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Burkina : Retour sur l’historique du FESPACO
Ouagadougou, 12 fév. 2025 (AIB)-La 29e édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) se tiendra du 22 février au 1er mars 2025. En prélude à cet événement d’envergure internationale, l’Agence d’information du Burkina (AIB) a rencontré le président de la commission jurys officiels, Hamadou Sondé, qui revient sur l’historique du FESPACO.
Le FESPACO a été créé en 1969 sous la dénomination de « Premier Festival de cinéma africain de Ouagadougou », selon les écrits et les archives », a confié le président de la commission jurys officiels, Hamadou Sondé.
M. Sondé, par ailleurs, conseiller technique du Délégué général du FESPACO prend à témoin, la première affiche du FESPACO en 1969, sur laquelle est mentionnée : « Premier Festival de cinéma africain de Ouagadougou ». Cependant, il a dit avoir remarqué que beaucoup d’écrits mentionnent « Semaine du cinéma africain » ou « Première quinzaine du cinéma africain » désignant cette première édition.
M. Sondé a affirmé que la première édition du FESPACO a eu lieu du 1er au 15 février 1969. Cette première édition a réuni cinq pays africains : le Sénégal, la Haute Volta (actuel Burkina Faso), la Côte d’Ivoire, le Niger et le Cameroun et deux pays européens : la France et les Pays-Bas (couramment appelé Hollande).
Parmi les fondateurs du FESPACO, M. Sondé a cité Louis Tombiano (qui était le premier secrétaire permanent du FESPACO), Claude Prieux, qui était le directeur du centre culturel franco-voltaïque, François Bassolet, Alimata Salembéré, Sembène Ousmane, Hamidou Ouédraogo …
Il a confié que le festival s’est agrandi au fil des éditions pour devenir un événement majeur, continental et mondial. « Le FESPACO est devenu, de nos jours, la référence du 7 e art africain, la principale vitrine des cinémas d’Afrique en révélant l’inépuisable imaginaire dont regorgent l’Afrique et sa diaspora », a-t-il souligné. C’est la raison pour laquelle, Ouagadougou est qualifié de « capitale du cinéma africain », a fait remarquer M. Sondé.
Le président de la commission jurys officiels a soutenu que le FESPACO est donc le creuset des cinémas d’Afrique, un label reconnu mondialement.
Il a affirmé que le festival vise, entre autres objectifs, à favoriser la diffusion de toutes les œuvres des cinémas d’Afrique, de permettre les contacts et les échanges entre les professionnels du cinéma, de l’audiovisuel et de l’image animée, de contribuer à l’essor, au développement et à la sauvegarde des cinémas d’Afrique et de sa diaspora, en tant que moyen d’expression, d’éducation et de conscientisation.
M. Sondé a, en outre, confié qu’après 1969, l’année de la première édition qui a connu une présentation des films, sans compétition, la deuxième date majeure à retenir dans l’évolution du FESPACO est 1972, date de la 3è édition. En effet, c’est à partir de 1972, a-t-il rappelé, que le FESPACO a été institutionnalisé avec une compétition de films et l’attribution du premier étalon de Yennenga au palmarès officiel.
Le conseiller technique a rendu un vibrant hommage à l’ex président, feu le Général Sangoulé Lamizana qui, face aux difficultés d’accès aux salles de cinéma (les salles de cinéma étaient non nationales) pour l’organisation du festival, surtout, lors de sa seconde édition en 1970, a pris un décret pour institutionnaliser le FESPACO et lui donner une nouvelle dynamique. Il s’agit du décret n°72/003/PM/INFO/ENC du 7 janvier 1972 portant création du Festival Africain du Cinéma de Ouagadougou.
La compétition officielle qui a eu lieu en 1972 a été remportée par le cinéaste nigérien Feu Oumarou Ganda, avec son film «Le Wazzou polygame ». Oumarou Ganda est donc le premier lauréat de l’Étalon de Yennenga, dans l’histoire du FESPACO, a fait savoir, Hamadou Sondé.
