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Sortie de la CEDEAO : Bassolma Bazié salue l’audace, le courage, la vision des chefs d’Etat de l’AES

Sortie de la CEDEAO : Bassolma Bazié salue l’audace, le courage, la vision des chefs d’Etat de l’AES

 Ouagadougou, 28 janv. 2025(AIB)-Le président de la Commission nationale de la Confédération des Etats de l’Alliance des Etats du Sahel (CN-AES), Bassolma Bazié, a salué mardi, l’audace, le courage, la vision des trois chefs d’Etat de l’AES qui ont claqué la porte à la CEDEAO « noyautée » et travaillant contre les intérêts des peuples.

 Agence d’information du Burkina (AIB) : Voilà un an que les trois pays de l’AES ont décidé de se retirer de la CEDEAO. Quels sont les enjeux et les défis liés à ce retrait ?

Bassolma Bazié (BB) : Vous me permettrez de m’incliner très respectueusement sur la mémoire de nos devanciers qui se sont sacrifiés pour une Afrique de souveraineté, de paix et de prospérité. Permettez que je cite, entre autres, Ouezzin Coulibaly, Thomas Sankara du Burkina, Modibo Keïta et Soundiata Keïta du Mali, Sarraounia Mangou et Hamani Diori du Niger. J’associe aussi l’ensemble de ces fils et filles de l’Afrique qui se sont sacrifiés dans ce sens. JE salue également la mémoire de nos anciens chefs d’État qui ont eu l’esprit de créer des conditions idoines pour une vie harmonieuse de l’ensemble de nos populations, de nos peuples dans l’espace ouest africain. Et c’est ça qui a abouti justement à la création de la CEDEAO en 1975.

Malheureusement, au fil du temps, nous avons constaté que cette organisation a été noyautée et détournée contre même les intérêts de ces mêmes peuples. Au lieu que ce soit véritablement la création des conditions d’une vie idoine, d’une vie harmonieuse, la protection de l’intégrité et de l’honneur de ces peuples, l’organisation s’est retrouvée à servir d’autres intérêts, de sorte à prendre des décisions qui piétinent les propres textes, à travers des fermetures de frontières, des gels d’avoir dans des banques de ces différents pays, Mali, Niger, Burkina, mettant les populations dans des conditions assez désastreuses occasionnant des pertes en vies humaines.

Je salue donc l’orientation, l’audace, le courage, la vision des trois présidents, le général d’armée Assimi Goïta du Mali, le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso et le général Tiani du Niger qui ensemble ont porté les chaussures de nos devanciers, ils les ont bien portées, permettant de créer toutes les conditions pour que nos peuples puissent aller vers leur souveraineté, leur épanouissement.

Justement, en faisant ce petit rappel, c’est pour vous dire que les défis sont énormes, mais il faut comprendre que ces défis, malgré leur énormité, nous avons la possibilité de les séquencer à un certain nombre de visions. La première vision, c’est la question sécuritaire et migratoire de nos populations, la deuxième c’est la question économique et sociale en lien avec nos populations. La troisième vision, ce sont les enjeux, les défis pluviométriques, les changements climatiques que nous devions prendre en compte, dont les concertations unanimes devaient nous permettre de trouver des solutions idéales pour améliorer les conditions de vie de nos populations.

(AIB) : Quels sont les chantiers que compte engager la CN/AES après le retrait définitif de la CEDEAO ?

(BB): Justement, sur ce retrait, vous aurez également remarqué que les trois chefs d’État que je viens de citer ont, de façon unanime, pris la décision de 16 septembre 2023 en parcourant les textes du Liptako Gourma à aboutir à la mise en place de l’Alliance des États du Sahel. Et également, dans le même sens, avec les menaces qui pesaient sur le Niger, il y a eu un communiqué qui a été diffusé le 31 juillet 2023, stipulant clairement que celui qui s’en prendrait au Niger, a fait également une déclaration de guerre aux deux autres pays.

C’est dans le même sens également, vous allez constater de façon judicieuse, que le 6 juillet 2024, ils se sont retrouvés au Niger pour, en tout cas, mettre en place la charte de la Confédération des États du Sahel. Donc, de ce point de vue, et à travers cette charte également, les orientations qui ont été données, les missions qui ont été données sont très claires. C’est des missions de défense et de sécurité.

C’est des missions de développement, mais également des missions de diplomatie. La mise en place des commissions nationales dans chaque pays, notamment celle du Burkina Faso, n’aura pas d’autres pas chose à faire que l’ensemble des orientations, des décisions qui sont prises par les chefs d’État. Donc, il est nécessaire qu’à travers ces commissions, il y ait un suivi, une évaluation, une coordination, et éventuellement des propositions à ces différents chefs d’État pour voir comment il faut aller dans le sens du renforcement des acquis que nous avons pu déjà engranger et comment avoir davantage d’autres acquis parce que le combat sera long et ardu.

(AIB) : Le retrait définitif de l’AES de l’espace CEDEAO est acté depuis ce jour. Qu’est-ce-qui est prévu pour faire de la Confédération un espace intégré pour les citoyens des trois Etats et ceux du monde ?

(BB) : Les trois chefs d’Etat ont déjà pris des décisions assez salutaires en lien avec les défis que j’ai tantôt énumérés, à savoir les défis économiques et sociaux, à savoir les défis migratoires, les déplacements des populations, mais également les défis du changement climatique. Et dans ce sens, vous auriez constaté de façon très judicieuse que les chefs d’États ont adressé un communiqué à l’ensemble des peuples de l’Afrique de l’Ouest affirmant que la Confédération des États du Sahel constitue un espace commun à tous ses peuples.

