Depuis quelques jours, les délégations spéciales de Ouagadougou procèdent aux ramassages des marchandises de certains commerçants qui occupent anarchiquement certaines voies et marchés de certains arrondissements de la capitale burkinabè. L’objectif de cette sortie est de sensibiliser et surtout de réprimer tous ceux qui persistent à occuper les bordures des voies tout en salissant le domaine public. Ce matin, Lefaso.net était à Nagrin, à Tengandogo et au marché de Larlé pour faire le constat et prendre l’avis des usagers et certains commerçants.
Depuis quelques jours et après de longs mois de sensibilisation, la commune de Ouagadougou est passé à l’action contre l’installation anarchique de commerces au bord des voies. Dans plusieurs arrondissements, les présidents de délégations spéciales, appuyées par la police municipale, sont en pleine opération de libération des emprises des routes. C’est le cas de l’arrondissement 10 de la capitale, où le PDS a mené une opération dans ce sens ce 22 janvier 2025. « La sensibilisation est terminée, nous sommes désormais dans la répression », lance le PDS Pingdoubwaoga Augustin Kaboré, comme un avertissement aux récidivistes qui continuent d’occuper les voies publiques. Dans plusieurs autres arrondissements, la même opération est menée.
A 8h sur l’avenue le boulevard de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, des commerçants attendent. Certains ont leurs marchandises exposées un peu éloignés de la voie. D’autres ont étalé leurs marchandises au lieu habituel. Parmi eux, Maïmounata Zagré et sa sœur sont aux aguets, l’air anxieuses. Elles ne veulent pas être surprises par la police municipale.
« Je ne suis pas tranquille. Des gens sont venus dire que la police municipale est sortie encore ce matin et que les policiers municipaux sont au niveau de la mosquée de Kanazoé. Apparemment ils arrivent vers nous. Donc, je regarde de temps en temps s’ils arrivent ou pas », dit la vendeuse de pastèques.
La jeune dame est installée au bord de la voie de Nagrin, un quartier populaire de la ville de Ouagadougou depuis quelques années. Elle vend des fruits. Selon elle, il y a quelques temps, la police municipale est venue leur remettre une convocation. « Quand nous sommes allés répondre à la convocation, ils nous ont dit de ne pas être trop près du goudron et de ne pas nous installer sur le caniveau. Nous avons respecté cela. Quand je suis arrivée, j’ai déposé des planches sur le caniveau et j’ai reculé un peu en arrière pour dégager de l’espace. Je prends le soin de chaque fois balayer l’endroit pour rendre l’espace propre. Hier matin, à la grande surprise de tous, les policiers municipaux sont arrivés et ils ont commencé à ramasser nos marchandises. Ils nous ont demandé de reculer encore en arrière. Ils disent qu’ils ne veulent pas voir de commerçants à proximité de la route. Voyez-vous même, j’ai envoyé un camion de pastèques le lundi. Le mardi, on nous demande de dégager d’ici. Où est-ce que je vais envoyer ma marchandise ? Je n’ai pas d’autres endroits où aller. Et mes pastèques vont se gâter si je ne les vends pas d’ici-là. C’est une marchandise périssable. C’est ce que je vends pour payer la scolarité de mes enfants. Si j’arrête de vendre ici, je vais faire comment pour subvenir aux besoins de mes enfants ? », questionne la commerçante.
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D’après madame Zagré, les agents de la police municipale lui ont remis une convocation hier. Ce matin, elle n’a pas pu aller répondre à la convocation parce que son mari est allé à un enterrement. Mais dans l’après-midi, elle et son mari iront répondre à la convocation. Notre interlocutrice dit avoir eu de la chance car quand la police municipale est arrivée, elle a été juste verbalisée. Elle n’a pas ramassé sa marchandise. « Ils n’ont pas ramassé ma marchandise. Je me suis dit que comme c’est beaucoup, ils ont eu pitié de moi », a dit la vendeuse de pastèques. Elle demande à la police municipale de leur laisser un peu de temps pour que chacun puisse trouver un endroit où aller pour poursuivre son commerce.
Contraire à Maïmounata Zagré, Halidou Ilboudo a pu aller répondre à la convocation de la police municipale. « Ils ont dit qu’il faut que nous quittions le bord de la route. Parce que ce n’est pas un endroit approprié pour vendre. Car, des accidents mortels peuvent se produire ici à cause de notre occupation », a expliqué le commerçant.
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Tout comme d’autres commerçants du boulevard de l’insurrection populaire, la marchandise de monsieur Ilboudo a été ramassée. Il demande à la police municipale d’être indulgente à leur égard et de leur donner le temps afin qu’ils trouvent un autre endroit où aller.
Au marché de Larlé, d’habitude, des commerçantes s’installent jusqu’au bord du goudron. Souvent, le matin, il est difficile de circuler à cause des leurs marchandises. Ce matin, lors de notre passage, la route était un peu plus dégagée par rapport aux autres jours. « Aujourd’hui, nous n’avons pas exposé nos marchandises sur le goudron parce hier, la police municipale les a ramassées. Elle dit que désormais elle ne veut plus voir de marchandises exposées sur la route », dit Zalissa Ouédraogo, vendeuse de légumes.
« Je pense que l’action de la police municipale est à saluer. Ce qu’elle fait c’est pour le bien-être de tout le monde. Lorsque les commerçants sont installés aux abords des routes, il est difficile d’éviter certains accidents. Souvent certains usagers ont du mal à stationner à cause des commerçants. Aussi, ils jettent les ordures dans les caniveaux ce qui les bouche », souligne de son côté Mamata Nikièma. L’usager exhorte les commerçants à respecter les consignes de la police municipale pour le bien-être de toutes les populations.
Rama Diallo
Lefaso.net
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