Nadia Aminata Traoré : « Il faut se baser sur son intellect et ses capacités cognitives que sur sa beauté »
Nadia Aminata Traoré, 23 ans, a remporté le prestigieux titre de Miss Burkina France 2025, le 16 novembre 2024, lors d’une soirée qui a couronné son rêve d’enfant. Originaire de Bobo-Dioulasso, cette jeune femme décrit son parcours comme « un mélange de persévérance et de passion ». Après avoir obtenu son baccalauréat littéraire avec une moyenne exceptionnelle de 18,47 et les félicitations du jury, elle a poursuivi ses études en France, où elle est aujourd’hui diplômée d’un master en finance et stratégie de Sciences Po. Déterminée, elle espère s’impliquer dans des projets « humanitaires et sociaux », tout en encourageant les jeunes filles à croire en leurs rêves. Avec son charme, son éloquence et son ambition, Nadia Aminata Traoré s’impose comme une figure prometteuse, représentant avec fierté la jeunesse burkinabè. Elle s’est confiée à Faso7, le mardi 10 décembre 2024.
Faso7 : D’où vient l’envie de faire des concours de beauté pour Nadia Aminata Traoré ?
Nadia Aminata Traoré : En fait, mon envie de participer au concours Miss Burkina France répondait un peu à un appel que j’avais depuis que j’étais toute petite. J’ai toujours été attirée et passionnée par les concours de beauté. On voit à l’étranger des événements comme Miss Univers, Miss Monde et je m’étais dit que quand je serais plus grande, j’allais me lancer et m’intéresser au concours de beauté pour représenter notre pays à l’international […]. Dès que j’ai entendu parler de l’événement Miss Burkina France, moi-même étant une Burkinabè qui réside en France, je me suis dit que c’était un concours qui était parfait pour moi et que ça me donnait aussi une occasion de réaliser ce rêve d’enfant. Quand tu fais le concours Miss Burkina France, c’est pour montrer ton attachement à la mère patrie.
Quelle a été la réaction des parents quand Nadia a voulu se lancer dans cette aventure ?
Nadia Aminata Traoré : Au début, c’était vraiment beaucoup de doutes parce qu’ils n’étaient pas sûrs. Ils savent que je suis une bosseuse, que j’ai pas mal de capacités pour travailler, pour faire des choses. Mais eux, ils avaient plutôt des craintes par rapport à la réaction des gens et ils avaient plutôt peur des difficultés que je pourrais avoir une fois que je suis élue.
Quelles sont les difficultés rencontrées tout au long de ce parcours ?
Nadia Aminata Traoré : Les difficultés, honnêtement, moi, je n’en ai pas vraiment eu par rapport à ma candidature en particulier. Je pense peut-être que les difficultés sont pour le comité. C’est le fait d’avoir l’adhésion de l’ensemble de la communauté des Burkinabè. Ce n’était pas facile pour eux et même au-delà de ça, se faire accepter et avoir la liaison qui a été faite avec l’ambassade. C’était important pour eux d’avoir ça. C’était assez compliqué en termes de difficultés.
Que représente cette couronne pour vous ?
Nadia Aminata Traoré : Pour moi, cette couronne représente vraiment beaucoup de choses. C’est vraiment un esprit de détermination. Ça fait quand même plus de cinq ans, j’avais envie de faire une activité miss, quelque chose liée à la beauté, au concours de beauté. Et je pense que c’est vraiment le fait de ma détermination, de ma persévération qui a fait que j’ai été la gagnante. J’ai à la fois gagné le titre et celui de miss du public.
Comment vous comptez utiliser cette couronne pour atteindre vos objectifs sur le plan social ?
Nadia Aminata Traoré : Ce qu’il faut noter, c’est qu’avec la couronne, ça présente pas mal de responsabilités pour une jeune fille. Donc, il y a un devoir en termes de conduite, de mœurs. C’est important en fait de garder vraiment la classe, le sens même d’une miss. Et sur le plan social, mon objectif avec la communauté, c’est un ensemble d’actions pour les femmes au Burkina Faso. Sur le court terme, on est en train d’essayer d’organiser une visite aux veuves des FDS tombés au front, pour essayer de les accompagner sur le plan physique, moral. Essayer de voir comment on peut les aider.
