La Coalition Nationale pour l’Éducation Pour Tous (CN-EPT) a présenté, ce 22 novembre 2024, une analyse sur la mise en œuvre des indicateurs du Plan Sectoriel de l’Éducation et de la Formation (PSEF) pour l’année scolaire 2022-2023. Cette évaluation vise à mesurer les progrès réalisés par le Burkina Faso pour atteindre l’Objectif de Développement Durable 4 (ODD4), qui promeut une éducation inclusive et de qualité pour tous.
Le rapport de la coalition identifie des progrès variables selon les différentes cibles de l’ODD4. Malgré un contexte économique et sécuritaire difficile, certains sous-secteurs éducatifs montrent des signes encourageants.
« Après examen des sept cibles de l’ODD4 liées au PSEF, nous constatons qu’une cible est en retard, cinq sont en progrès mitigés, et une seule est en bonne voie », a déclaré Tahirou Traoré, coordinateur de la coalition.
Ainsi, l’enseignement secondaire enregistre une légère amélioration avec un taux de scolarisation passant de 33 % en 2021 à 35 % en 2023. L’enseignement technique et professionnel, bien qu’encore limité par le manque d’infrastructures, bénéficie d’un intérêt croissant de la part des autorités et des acteurs du secteur, avec une augmentation de 15 % des inscriptions en deux ans.
Dans le domaine de l’égalité des sexes, des avancées notables sont à souligner, notamment au niveau de l’enseignement primaire où les indices de parité montrent que 97 filles sont inscrites pour 100 garçons en 2023, contre 93 en 2021. En parallèle, l’introduction de nouveaux contenus pédagogiques en lien avec le développement durable constitue une avancée importante pour sensibiliser les apprenants à des enjeux cruciaux.
Sur le plan financier, des efforts ont été réalisés pour accroître le budget alloué à l’éducation, qui affiche la volonté des autorités de faire face aux défis structurels. Ce budget a augmenté de 8 % par rapport à l’année précédente, atteignant 14 % des dépenses publiques totales. Toutefois, ces moyens demeurent en deçà des attentes pour couvrir l’ensemble des besoins.
Des insuffisances qui persistent
Malgré tous ces progrès plus ou moins relatifs, le rapport de la CN-EPT met en lumière de nombreuses lacunes qui freinent l’atteinte des objectifs éducatifs. L’éducation préscolaire reste l’un des domaines les plus négligés, avec un taux de préscolarisation figé à 6,6 % depuis 2022. Ce retard est largement attribuable à un faible investissement dans ce sous-secteur pourtant crucial pour le développement des jeunes enfants.
L’alphabétisation de base accuse également un recul significatif, avec une réduction de 40 % des centres pour adultes depuis 2019, passant de 500 à seulement 300 centres en activité. Cette situation compromet les efforts pour réduire l’analphabétisme et favoriser l’insertion socio-économique des populations adultes.
L’analyse faite par le CN-EPT a souligné une fois de plus que la crise sécuritaire continue de peser lourdement sur l’ensemble du système éducatif, entraînant des fermetures d’écoles et affectant plus de 500 000 élèves en 2023. Les interruptions de cours et les difficultés à maintenir un environnement d’apprentissage stable aggravent davantage les inégalités éducatives.
Enfin, la formation continue des enseignants reste insuffisante, limitant l’impact des initiatives en faveur d’une éducation de qualité. Moins de 20 % des enseignants ont bénéficié d’une formation continue au cours de l’année 2023.
Face à ces constats, la CN-EPT invite les décideurs à redoubler d’efforts pour relever les défis éducatifs. « Le pari de l’éducation de qualité reste réalisable, mais seulement si les lacunes actuelles sont comblées et si la volonté politique s’accompagne d’actions concrètes », a conclu le coordinateur.
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