Et de ce point de vue, l’accessibilité ne doit pas se faire sous une condition de visa. Donc il n’y aura pas à disposer forcément d’un visa pour se déplacer au niveau de l’espace AES. Le deuxième élément concerne la mise en place d’un passeport uniforme au sein de l’espace AES, qu’il s’agisse du passeport diplomatique, du  passeport de service ou du passeport ordinaire. Il été également décidé de créer une banque centrale qui permettra de répondre aux besoins  financement des différents projets que l’espace AES entreprendra de manière communautaire.

Et à travers ces œuvres, il y a des décisions déjà qui sont prises dans le sens du projet ferroviaire permettant de relier les différents espaces, même des autoroutes ont été analysées. Le conseil du ministre précédent au niveau du pays a publié déjà ce qui est prévu dans ce sens. Donc voilà un certain nombre de décisions qui sont déjà prises qui indiquent que véritablement l’espace AES est un espace de souveraineté, de conquête de la liberté, de l’intégrité et de l’honneur.

(AIB) : L’opérationnalisation de l’espace AES est un défi important pour les Etats du Sahel que la CN/AES doit relever. Quelles sont les projets et les actions que vous comptez mettre en œuvre pour développer les relations de coopération entre les trois Etats ?

(BB) : La Commission nationale de la Confédération des Etats du Sahel a  des missions qui lui sont confiées par les trois chefs d’Etat. Son rôle fondamental, c’est de coordonner l’ensemble des décisions qui ont été prises par les chefs de l’Etat, faire des propositions idoines qui pourraient permettre de renforcer les acquis, renforcer la construction de la Confédération pour aller vers une fédération, suivre la mise en œuvre de l’ensemble des décisions qui ont été prises, les évaluer et rendre compte à qui de droit.

Il se pourrait qu’en cours de chemin, on ait d’autres décisions émanant des trois chefs d’Etat qui devraient leur permettre de donner des orientations précises à cette Commission afin de suivre la mise en œuvre. Donc la Commission en elle-même n’aura pas de projet personnel à déterminer à mettre en œuvre. Elle doit fonctionner de façon très stricte sur la base des orientations des trois chefs d’Etat.

(AIB) : Quel est votre message à l’endroit des populations ?

(BB) : A l’adresse des populations, d’abord je commence par saluer la résilience de l’ensemble des peuples du Sahel et saluer la solidarité de l’ensemble des peuples du monde d’Afrique qui, depuis l’engagement des trois chefs d’Etat, a fait en sorte que l’espace AES soit un espace de souveraineté et d’honneur des peuples et ne font que venir en soutien. En dehors de quelques soubresauts que nous constatons à la tête de certains États, nous constatons que l’ensemble des peuples à travers le monde porte déjà l’idéal AES. Nous tenons à leur endroit à saluer cette solidarité et à leur faire comprendre que l’AES n’est rien d’autre qu’un espace de l’ensemble des peuples du monde. Il n’y a pas de sélection, il n’y a pas un document sur lequel il est écrit que l’AES est contre une organisation ou contre un pays.

Mais attention, il va s’en dire également qu’il faut être très strict par rapport à ceux qui disent qu’ils sont des partenaires. Un partenaire, il y a des caractéristiques essentielles qui le définissent. Un partenaire ne rentre pas dans un espace par effraction, il ne rentre pas dans un espace par violation, il ne rentre pas dans un espace par arrogance. Donc dès lors que l’ensemble de ces éléments ne sont pas réunis et que quelqu’un rentre dans un espace par effraction, par arrogance, par violation, lui c’est un brigand. Et un brigand n’a pas d’autre traitement que de lui réserver le traitement qui sied pour pouvoir avoir la sérénité nécessaire. Et le troisième élément à l’endroit de l’ensemble de ce peuple, c’est de dire que nous avons déjà payé le grand prix fort.

Et je pense que les devanciers que nous avons salués à l’introduction doivent être très fiers pour ce qui a été déjà abattu. Nous souhaitons prompt rétablissement à l’ensemble de nos frères et sœurs dans l’espace qui sont touchés soit par des blessures ou la maladie. Nous souhaitons un très bon repos à l’ensemble des héros qui sont tombés les armes à la main sur les différents fronts pour défendre l’espace AES.

Mais nous tenons aussi à dire au peuple que le combat sera long parce que la souveraineté économique, culturelle, sécuritaire, sociale et à tous les niveaux ne se commandent pas, ça s’arrache. Et qui dit arracher, dit lutte. Qui dit lutte, dit un prix à payer. Et de ce point de vue aujourd’hui, nous sommes en train de batailler côté sécuritaire, il y a de très grandes avancées.

Côté économique, il y a de très grandes avancées. Mais c’est pour dire que l’ennemi qui est en face, les adversaires qui sont en face, ne sont pas des enfants de chœur. Et de ce point de vue, ils vont trouver toutes les manigances, revoir leur mode d’attaque de l’espace AES et même de leurs dirigeants.

Mais je tiens à dire pour terminer que la force essentielle protectrice de ces dirigeants, c’est la cohésion des peuples, c’est la mobilisation des peuples, c’est ce que nous constatons déjà. Je les invite à garder ce même cap afin que vaille que vaille, nous puissions respecter la mémoire des devanciers qui ont perdu leur vie pour que l’Afrique soit libre et unie.

Agence d’information du Burkina

Propos enregistrés par Tilado Apollinaire ABGA

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