Face à l’augmentation anarchique des prix des produits de consommation courante au Burkina Faso, les internautes se sont exprimés sur la page Facebook de Lefaso.net, en réponse à un sondage publié le lundi 20 janvier 2025.
Les commentaires reflètent une volonté collective de lutter contre la hausse anarchique des prix à travers des mesures variées, allant de la transparence sur les coûts officiels des produits à des sanctions sévères contre les commerçants fautifs. Ils soulignent également la nécessité d’un contrôle accru sur les grossistes et d’un éventuel retour au monopole étatique pour garantir l’accès équitable aux produits de première nécessité.
Publier une liste des boutiques respectant les prix fixés
Pour garantir une meilleure transparence dans la fixation des prix, Zebré Oumar propose des solutions concrètes et innovantes. Il suggère la publication d’un fichier ou la création d’une plateforme en ligne qui répertorie les prix officiels des produits, afin de permettre à chaque citoyen de les consulter facilement.
Par ailleurs, il recommande la mise en place d’un numéro WhatsApp dédié, où les consommateurs pourraient non seulement vérifier les prix réels, mais également signaler les commerçants ne respectant pas les normes, en précisant leur localisation. Pour encourager les pratiques conformes, il propose de valoriser les boutiques respectant les prix fixés en publiant leur liste par zones géographiques, créant ainsi une émulation positive dans le secteur commercial.
Bako Franck Gildas partage cette vision en insistant sur l’importance de l’information publique. Il suggère la création d’une page d’information régulièrement mise à jour, spécifiquement dédiée aux prix des produits de première nécessité, pour offrir une référence claire et accessible à tous. En complément, il propose l’instauration d’un numéro vert gratuit, permettant aux citoyens de dénoncer les cas de fraudes directement et efficacement.
Des sanctions dissuasives pour endiguer les abus
Ousmane Ouédraogo plaide pour des mesures radicales face à la flambée anarchique des prix des produits de consommation. Il propose la fermeture des boutiques coupables de pratiques abusives pendant trois mois, en conduisant leurs propriétaires fautifs sur le front pendant deux mois. Selon lui, ces commerçants, en affamant les populations, commettent une forme de « terrorisme économique » et méritent des sanctions exemplaires pour dissuader de telles pratiques.
Dans la même logique, Boukary Idogo et Laousseini Zampaligre prônent des sanctions strictes, mais proposent des alternatives orientées vers l’engagement citoyen. Zampaligre suggère notamment de fixer des primes pour les dénonciateurs, financées par les amendes infligées aux commerçants fautifs. Ce système, selon lui, inciterait les consommateurs à signaler les infractions et limiterait la corruption parmi les agents de contrôle, tout en générant des revenus pour l’État.
Contrôler les grossistes et reprendre les Faso Yaars
Plusieurs internautes, dont Simporé Ambroise, Lokre Lokre et Issaka Kabre, soulignent que cibler uniquement les détaillants pour lutter contre la hausse des prix est insuffisant. Ils estiment que les grossistes, qui jouent un rôle clé dans la chaîne d’approvisionnement, portent une responsabilité majeure dans l’augmentation des coûts.
Ces acteurs, en augmentant les prix en amont, contraignent les détaillants à répercuter ces hausses sur les consommateurs finaux. De plus, l’absence de factures réglementaires chez certains grossistes complique la traçabilité des transactions, rendant les contrôles inefficaces.
Ces internautes dénoncent également des pratiques frauduleuses, comme la réduction des poids effectifs des sacs de riz ou de sucre, tandis que les prix restent élevés. Ils appellent à des contrôles plus rigoureux et permanents chez les grossistes pour s’assurer du respect des normes. Selon eux, une meilleure régulation à ce niveau éviterait les ruptures de stock artificielles et garantirait des prix équitables pour tous.
Au regard de la volatilité des prix, Ambro Illy et Abdoul Karim Congo suggèrent que l’État reprenne le monopole sur la gestion de certains produits de grande consommation, comme le riz, le sucre et l’huile. Ils appellent à la création d’une société étatique similaire à Fasoyaar, qui avait joué ce rôle pendant la Révolution.
Prendre en compte les réalités du commerce
D’autres internautes, comme Sami Kateri, soulignent la complexité du commerce et les défis liés à la régulation des prix. Ils mettent justement en avant les variations de coûts chez les grossistes, qui rendent difficile l’uniformisation des prix pratiqués par les détaillants.
À cela s’ajoutent les taxes douanières élevées sur les marchandises, qui alourdissent les charges des commerçants et se répercutent inévitablement sur les consommateurs. Face à ces contraintes, ils proposent que le gouvernement intervienne dans le transport et le stockage des produits. Une telle initiative permettrait d’alléger les coûts pour les commerçants, tout en favorisant une meilleure accessibilité des produits de base pour la population.
En somme, les internautes appellent à des actions concrètes et diversifiées pour lutter contre la flambée des prix. De la transparence des coûts à la régulation des grossistes, en passant par des sanctions strictes et des incitations à la dénonciation, leurs propositions montrent une réelle volonté citoyenne d’agir.
Les autorités gagneraient à intégrer ces idées dans une stratégie globale, combinant réformes économiques, sanctions adaptées et implication communautaire, pour garantir un meilleur accès des populations aux produits de première nécessité.
Hamed Nanéma
Lefaso.net
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