Economie

Burkina/Commerce extérieur : Les dispositions réglementaires au centre d’un atelier à Ouagadougou

La Direction générale du trésor et de la comptabilité publique (DGTCP) a organisé un atelier d’échanges sur les dispositions réglementaires régissant le commerce extérieur, le jeudi 19 décembre 2024, à Ouagadougou. Cette rencontre s’est tenue à la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF). En tant que président du Comité chargé du suivi du rapatriement des recettes d’exportation, la DGTCP a réuni acteurs économiques et professionnels du secteur bancaire pour réfléchir sur les enjeux et défis du commerce extérieur.

La tenue de la rencontre sur les dispositions réglementaires du commerce extérieur s’impose comme une nécessité dans un contexte où le respect des obligations liées au rapatriement des recettes d’exportation constitue un enjeu crucial pour l’économie nationale. Les travaux de l’atelier ont été ouverts par Salfou Savadogo, directeur des affaires monétaires et financières à la DGTCP.

Lors de son discours, il a rappelé l’importance de cet événement dans le cadre de la promotion de la transparence et de l’efficacité des opérations commerciales internationales. « Le sujet qui nous réunit ce matin est d’une importance capitale, dans la mesure où il vise une meilleure appropriation de la réglementation des relations financières extérieures, notamment en ce qui concerne les règles, les procédures et les obligations à respecter dans la conduite des activités économiques et financières avec le reste du monde », a déclaré monsieur Savadogo.

Un manque à gagner de 404,899 milliards de francs CFA

Malgré les nombreuses initiatives mises en œuvre pour encourager le rapatriement des recettes d’exportation, Salifou Savadogo a mis en lumière des défis persistants, aussi bien à l’échelle nationale qu’au niveau de l’Union. En 2023, monsieur Savadogo révèle que le Burkina Faso a enregistré un défaut de rapatriement de 404,899 milliards de francs CFA, un chiffre alarmant qui met en évidence les lacunes encore présentes dans le système. Cette situation reflète non seulement une non-conformité aux dispositions réglementaires, mais aussi une fragilité susceptible de compromettre la stabilité économique du pays et de l’Union dans son ensemble.

Le directeur des affaires monétaires et financières à la DGTCP, Salfou Savadogo, a félicité les acteurs pour leur permanente disponibilité et leurs efforts dans le sens de la protection du pool commun de devise.

« En effet, bien qu’il soit enregistré des avancées significatives dans le taux de rapatriement, qui est passé de 14 % en 2012 à 82,5 % en 2023, la problématique des volumes financiers reste préoccupante. Le montant des défauts de rapatriement, passé de 99,7 milliards de francs CFA en 2013 à 404,899 milliards en 2023, représente une augmentation de 305,199 milliards de francs CFA (+75,38 %) en dix ans. En dépit de l’évolution des exportations, il a été observé une inadéquation entre la croissance des flux commerciaux et la capacité des acteurs économiques à rapatrier les recettes conformément aux exigences réglementaires », a expliqué le directeur des affaires monétaires et financières à la DGTCP.

Cette situation pose un défi structurel majeur, touchant aussi bien les réserves de change de l’Union que la liquidité bancaire nationale. Les données partagées par Salifou Savadogo rappellent l’urgence de renforcer les mécanismes de suivi, de sensibilisation et de coordination entre les acteurs économiques et les institutions financières. Elles appellent également à une réflexion approfondie pour identifier des solutions durables et garantir une application rigoureuse des dispositions en vigueur.

« Nous estimons qu’il faut consolider les acquis afin de parvenir aux résultats escomptés », Guillaume Kaboré, directeur de l’Agence principale de la BCEAO au Burkina.

Un mécanisme de suivi de la BECEAO

Le directeur de l’Agence principale de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) au Burkina Faso, Guillaume Kaboré, a également honoré la cérémonie de sa présence, témoignant de l’engagement des institutions financières à accompagner les opérateurs économiques. Monsieur Kaboré a mis en relief le rôle central des banques dans le mécanisme de rapatriement des recettes d’exportation. Pour lui, en tant que partenaires stratégiques de la Banque centrale, ces institutions financières jouent un rôle clé en collaborant directement avec les opérateurs économiques pour assurer la conformité aux dispositions réglementaires.

Afin de renforcer ce processus, la BCEAO affirme avoir instauré un dispositif de suivi permettant de vérifier l’effectivité des rapatriements. Ce mécanisme, soutient monsieur Kaboré, vise à inciter les banques soumises à la réglementation, à respecter scrupuleusement leurs obligations, contribuant ainsi à garantir une gestion rigoureuse des flux financiers et à préserver la stabilité économique au sein de l’Union.

Au cours de l’atelier, cinq communications ont été présentées. Elles ont permis d’aborder les aspects pratiques et théoriques liés aux opérations d’exportation. Parmi ces interventions, l’on note l’exposé sur les procédures administratives non douanières, qui ont mis en lumière les démarches à entreprendre pour se conformer aux exigences réglementaires en dehors du cadre douanier. Ces présentations ont permis aux participants, notamment les opérateurs économiques et les représentants des institutions bancaires, de mieux comprendre les exigences et les responsabilités liées à leurs activités d’exportation.

« Cette rencontre vient à point nommé. Car cela fait un moment qu’on n’avait pas eu un tel cadre d’échanges », Salam Guirakoya, trade manager à Coris Bank International.

Quelques difficultés rencontrées par les banques

Selon Salam Guirakoya, trade manager à Coris Bank International, l’un des principaux défis auxquels les banques sont confrontées réside dans le non-respect par certains exportateurs de l’obligation de domicilier leurs opérations avant l’exportation des produits. Cette lacune complique considérablement la gestion des flux financiers, car les recettes reçues par les banques incluent à la fois les revenus d’exportation et ceux provenant de prestations diverses.

En l’absence de traçabilité claire, il devient difficile, voire impossible, d’identifier avec certitude les fonds devant être rapatriés, ce qui entrave l’efficacité du système et contribue à amplifier les défauts de rapatriement. Cette problématique appelle à un renforcement de la réglementation et à une sensibilisation accrue des acteurs économiques sur l’importance de la domiciliation des opérations d’exportation.

Cet atelier a ainsi offert une plateforme d’échanges et de dialogue entre les différents acteurs du commerce extérieur. Les discussions ont permis de relever certains défis, tels que les délais liés aux procédures administratives et la nécessité de renforcer les capacités des exportateurs pour une meilleure maîtrise des réglementations.

Cette rencontre a été saluée comme une initiative stratégique visant à renforcer la conformité des acteurs aux dispositions réglementaires et à promouvoir un environnement favorable au développement du commerce extérieur au Burkina Faso. Les recommandations issues de cette rencontre devraient contribuer à une meilleure harmonisation des pratiques, en vue de soutenir la croissance économique nationale.

Hamed Nanéma

Lefaso.net

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