Assainissement : Des Ouagalais dans l’embarras du fait du débarras, le long du Canal Mogho Naaba
Le pont du Mogho Naaba, qui sépare les quartiers Samandin et Goughin de l’arrondissement n°1 de Ouagadougou, est devenu un véritable dépotoir à ciel ouvert. Sur toute sa longueur et autour de ses abords, des déchets s’amoncellent. La zone la plus encrassée se situe derrière le terrain René Monerie et le marché de cycle « Théâtre populaire ». Ces déchets, composés essentiellement de résidus ménagers et industriels, sont abandonnés sur place par les riverains. Une équipe de Faso7 a fait le constat, ce vendredi 24 janvier 2025.
À notre arrivée, nous sommes frappés par une odeur de plastique brûlé et un spectacle de dunes d’ordures de tous genres fumantes. Une épaisse fumée émanant de ce brasier s’élève dans le ciel. Au-dessus de ces élévations incandescentes, des individus, indifférents à la chaleur et à la fumée, fouillent à la recherche de ferrailles issues notamment de la brûlure de pneus usés. Ces pneus, jetés par les mécaniciens du marché de cycle, nourrissent la combustion.
Au bas de ces gros tas d’ordures, d’autres personnes, au milieu de canettes, de bouteilles en plastique et verre et de cartons, échangent ou travaillent. Ces tas de déchets sont la résultante de la contribution en ordures ménagères et industrielles des riverains et de collecteurs d’ordures.
C’est devant ce décor que nous rencontrons Aboubakary Kiendrébéogo, un habitant du quartier, qui, depuis 2016, milite pour la délocalisation de ce dépotoir, loin des zones d’habitation. Le ménage d’Aboubakary Kiendrébéogo comme ceux de nombreux autres riverains, souffre des conséquences de ce lieu pollué : air vicié, fumée toxique, odeurs insupportables, insécurité nocturne marquée par des tueries et inondations en période de pluie.
« Nous avons des familles, des enfants. On est tout le temps enrhumés, victimes de maladies. On doit consulter sans cesse. Certains disent qu’ils vivent de ces ordures en triant les déchets. Mais ces déchets ne peuvent pas nous soigner, encore moins eux », s’indigne-t-il. La situation, pour lui, est devenue insupportable.
Avec Aboubakary Kiendrébéogo, nous faisons le tour des lieux, afin de constater l’ampleur du problème. Pendant que nous marchons, il indexe des arbres qui n’ont plus que des troncs noircis par le feu qui a d’ailleurs emporté leur feuillage. Ce sont les victimes d’un incendie qui s’est déclaré sur les lieux courant 2024. Pour maîtriser l’incendie en question, les sapeurs-pompiers ont pris près de 72 h, d’après notre compagnon.
Aboubakary Kiendrébéogo nous explique qu’en 2016, il avait obtenu de la mairie qu’une action de nettoyage soit menée sur ce site. Des panneaux d’interdiction de jeter des ordures avaient même été installés. Mais cette initiative a été contrecarrée par des jeunes du quartier Samandin qui se sont opposés à la mesure.
« Ces jeunes là sont venus dire que moi, je ne peux pas être à Gounghin et puis décider pour des gens de Samandin. Ils sont venus placer des pneus pour baliser et puis maintenant dire qu’ils vont continuer de jeter les ordures et grouiller chaque fois pour qu’on ramasse. Voilà où nous en sommes aujourd’hui », déclare-t-il pendant que nous marchons à côté du brasier. L’air devient de plus en plus difficile à respirer.
Aboubakary, entre colère et incompréhension, s’interroge sur l’inaction des autorités locales. « On nous dit que ces ordures sont installées illégalement. Mais jusqu’à aujourd’hui, rien n’a été fait », déplore-t-il, visiblement découragé. Il se dit victime de menaces et de diffamations, simplement pour avoir pris position sur cette question. Il espère néanmoins que les autorités communales se saisiront enfin de ce problème pour soulager les riverains.
Josué TIENDREBEOGO
Faso7
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