesures qui sont actuellement en train d’être mises en œuvre, notamment le centre d’appel, les dénonciations qui peuvent être faites jusqu’à la présidence du Faso. Il y a un plan pour sévir au-dessus de toute considération et le KORAG est instruit pou enquêter sur toute forme de corruption et de rackets ou de dossiers mal gérés. Dans les jours à venir, il y a des choses qui vont sortir et nous allons instruire la justice de prendre des mesures nécessaires pour que des individus qui seront pris dans des situations comme ça puissent payer.
Banque de céréales dans chaque village alimentée par les producteurs
C’est une bonne question et je vois qu’il a aussi parlé de la SONAGESS qui avait beaucoup de difficultés à accomplir sa mission. Nous avons changé la direction et actuellement, j’ai instruit le ministre d’accroitre le nombre de magasins SONAGES qui doit avoir ses camions à lui pour pouvoir transporter les céréales et les stocker. Jusque là, la SONAGES fonctionne sur des locations de camions et de magasins, ce qui ne lui permet pas d’être efficace. Voilà pourquoi actuellement, nous avons entrepris de construire des magasins dans certaines zones et d’acquérir des camions pour pouvoir rapidement desservir.
Il y a aussi l’APEC qui travaille sur le sujet avec ce qu’on appelle la banque de céréales. On a déjà ciblé les premières zones et je ne sais pas si les marchés sont déjà lancés ou pas, mais l’objectif est de constituer des centrales d’achat qui peuvent être assimilées à des banques de céréales.
Les paysans viendront y vendre leurs céréales qui pourront être revendues de manière très contrôlée et éviter la spéculation. Vous savez, quand les acheteurs vont bord-champ, ils imposent aux producteurs le prix qu’ils veulent et ils sont souvent contraints de céder certaines céréales. Ensuite, les acheteurs reviennent revendre en dehors de tout contrôle des prix. Résultat, le producteur se retrouve sans rien au bout de plusieurs mois de dur labeur. Nous avons pris tout cela en compte et l’APEC va créer dans plusieurs communes des centrales d’achat et qui vont permettre de soulager beaucoup la population.
Projet de désensablement du lac Bam
Le ministre de l’Agriculture est allé là-bas il n’y a pas longtemps et il est venu me faire le point de la situation. Nous sommes là-dessus. Actuellement, le volet sécuritaire était aussi un facteur limitant mais je peux vous assurer qu’autour du lac, beaucoup de choses sont en train d’être faites et ceux qui sont sur le terrain ou autour doivent pouvoir constater cela. On ne va pas tout déballer ici mais, l’essentiel qu’il faut savoir, c’est qu’il faut réaménager le lac et le rendre plus viable, ce qui profitera à beaucoup de personnes.
– Pourquoi ne prend t-on pas en charge tous les cancers à Bogodogo ?
– Quelles sont les solutions que vous comptez apporter aux inondations du pont Hérèdougou, sur la RN1 ?
– Comment comptez-vous réduire le nombre de demandeurs d’emplois dans la fonction publique ?
Nous avons un programme et des objectifs en matière de santé tout comme je le disais plus haut sur l’Education, qui doit être gratuite au Burkina Faso. Je ne peux pas dire exactement combien de temps ça va prendre, parce qu’on est en train d’évaluer nos potentiels pour voir ce que nous pouvons faire nous-mêmes.
Il y a certaines maladies que nous cherchons à prendre en charge nous-mêmes et une des solutions réside dans les cliniques mobiles que nous avons lancées. Avant, pour des cancers du sein, il fallait débourser beaucoup d’argent pour faire une mammographie, ce qui n’est pas accessible à tout le monde. Aujourd’hui, il faut rendre grâce à Dieu, dans beaucoup de régions, c’est gratuit. Nous avons un centre dans le Sud et le deuxième est en train d’être achevé à Bobo, ce qui va augmenter la capacité d’accueil. Mais si on dit qu’on peut prendre en charge gratuitement tous les cancers, ce serai mentir et c’est pourquoi nous avons choisi le cancer des enfants de moins de 16 ans, le cancer du col de l’utérus, du sein et la prostate. Pour l’instant, on ne peut pas prendre en charge tous les cancers et il ne faut mentir aux gens qui vont affluer vers les centres et qui seront déçues. Nous allons étape par étape et au fur et à mesure, beaucoup de choses peuvent être très bien faites au Burkina Faso.
S’agissant du pont Hérèdougou où l’eau déborde chaque année, nous sommes interpellés parce que cette année, la route est restée quand-même bloquée sur une longue période. Lors du conseil des ministres passé, j’ai dit au ministre de l’Agriculture de voir avec l’ONBAH et me faire une proposition de solution quand le niveau de l’eau aura baissé.
Je pense que nous laissons passer beaucoup d’eau et il faut construire un très grand barrage assez profond en remontant vers Ouri. Ce sont des instructions que j’ai données au ministre afin qu’il y ait une grosse retenue d’eau avec une très grande digue et une double voie à ce niveau. C’est une opportunité de stocker de l’eau et il faut convaincre les populations dont on me dit qu’elles rechignent à s’y installer. On doit communiquer avec elles et leur faire comprendre que c’est pour leur propre bien, car s’il y a un milliard de m3 retenue là-bas, ça va leur profiter. Nous attendons donc que le niveau des eaux baisse et on va lancer les études en concertation avec les populations.