Pas une seule édition manquée
M. Sondé a confié que les 4e et 5e édition du festival ont eu lieu respectivement en 1973 et en 1976, mais, précisé que c’est à partir de la 6è édition tenue en 1979, que l’événement est devenu une biennale.
« Depuis 1979, le festival est organisé régulièrement tous les deux ans, sans discontinuité, ce, malgré les contextes et les crises politiques, sociales, économiques et sanitaires… au plan national ou international », a-t-il dit.
Il a affirmé que tous les Gouvernements et les Chefs d’État qui se sont succédé au Burkina Faso ont fait de l’organisation du FESPACO leur cheval de bataille, leur priorité. Ainsi, ils ont tous relevé le défi quel que soit le contexte qui a été parfois très difficile (L’assassinat du président Thomas Sankara en 1987, la grande crise sanitaire due à la maladie à virus Ébola en 2014-2015, la pandémie de la COVID-19 en 2020-2021…).
«Par exemple, pendant la période de la COVID-19, toutes les manifestations ont été annulées à travers le monde, mais le FESPACO a eu lieu, les dates ayant été décalées pour que l’édition de 2021 se tienne du 16 au 23 octobre. C’est la seule manifestation d’envergure internationale qui s’est tenue au Burkina en 2020-2021. Il en est de même avec la crise sanitaire de 2014-2015 à cause de la maladie à virus Ébola qui n’a pas empêché la tenue du festival du 28 février au 7 mars 2015 », a-t-il constaté.
M. Sondé a, dans la même lancé, soutenu qu’aucun président ou gouvernement, ne veut prendre la responsabilité de ne pas organiser une édition du FESPACO, car historiquement, c’est un fardeau qui peut être lourd à porter. En effet, l’histoire et les archives pourraient retenir que sous le pouvoir de tel ou tel président ou de tel ou tel gouvernement qu’une édition du FESPACO a été annulée.
La biennale a lieu les années impaires et débute tous les derniers samedis du mois de février. « Ainsi, cette année, le FESPACO débute le samedi 22 février et prend fin le samedi 1er mars », selon les explications de M. Sondé. Il a indiqué que cette période est idéale, car, le temps est clément, c’est la fin de la période du froid et avant la période de grande chaleur.
FESPACO change de nom
« En 1980, le FESPACO a changé encore de nom par décret pour devenir « Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou.
Le président de la commission jurys a rappelé que Louis Thiombiano a été le premier Secrétaire permanent du FESPACO en 1972 et Alimata Salambéré, la deuxième Secrétaire permanente du festival en 1982.
C’est en 1983, que la première édition du Marché International du Cinéma Africain (MICA) a eu lieu. M. Sondé a confié que le MICA est un marché d’échanges et de vente de la production cinématographique africaine.
En 1984, le festival, selon Hamadou Sondé, a eu un troisième Secrétaire permanent en la personne de Filippe Savadogo qui a occupé ce poste 12 ans durant.
En 1985, I ’édition du FESPACO s’est tenue sous le Conseil national de la révolution (CNR), avec le capitaine président Thomas Sankara. Cette édition a été marquée par la création d’une rue marchande. Par ailleurs, un prix du public a été créé et le premier colloque international a été organisé la même année.
Depuis 1973, il y avait des thèmes au FESPACO mais c’est en 1985 que le premier colloque a été organisé sous le thème : « Littérature et cinéma africain ». Depuis la 14e du FESPACO en 1995, le thème du FESPACO tient lieu en même temps de thème du colloque international et des rencontres professionnelles.
En 2023, le thème du festival était : « Cinémas d’Afrique et culture de la paix ». Selon M. Sondé, il s’agissait de voir comment les cinémas d’Afrique peuvent promouvoir la culture de la paix dans un monde en guerre.
Cette année 2025, l’édition du FESPACO se tient sous le thème : « Cinémas d’Afrique et identités culturelles ». Ce thème fera donc l’objet d’un colloque. Selon M. Sondé, cette thématique est une interpellation sur l’ancrage culturelle des cinémas d’Afrique. Autrement dit, qu’est-ce que les cinémas d’Afrique portent d’africanité qui marque leur spécificité et qui constitue leur part au concert du monde.
