La cheffe de service de la promotion du civisme fiscal et de la cellule communication auprès de la Direction générale des impôts (DGI) de Madagascar, Imiangaly Randrianomanana, a partagé une expérience innovante dans le domaine de la fiscalité. C’était au cours d’une formation organisée par le Forum sur l’administration fiscale africaine (ATAF), les 11 et 12 février 2025, à Ouagadougou. Elle a exposé les stratégies mises en place pour renforcer l’adhésion des citoyens au paiement des impôts, notamment à travers la campagne « ANJARA Hetrako » signifiant « Ma part d’impôts, ma contribution ».
Bien avant d’entamer le partage de sa belle expérience en termes de communication innovante au service du civisme fiscal, Imiangaly Randrianomanana, cheffe de service de la promotion du civisme fiscal et de la cellule communication auprès de la DGI de Madagascar a brièvement présenté son pays à l’assistance. « Madagascar, une île de 587 295 km² avec une population de 31 millions d’habitants, compte seulement 1 585 274 contribuables enregistrés sur une population active d’environ 10 200 000 », a-t-elle révélé. Ce chiffre, explique-t-elle, illustre l’ampleur de l’économie informelle et la difficulté d’élargir l’assiette fiscale. Elle souligne qu’en raison de la diversité culturelle et géographique du pays, la communication fiscale est un défi majeur nécessitant des approches adaptées à chaque région.
« ANJARA Hetrako », un modèle de réussite
Selon la cheffe de service de la promotion du civisme fiscal auprès de la DGI de Madagascar, lancée en octobre 2020, la campagne « ANJARA Hetrako » signifiant « Ma part d’impôts, ma contribution », visait la formalisation des travailleurs informels en simplifiant les démarches d’enregistrement fiscal. Désormais, il suffit d’une copie de la carte nationale d’identité, d’un certificat de résidence et d’un paiement de 16 000 ariary, soit 2 150 francs CFA via les services de mobile banking pour obtenir une carte fiscale et un numéro d’identification fiscale. Cette initiative, portée par le ministère de l’Économie et des finances, a été renforcée par des partenariats avec des opérateurs téléphoniques du pays.
Des stratégies de communication innovantes
Dans le développement de ses idées, Imiangaly Randrianomanana a mis en lumière l’approche multimédia de la DGI pour atteindre un large public. Les outils utilisés, affirme-t-elle, incluent les médias traditionnels, à partir desquels ont été diffusés des spots télévisés et radiophoniques, des interventions dans les journaux télévisés et des émissions populaires. Cette approche s’étend aussi aux roadshows, à l’instar d’événements de sensibilisation organisés avec des artistes locaux.
Les réseaux sociaux sont également pris en compte avec une forte présence sur LinkedIn, Facebook, YouTube et Wix, sur lesquels sont postées des séries éducatives. Une mascotte engageante, dénommée Zaké, un super-héros, a été conçu pour rendre la sensibilisation plus attractive.
« Un réseau de référents en communication, présents dans chaque direction régionale des impôts, au nombre de quatorze, ont été recrutés pour adapter les messages aux réalités locales. L’implication des autorités locales et des sages, a été essentielle pour la mobilisation des élus et des notables afin de renforcer l’adhésion de la population », a relevé la cheffe de service de la promotion du civisme fiscal auprès de la DGI de Madagascar
Des résultats encourageants et des défis à relever
Imiangaly Randrianomanana confie que Madagascar a enregistré plus de 43 000 nouveaux contribuables, et mené 12 campagnes dans 49 localités grâce à cette campagne. Bien que l’impact sur les recettes fiscales soit modéré, précise-t-elle, pour avoir collecté 145 510 dollars supplémentaires, soit environ 92 millions de francs CFA, représentant 3% des objectifs annuels, ces résultats démontrent l’efficacité des stratégies mises en place pour inciter la population à s’enregistrer.
Plusieurs défis subsistent
Pour la cheffe de service de la promotion du civisme fiscal auprès de la DGI de Madagascar, une meilleure coordination avec l’Institut national des statistiques (INSTAT), est nécessaire en vue de permettre aux contribuables d’obtenir l’ensemble des documents administratifs requis en une seule démarche. Aussi, elle soutient qu’une planification améliorée des campagnes afin de garantir une organisation plus fluide et une communication plus efficace, est cruciale.
« Un accès aux médias à moindre coût est également important. Depuis la fin du partenariat avec l’Office radio et télévision Malagasy, la diffusion des messages fiscaux est devenue onéreuse », a regretté Imiangaly Randrianomanana.
Vers un modèle africain de promotion du civisme fiscal
L’expérience malgache illustre l’importance d’une communication bien pensée pour favoriser le civisme fiscal. Cette initiative rejoint celles menées par d’autres administrations fiscales africaines, telles que le FIRS (Federal Inland Revenue Service) qui a mis en place des mécanismes innovants comme redevabilité, le crédit d’impôt et la mise en place de clichés uniques pour simplifier la fiscalité.
L’ATAF joue ainsi un rôle clé en facilitant le partage de bonnes pratiques entre administrations fiscales africaines. La campagne « ANJARA Hetrako » constitue un exemple inspirant pour d’autres pays souhaitant moderniser leurs stratégies de mobilisation fiscale et renforcer la participation citoyenne au développement national.
Hamed Nanéma
Lefaso.net
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