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Burkina : Emmanuel Macron piétine la mémoire des milliers d’Africains morts pour la France, selon un analyste
Ouagadougou, 7 janvier 2025 (AIB) – Ressasser la mort des 58 soldats français au Sahel tout en oubliant que des milliers d’Africains sont morts pour libérer la France constitue un manque de respect pour la mémoire de ces Africains, a déclaré mardi à Ouagadougou le journaliste Amadé Adama Soro, spécialiste des questions internationales, en réaction aux propos du président français sur l’Afrique.
Le président français, Emmanuel Macron, a affirmé le lundi 6 janvier 2024 que la France avait eu « raison » d’intervenir militairement au Sahel en 2013 pour aider la région à lutter contre le terrorisme, mais qu’en retour, les dirigeants africains avaient oublié de « dire merci » à la France, qui a perdu des soldats. Sans cette intervention, a t-il poursuivi,« aucun d’entre eux » ne serait à la tête d’un pays souverain.
« Ressasser chaque fois cette question de la mort des 58 soldats français tout en oubliant que des milliers d’Africains sont morts pour libérer la France est un manque de respect pour la mémoire de ces Africains », a fustigé le journaliste et éditorialiste Amadé Adama Soro.
De son avis, il est indécent de hiérarchiser les morts, d’autant plus que les militaires français engagés dans le Sahel avaient connaissance des implications et que beaucoup d’entre eux ne sont pas tombés au combat mais sont morts accidentellement, « contrairement à nos tirailleurs sénégalais dont la plupart ont été mobilisés de force pour des guerres qui n’étaient pas les leurs ».
Selon lui, le président Macron est coutumier de déclarations condescendantes souvent contraires aux réalités historiques. Lors d’une précédente rencontre avec les ambassadeurs français, ce dernier avait affirmé que sans l’intervention militaire française, aucun des pays du Sahel ne serait debout aujourd’hui, a-t-il rappelé.
En ce qui concerne le Burkina Faso, par exemple, le terrorisme a gagné du terrain lorsque l’armée française était présente, sans que celle-ci n’ait réussi empêcher la progression. Au contraire, il s’est propagé dans l’ensemble du pays, a-t-il regretté.
Pour l’éditorialiste, cette déclaration de Macron vise à susciter de l’émotion auprès de l’opinion publique française, principale cible de cette communication.
Il estime que si cette communication n’était pas destinée au public français, Emmanuel Macron n’aurait pas jeté en pâture certains dirigeants africains qui sont pour l’instant considérés comme des alliés de la France dans une région où la tendance est à la rupture avec l’ancienne puissance coloniale, a conclu le spécialiste des relations internationales.
Agence d’Information du Burkina
DNK/ata