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Ganzourgou : Une visite d’exploitations agricoles pour toucher du doigt les nouvelles techniques implémentées
Zorgho, (AIB)- Le 16 octobre 2024, une délégation composée de représentants de Solidar Suisse, de l’Association Beoneere Agroécologie et des autorités régionales et provinciales en charge de l’agriculture s’est rendue dans les communes de Méguet et Salogo pour visiter plusieurs sites agricoles. Cette visite s’inscrit dans le cadre du projet « Rilgré », une initiative ambitieuse financée par l’Agence belge de développement, Enabel, et mise en œuvre par Solidar Suisse en partenariat avec l’Association Beoneere Agroécologie. Ce projet vise à promouvoir les pratiques agroécologiques et à valoriser les productions agricoles locales, un enjeu majeur pour la résilience des communautés face aux défis climatiques.
Le premier arrêt de la mission a eu lieu dans le village de Boalghin, situé dans la commune de Salogo, où Mme Hado Kaboré, productrice de sorgho et de sésame, a mis en pratique les connaissances acquises grâce aux formations du projet Rilgré. Ayant appris à fabriquer du compost bio, notamment le bokashi, un mélange de terre de termitière, de déjections animales, de cendre et d’autres ingrédients naturels, elle l’a appliqué à ses cultures après avoir mis en place des cordons pierreux pour lutter contre l’érosion des sols. En plus du bokashi, elle a également fabriqué et appliqué un engrais liquide bio sur son champ de sésame.
Les résultats sont frappants : les tiges et épis de ses cultures sont nettement plus développés que ceux des champs voisins, où ces techniques n’ont pas été employées. Fière de son succès, Mme Kaboré a partagé ses nouvelles compétences avec d’autres membres de sa communauté, qui se disent prêts à adopter ces pratiques dans les saisons à venir.
La deuxième étape de la visite a eu lieu dans le village de Foulgo, également dans la commune de Salogo, où un champ-école a été mis en place pour expérimenter différentes techniques agroécologiques. Gueswendé Compaoré, un producteur local, y a testé l’utilisation du bokashi sur quatre parcelles distinctes : en fumure de fond, sur des billons, dans des demi-lunes et en technique Zaï (une méthode traditionnelle de conservation de l’eau). Au-delà de l’expérimentation, il a également mis en application ses apprentissages sur un champ de maïs de 3 hectares.
Les résultats sont tout aussi impressionnants, avec des épis de maïs robustes et des parcelles bien entretenues. Plus de 30 agriculteurs ont suivi ces expérimentations, et nombreux sont ceux qui ont exprimé leur volonté d’intégrer ces pratiques dans leurs propres exploitations dans les années à venir.
Le dernier site visité était une rizière collective située dans le village de Fatematenga, dans la commune de Méguet. Exploitée par une quarantaine de producteurs, dont 17 femmes, cette rizière couvre une superficie de 5 hectares. Bien que les techniques agroécologiques aient été appliquées et que le travail des producteurs soit remarquable, la récolte risque d’être compromise en raison de la faible disponibilité en eau, un facteur crucial pour la riziculture.
El Hadj Saïdou Kanazoé, représentant des producteurs, a exprimé sa gratitude envers les partenaires du projet pour leur soutien, tout en rappelant le besoin pressant de solutions durables pour améliorer l’accès à l’eau. L’irrigation demeure un obstacle majeur à la production de riz dans la localité, mais malgré ces défis, les agriculteurs continuent de travailler avec détermination.
Le représentant de Solidar Suisse, Julien Lompo, a rappelé que le projet Rilgré, lancé en juillet 2023, s’inscrit dans une logique de restauration des terres dégradées, de prévention de leur dégradation future et de développement de chaînes de valeur inclusives pour les producteurs locaux. Les activités du projet incluent la promotion de biofertilisants tels que le bokashi et la mise en place d’infrastructures de conservation des sols et de l’eau. Il a exprimé son souhait que ces initiatives se poursuivent au-delà des trois années initialement prévues pour le projet, espérant qu’elles deviennent un modèle à long terme pour la région.
La Directrice Régionale de l’Agriculture du Plateau central, Loumbana Béatrice Tinguéri, a également salué les résultats encourageants observés sur le terrain. Elle a souligné l’importance des formations en agroécologie, qui permettent aux producteurs d’adopter des pratiques durables et respectueuses de l’environnement, tout en augmentant leur productivité. Elle a encouragé les agriculteurs à vulgariser ces nouvelles techniques au sein de leurs communautés pour maximiser leur impact.
Bien que la faible pluviométrie ait été un obstacle majeur cette année, les résultats obtenus jusqu’à présent avec le projet Rilgré sont prometteurs. Les champs de sorgho, de sésame et de maïs qui ont bénéficié de ces techniques montrent des productions largement supérieures aux pratiques conventionnelles, un signe que l’agroécologie est une réponse durable aux enjeux climatiques et de sécurité alimentaire dans la région.
Le chef de projet Rilgré, Philippe Yanogo, a conclu en affirmant que les défis restent nombreux, mais que l’engagement des producteurs et les progrès réalisés démontrent que ces techniques peuvent changer la donne. Il a appelé les producteurs locaux à continuer de diffuser ces pratiques, afin de renforcer la résilience des systèmes agricoles et de garantir un avenir plus prospère pour leurs communautés.
Agence d’information du Burkina
MS/dnk/ata