Une autre date importante dans l’histoire du festival, est l’année 1987, avec la création de la section Diaspora dans la sélection officielle du festival. Selon lui, c’est cette section qui a permis, jusqu’en 2013, aux cinéastes de la diaspora de prendre part à la compétition pour le Prix Paul Robeson. Le premier prix Paul Robeson de la diaspora a été remporté par la Brésilienne Raquel Gerber en 1989 avec le film Ori.
En 1988, il y a eu l’appel de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) pour la constitution des premiers fonds de films de la Cinémathèque africaine de Ouagadougou en vue de préserver, conserver et valoriser le patrimoine cinématographique africaine.
En 1989, la cinémathèque africaine de Ouagadougou dont la vocation est de sauvegarder le patrimoine filmique de l’Afrique fut effectivement créée.
Hamadou Sondé affirme que 1351 films, toutes sections confondues ont été inscrits pour le FESPACO 2025 et 265 films ont été retenus dans la sélection officielle. Parmi cette sélection officielle, « il y a des films en compétition et des films hors compétition. II y a aussi plusieurs sections telles que la section diversité, la section panorama, la section FESPACO Sukabè qui concernaient des films hors compétition », a-t-il expliqué.
En 1993, il y a eu la création d’une section TV vidéo Professionnelle au festival. Cela a amené le FESPACO à changer, encore, de nom pour devenir : « Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou ». C’est à partir de 1993, qu’on a commencé à organiser les cérémonies d’ouverture sous forme de spectacles dans les stades, a-t-il précisé.
La Cinémathèque Africaine de Ouagadougou a été inaugurée officiellement, le 1er mars 1995, sous la présidence du ministre de la culture de l’époque, Feu-Nurukyor-Claude Somda.
En 1996 le FESPACO a son quatrième Secrétaire permanent en la personne de Baba Hama qui a, aussi, passé 12 ans, à la tête de la structure.
En 1999, Il y a eu la création officielle d’un comité de sélection des films du FESPACO et en 2001, il y a eu la création du ciné-club du FESPACO. En 2005, selon M. Sondé, le FESPACO a inauguré son siège actuel.
C’est en 2005, également, que le Secrétaire permanent, devenu Délégué général du FESPACO, Baba Hama a élargi le palmarès officiel du FESPACO par la création de nouveaux prix.
Le grand prix de l’époque, Étalon de Yennenga devient Étalon d’or de Yennenga et passe d’une valeur de 5 millions à 10 millions F CFA. Un Étalon d’argent (5 millions FCFA) et un Étalon de bronze (2,5 millions F CFA) sont, aussi, créés.
Le grand prix du court métrage devient Poulain d’or de Yennenga (3 millions F CFA). Un poulain d’argent (2 millions F CFA) et un poulain de bronze (1 million F CFA) voient également le jour.
L’année 2007 voit la création et la valorisation du documentaire par la création de la section documentaire dans la section officielle du FESPACO.
En 2008, le cinquième Délégué général du FESPACO Michel Ouédraogo prend fonction.
En 2OO9, le festival a fêté ses 40 ans d’existence. A cette occasion, il y a eu la compétition des films documentaires, l’instauration d’une cérémonie professionnelle d’ouverture, le baptême de l’avenue Sembene Ousmane et l’inauguration de la colonne des Étalons.
En 2010, sont créées les Journées Cinématographiques de la Femme Africaine de l’Image (JCFA).
En 2013, c’est l’introduction de la nuit des séries et en 2014, le festival a eu son sixième Délégué général en la personne de Ardiouma Soma.
En 2015, le festival a introduit le numérique dans la compétition officielle. Par ailleurs, 2015 a vu l’ouverture de la compétition longs métrages aux films de la Diaspora.
Les valeurs des prix des Étalons de Yennega passent au double. Or : 2O millions, argent : 10 millions et bronze : 5 millions.
Depuis 2020, Alex Moussa Sawadogo est le septième Délégué général du FESPACO. En 2021, la section Burkina est créée dans la compétition officielle. Pour l’édition de 2025, l’une des innovations est la création du prix du public de la RTB.
Agence d’information du Burkina
AB/ATA