Santé sexuelle et reproductive au Burkina Faso : Des journalistes outillés pour un meilleur impact de la sensibilisation
Le Centre de Recherche sur la Population et la Santé en Afrique (APHRC) et l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) ont organisé un atelier visant à renforcer la visibilité de la santé sexuelle et reproductive (SSR), ce 29 novembre 2024, à Ouagadougou. L’objectif de cette initiative était de mobiliser les médias pour améliorer leur capacité à sensibiliser le public sur les enjeux majeurs de la SSR, un domaine crucial de la santé publique.
Dans l’optique de promouvoir l’éducation et l’accès à l’information sur la santé sexuelle, une vingtaine de professionnels des médias ont été outillés. Cet atelier visait entre autres à briser les tabous, à lutter contre la désinformation autour de la SSR et à encourager des comportements responsables.
Cet engagement nécessite l’implication des médias dans la diffusion des informations crédibles sur la SSR. En effet, échanger avec la presse a permis d’identifier des sujets de communication percutants sur la santé sexuelle et reproductive (SSR) adaptés aux populations.
Selon Ramatou Ouédraogo, chercheuse au Centre africain de recherche en santé de la population, « les médias ont un pouvoir dans ce pays et un peu partout dans le monde, à travers ce que vous diffusiez dans l’espace public, la communication que vous faites. Donc, on voudrait que vous soyez un canal, afin de diffuser les résultats de ces recherches, mais aussi être la voix de la cause de ces adolescents, de ces jeunes filles pour améliorer leur accès au service », a-t-elle souligné.
Selon elle, de nombreuses jeunes filles sont rejetées et stigmatisées par la société en raison de leur statut de filles célibataires enceintes ou mères. Elles se retrouvent souvent confrontées à un rejet, et à des moqueries de la part de leurs camarades, ce qui mène à leur exclusion du système scolaire. Cette situation a des conséquences à long terme, et limite le plus souvent leurs chances d’accès à un emploi. D’après elle, les médias jouent un rôle crucial dans la transformation du regard de la population sur ces jeunes filles mères, en contribuant à sensibiliser et à changer les mentalités.
La chercheuse espère que « la société, l’État, les communautés, les familles, tout le monde, puisse mettre la main pour qu’on puisse travailler à leur maintien », a-t-elle notifié.
D’après Tarnagda Abdoul Moumini, assistant à l’ISSP, les pesanteurs socio-culturelles contribuent largement à la stigmatisation des jeunes filles enceintes. Dans de nombreuses communautés, il est difficile d’accepter qu’une jeune fille tombe enceinte au sein de la famille, car cela met en jeu l’honneur et le respect de la famille. Ainsi, les jeunes filles mères, dont le père de l’enfant n’assume souvent pas la grossesse, sont souvent expulsées de leur foyer ou contraintes à se marier.
«Chez celles qui sont scolarisées, la grossesse compromet, dans la majorité des cas, leurs chances d’achèvement de leurs scolarités ; pour toutes, elle compromet leurs chances de devenir autonomes et affaiblit leur estime d’elles-mêmes », a-t-il indiqué
Au cours de cet atelier, les principaux défis rencontrés dans la couverture et le reporting sur ce sujet, ont été évoqués. Les échanges ont permis de proposer des stratégies visant à garantir une couverture médiatique plus large. La démarche dans la recherche d’informations sur la santé sexuelle et reproductive (SSR) au Burkina Faso ne doit plus être un obstacle pour les journalistes, en principe.
Les participants à cet atelier ont également identifié des pistes de collaboration avec les médias pour renforcer la sensibilisation et l’engagement autour de la SSR.
Anna Zouléka Diasso (stagiaire)
Faso7
L’article Santé sexuelle et reproductive au Burkina Faso : Des journalistes outillés pour un meilleur impact de la sensibilisation est apparu en premier sur Faso7.