Quelles sont les passions de Miss Nadia en dehors de la mode ?
Nadia Aminata Traoré : J’aime beaucoup la création artistique. C’est une passion que j’ai développée depuis longtemps. Mais j’ai aussi d’autres centres d’intérêt. Le sport, la lecture en particulier et aussi beaucoup les découvertes et les voyages. Je suis aussi une personne de très multiculturelle. J’aime vraiment la culture et ça, c’est quelque chose que j’ai depuis l’enfance.
Quelle est l’influence de notre culture sur votre vision ?
Nadia Aminata Traoré : Déjà, il faut savoir qu’au niveau du concours miss Burkina France, on a vraiment voulu faire une édition qui à la fois allait plaire à la jeune génération tout en respectant les anciens. Donc, il y a des passages qu’on a tout simplement supprimés comme les passages en maillot de bain comme dans les concours classiques. Ça ne répond pas forcément à notre culture. Et on a beaucoup plus voulu insister sur l’art oratoire, l’élocution des miss. Une place importante a aussi été donnée aux discours. On a même fait des ateliers d’art culinaire burkinabè. On a fait de la danse traditionnelle également. L’aspect culturel était très bien, surtout les passages en tenue traditionnelle et les danses traditionnelles. Ce furent les passages qui ont été les mieux appréciés par le public.
Quel est votre message à l’ensemble des filles qui s’identifient à vous ?
Nadia Aminata Traoré : Je dirais que c’est vraiment important de se rendre compte de ses valeurs. Ce n’est pas parce qu’on est une jeune fille dans un pays qui n’est pas très connu à l’international que ça veut dire que nos rêves et de nos aspirations sont moins importants que ceux d’une jeune fille qui habite dans une région beaucoup plus urbanisée et développée des États-Unis. Moi, je pense même qu’au contraire, ce qui est beau à voir ici, c’est le poids de nos espoirs collectifs. Cela peut nous rendre vraiment meilleurs et aller très loin. On voit que le changement peut venir très rapidement dans la mesure où on a une vision, quand on croit en son rêve.
Est-ce qu’il y a un conseil particulier que vous allez donner à ces jeunes filles ?
Nadia Aminata Traoré : Le conseil que je donnerais, c’est qu’il faut se baser sur son intellect et ses capacités cognitives que sur sa beauté. La beauté passe, mais pas les compétences et le savoir-faire. À tous les jeunes, je dirai de multiplier les expériences pendant qu’on est encore jeunes et qu’on a cette force de réaliser des projets, de s’investir dans des choses. Moi, je pense que ce qui est vraiment important pour chacune des jeunes filles ou des jeunes hommes est de croire en ses rêves, de multiplier ses expériences et de se lancer dans ce qu’on croit.
Est-ce que c’est facile d’allier les études, la vie professionnelle et cette nouvelle responsabilité ?
Nadia Aminata Traoré : Ce n’est pas du tout facile. C’est vraiment une question d’équilibre. Il faut essayer d’allouer le temps qu’il faut à chaque chose pour pouvoir s’en sortir. Moi, j’essaie de compartimenter. Mais souvent, ça peut être assez compliqué quand même. Ce qui est bien, c’est qu’en fait, ce genre d’activité, c’est plutôt le week-end et très rarement en milieu de semaine.
Quel est le regard de la diaspora face à la situation du Burkina Faso ?
Nadia Aminata Traoré : Je pense que c’est assez important de s’engager et de rester informé sur les réalités du pays même étant à l’étranger. Très fréquemment, moi, je consulte des éléments. À chaque fois que je vois de nouveaux éléments, j’essaie d’analyser aussi avec un esprit critique l’information qui est présentée parce qu’elle n’est pas forcément exacte. C’est sûr que la situation sécuritaire nous touche aussi. Donc, je pense que la première chose que la diaspora burkinabè peut faire et a le devoir de faire, c’est de se tenir informé et d’avoir un avis sur ce qui se passe.
Propos recueillis par Basile SAMA et retranscrits par Eléonore Sawadogo (stagiaire)
Faso7
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