Koudougou : Des acteurs plaident pour la reconnaissance juridique et la conservation des sites et des forêts sacrés
Koudougou, (AIB)-L’Association nationale des APAC du Burkina Faso (ASAPAC-BF) et l’Association Nature et Développement (NATUDEV) ont organisé, le vendredi 15 novembre 2024, à Koudougou, un débat public sur la nécessité de protéger les Aires et Territoires du Patrimoine Autochtone et Communautaire (APAC).
Les forêts villageoises, les forêts sacrées, les espaces communautaires d’élevage, les mares et rivières, les zones de conservation de la faune, ainsi que les Zones Villageoises d’Intérêt Cynégétique (ZOVIC) font partie des espaces communautaires regroupés dans les Aires et Territoires du Patrimoine Autochtone et Communautaire (APAC).
Le vendredi 15 novembre 2024, dans la cité du Cavalier rouge, des structures et associations membres des APAC ont échangé autour du thème : « La reconnaissance juridique de la conservation des APAC au Burkina Faso ».
Pour le président du conseil d’administration de NATUDEV, Alexis Kaboré, ce premier débat public a pour objectifs : faire connaître l’approche, les objectifs, les outils et l’importance des APAC pour le pays des ‘’Hommes intègres’’, ainsi que les difficultés et les enjeux liés à la conservation des sites naturels.
« L’un des problèmes majeurs, c’est le plaidoyer pour une reconnaissance juridique, car les populations font des efforts de conservation des espaces naturels importants, mais ces espaces peuvent être détruits un jour faute de documents légaux », a-t-il déploré.
Il a ajouté que ces discussions ont également pour objectif de faire comprendre au niveau international qu’il existe une nouvelle approche, reconnue pour sa pertinence dans la conservation de la biodiversité, et qui mérite d’être soutenue.
Les forêts villageoises et les sites naturels conservés par les communautés présentent des avantages considérables. Cependant, selon M. Kaboré, des menaces pèsent sur ces espaces. Il cite l’agriculture de rente, où les superficies cultivables sont étendues, les exploitations minières, les projets immobiliers, l’utilisation d’intrants chimiques et la croissance démographique, qui ne sont pas favorables à la conservation.
« Dans les sept régions où nous intervenons, nous avons recensé 55 000 sites et nous continuons d’en recenser. Le Burkina Faso compte actuellement au moins 9 000 villages, et certains villages disposent de plus d’une dizaine de sites », a-t-il précisé.
Pour atténuer ces menaces, des actions de sensibilisation, des formations, des plaidoyers et des aménagements sont menés, accompagnés de panneaux de sécurisation et de conservation de ces sites.
Des motifs de satisfaction
Seydou Kaboré, chargé de la gestion d’un site sacré à Kalwaka, dans la province du Boulkiemdé, a souligné que l’arrivée de l’ASAPAC a été un véritable soulagement. « Il n’y a plus de coupe de bois, nos forêts sont devenues denses et nous ne sommes plus exposés en faisant nos rituels », a-t-il indiqué.
Les APAC ont commencé en 2016 au Burkina Faso et, au regard des actions déjà menées, le président du conseil d’administration de NATUDEV s’est dit satisfait des résultats obtenus. Un réseau national a été constitué, composé essentiellement de membres de communautés locales, qui conservent des sites.
« De cinq communautés au départ, nous sommes actuellement à 11 communautés, et une vingtaine de communautés sont prêtes à adhérer », s’est réjoui Alexis Kaboré. Il a ajouté que les APAC sont désormais inscrites dans les documents de politique nationale.
Le directeur des affaires juridiques et du contentieux du ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, Gontran Somé, a, pour sa part, souligné que certaines notions, comme les forêts villageoises et les bois sacrés, ne sont pas spécifiquement mentionnées dans le code forestier.
Cependant, cela ne signifie pas, selon lui, que les communautés n’ont pas de droits sur ces espaces. « Le code stipule que la gestion de ces espaces se fait librement, sous réserve de déclaration préalable », a-t-il rappelé.
Il a précisé que, même si un statut particulier pour les forêts villageoises et les bois sacrés était mentionné dans le code forestier, cela ne garantirait pas une sécurisation foncière, et que l’investissement des communautés pourrait être remis en cause à tout moment.
« Les communautés doivent donc aller vers la sécurisation foncière. Toute personne ayant entrepris des démarches foncières et possédant un titre foncier sur les terres où se trouvent ces forêts et sites sacrés pourrait remettre en cause l’investissement », a-t-il expliqué.
Les perspectives des APAC se concentrent, entre autres, sur l’aspect juridique, la mobilisation des ressources financières, la recherche de partenariats et le renforcement du réseau national, afin qu’il devienne plus autonome.
Agence d’information du Burkina
Afsétou SAWADOGO
Claudine BATIANA
(Stagiaire)