Solution pour réduire le nombre de demandeurs d’empois dans la fonction publique
Nous sommes en train de promouvoir d’autres types d’emplois que ceux de la fonction publique en encourageant la création de PME. Dans cette optique, nous avons fusionné les différents fonds existants pour créer un fonds unique qui doit permettre de soutenir efficacement les initiatives des jeunes. Par ailleurs, nous misons sur les activités de production dans l’agriculture et l’élevage parce que, vous le savez sans doute, nous importons beaucoup de produits céréaliers et notre souhait est que les gens repartent vers la terre avec un accompagnement.
Dans la plupart des zones où il y a de grands barrages, beaucoup de jeunes se sont mis à la pisciculture à cage flottante. J’ai vu les images de cette pisciculture à Samandéni et c’est carrément une industrie qui s’est mise en marche. Il faut ramener les jeunes à la production au lieu d’importer parce qu’en plus, cela va créer beaucoup d’emplois. C’est une activité qui n’était pas valorisée par le passé et nous sommes en train de tout faire pour que les jeunes reviennent à ces fondamentaux-là.
– Pouvez-vous nous donner des détails sur le projet Faso rails ?
– Qu’est-ce qui est fait pour soulager les populations face aux prix élevés des vivres ?
– Le projet de loi sur la révision de la devise retiré de l’ALT ; qu’est-ce qui empêche le déroulement du processus ?
– A quand la fin de la corruption au Burkina ?
Sur Faso rails, nous sommes partis du constat qui est que les rails que nous avons actuellement ne sont vraiment pas modernes avec des locomotives qui ne sont pas aux normes internationales.
Aucune locomotive au monde ne peut rouler sur ces rails-là alors que nous voulons des rails pour des trains modernes ; c’est ce qui nous a conduits à prospecter le monde à la recherche de partenaires. Nous nous sommes rendus compte que le coût est très élevé en termes d’achat. Le dernier dossier que j’ai vu indiquait entre 17 et 18 millions d’euros pour un un (1) km de rails, soit plus de 10 milliards de FCFA.
En faisant le calcul, avec 300km, on est à 3000 milliards de F CFA. Trop cher ! Du coup, au lieu de s’endetter pour acquérir les rails, nous avons préféré créer de l’emploi au Burkina en mettant en place une usine qui va produire et poser les rails. Nous avons prospecté et tout est en bonne voie puisque nous sommes dans la phase d’établissement de contrats avec les partenaires qui veulent nous accompagner. Si le projet voit le jour, ça va desservir beaucoup de zones dans le pays.
A quand la fin de la corruption au Burkina ?
La fin de la corruption ? Si on dit que la corruption peut finir totalement, ce serait mentir, mais nous travaillons à la diminuer de manière drastique. Si on n’avait pas atteint un certain niveau, on pourrait s’en sortir rapidement.
Beaucoup de gens ont dit qu’on ne pourra pas payer les salaires, qu’on ne pourra pas faire ceci ou cela, mais nous sommes là, on paie les salaires, alors qu’il n’y a pas ressources supplémentaires. C’est que la gestion a changé et nous allons serrer et sévir.
Je l’ai déjà dit plus haut, le KORAG va sortir des dossiers et instruire la justice de se mettre dessus. Il y a de très gros dossiers de corruption et lorsqu’on va se mettre dans les poursuites-là, ça va faire baisser un peu la température de la corruption.
Projet de loi sur la devise retiré
Non, ça n’a pas été retiré, il y a juste un paramètre que nous avons ajouté et c’est reparti immédiatement le soir même à l’Assemblée législative de transition (ALT). Le processus se poursuit donc.
– Un mot sur le 65è anniversaire de la radio nationale
Merci à Radio Burkina pour le travail abattu durant toutes ces années surtout dans un contexte de crise, pour toucher nos populations au fin fond de nos villages. Parce que la radio est aujourd’hui un instrument d’information et de sensibilisation. Félicitations à tout le personnel et joyeux anniversaire à l’avance en espérant que vous allez continuer d’éduquer notre population. Pour notre part, nous mettrons tout en œuvre pour améliorer vos conditions de vie et de travail et vous accompagner dans votre tâche.
Quant au peuple des « Hommes intègres », mon peuple à qui j’ai souhaité m’adresser une fois de plus, je lui adresse mes félicitations et mes encouragements à tous ceux qui se battent pour notre patrie, qu’ils soient FDS, VDP ou civils, parce que chacun de sa position, se bat.
Il y a beaucoup d’évènements qui se passent et se présenter les condoléances, c’est se les présenter à nous-mêmes parce que nous sommes tous frères et sœurs. Et lorsqu’il y a un décès dans une famille, ça nous affecte tous. Je profite donc du micro pour présenter mes condoléances à tous ceux qui ont perdu des êtres chers et souhaiter prompt rétablissement à tous ceux qui sont actuellement blessés par l’effet du terrorisme.
Je demande aux surtout aux FDS et aux VDP de maintenir le cap ; je leur souhaite beaucoup de courage et que Dieu les protège dans leur combat. Que Dieu protège toutes ces populations résilientes qui se battent jour et nuit aux côtés de nos forces pour pouvoir maintenir le Burkina Faso debout. Merci à tous.
J’aurais dû répondre à certaines questions en langues nationales même si mon dioula et mon mooré ne sont peut-être pas soutenus comme on le dit, mais ce serait un plaisir d’ici là. J’ai d’ailleurs repris les cours avec le MENAPLN, pour apprendre le vrai dioula et le vrai mooré.
Propos retranscrit par Kaceto.net
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