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FESPACO: ” Nous avons de très belles histoires et traditions que nous pouvons raconter à l’Afrique et au monde “ Moussa Alex Sawadogo

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FESPACO: ” Nous avons de très belles histoires et traditions que nous pouvons raconter à l’Afrique et au monde “ Moussa Alex Sawadogo

Ouagadougou, 14 fév. 2025(AIB)-A quelques jours de l’ouverture de la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) 2025, du 22 février au 1er mars 2025, le Délégué général (DG) Alex Moussa Sawadogo, dans cet entretien, évoque les préparatifs, les innovations et tout ce qui est prévu pour le succès total de la biennale du cinéma.

Agence d’information du Burkina (AIB) : Quel est l’état des préparatifs de la 29e édition du FESPACO, à une dizaine de jours de l’événement ?

Alex Moussa Sawadogo (AMS) : Les préparatifs avancent comme nous l’avions déjà planifié, il y a un an. A l’heure actuelle, on est très satisfait de l’évolution des choses. La sélection des films a été faite. Ce qui constitue l’une des étapes les plus déterminantes du festival. Cette année nous avons reçu plus de 1400 films. Nous en avons sélectionné 235. Cela est une preuve que nombreux sont ces réalisateurs et ces producteurs qui veulent venir au Burkina Faso et l’engouement est palpable. Cette réalité nous interpelle en tant qu’organisateurs. Nous devons revoir nos dispositifs pour pouvoir accueillir ce beau monde qui viendra à Ouagadougou. A ce sujet, nous sommes bien avancés avec les établissements hôteliers et touristiques. Nous sommes également en contact avec l’aéroport international de Ouagadougou, la porte d’entrée de tous ces invités du Festival.Nous avons aussi les salles de cinéma qui vont accueillir ces films et l’affluence. Aux dernières éditions déjà, l’affluence était remarquable et cette année, l’on s’attend à beaucoup plus de personnes. Par conséquent, il faut prendre les mesures techniques, organisationnelles et sécuritaires bien appropriées. En résumé, je peux dire que nous sommes satisfaits des différentes activités qui sont planifiées.

AIB : A combien s’élève le budget de cette édition ? Est-il entièrement bouclé ?

AMS : Il est toujours difficile d’estimer financièrement le budget d’un festival et surtout du budget d’un événement comme le FESPACO. Officiellement, nous oscillions entre 1,3 milliard et 1,4 milliard de francs CFA. Au-delà de ça, il y a des apports techniques, des prestations intellectuelles que l’on ne peut pas monnayer.C’est un gros budget pour le FESPACO et pour le pays. Grâce à la volonté de nos autorités, que je remercie une fois de plus, tout se passe bien. En effet, nos premières autorités sont conscientes de l’aspiration des réalisateurs et des producteurs et surtout ceux qui viendront au Burkina Faso. Je pense que ceux qui viendront au Burkina Faso c’est pour montrer leurs films ou être en contact avec leurs homologues cinéastes, producteurs, distributeurs mais aussi pour voir le Burkina qui traverse des moments difficiles mais qui tient debout et qui continue à être un lieu sain pour les réalisateurs.Je pense que nombreux d’entre eux veulent venir découvrir, savoir quels sont ces monuments qui dirigent ce pays qui tient malgré les différentes difficultés.En aucun cas, l’on ne peut boucler un budget d’un événement jusqu’au dernier jour, mais nous y travaillons. Je profite lancer un appel à tous les partenaires, mêmes ceux qui ont déjà contribué. Ils peuvent venir redonner encore. Nous sommes preneurs. C’est important de voir que l’État fait un effort. J’aime bien le dire, le FESPACO c’est le seul événement d’envergure de cette taille dont la majorité du budget est soutenue par l’État.C’est un effort considérable que nos autorités ont fait pour pouvoir le tenir. Donc c’est à ses partenaires locaux aussi de nous accompagner justement dans la réalisation de ce projet, dans la dynamique qui a été lancée par nos autorités et surtout de l’image que nous voulons donner du Burkina à l’extérieur.Il y a des moments difficiles de l’histoire des pays où des festivals sont annulés, mais en aucun cas, le Burkina Faso n’a annulé l’édition d’un festival. Donc je tire vraiment mon chapeau à nos autorités et surtout à toutes ces personnes qui croient au Burkina Faso et qui sont aussi dans la dynamique que nous sommes pour la relance de notre pays.

AIB : La 29e édition du FESPACO se tient sous le thème « Cinémas d’Afrique et identités culturelles ». Que traduit le choix de ce thème ?

AMS : Le thème traduit justement la vision globale, la dynamique dans laquelle se trouve, de nos jours, notre pays, le Burkina Faso. Une fois de plus ce sont les identités culturelles qui font le fondement de nos sociétés et de notre souveraineté. C’est important aussi de voir comment cela se traduit au cinéma. Nous avons de très belles histoires, de très belles traditions que nous pouvons raconter, pas seulement pour les Africains mais aussi pour le monde. Parce que nous sommes, quoi qu’il en soit, un pays des cultures pour le continent africain et c’est aux réalisateurs, aux producteurs de s’inspirer de cela pour pouvoir le diffuser. Si aujourd’hui l’on considère le cinéma américain comme le plus fort au monde, c’est parce qu’ils ont puisé dans leur terroir, leur fond, leur savoir-faire, leur savoir-vivre pour pouvoir réaliser des productions cinématographiques et les répandre à travers le monde entier. Nous souhaitons aussi que les réalisateurs et producteurs africains demeurent dans cette dynamique.

AIB : Quels sont les principaux défis à relever pour garantir le succès de cette édition ?

AMS : Le premier grand défi pour la délégation générale, c’était de pouvoir garder ce label FESPACO dans ces moments difficiles, c’est-à-dire le choix artistique des films que nous avons déjà opéré. Cela déjà est salué par le monde des professionnels. Nous sommes très contents, très fiers de pouvoir traverser cette étape.Le second défi, c’est la question du financement du festival. Certes, l’Etat burkinabè a toujours été le premier et le grand partenaire financier de cet événement, cependant dans ces situations difficiles, il y a des priorités un peu partout. A lui seul, l’État ne peut pas tout faire. Nous continuons à travailler avec des partenaires locaux et étrangers. Dieu merci, les choses se présentent bien. Quoi qu’il en soit, nous allons vraiment faire un FESPACO, pas au rabais, mais un FESPACO dans toute sa dimension.Le dernier défi concerne la question sécuritaire. Nous sommes habitués à faire un FESPACO dans des conditions très difficiles. Nos autorités en sont conscientes et ont pris les mesures adéquates. Nous avons déjà eu le cas en 2021 ainsi qu’en 2023, et nous sommes sûrs aussi qu’en 2025, le défi sécuritaire sera relevé.

AIB : Quelles sont les innovations prévues pour cette édition du FESPACO?

AMS : C’est toujours important pour un événement comme le FESPACO d’apporter des innovations. C’est ce qui fait aussi la beauté d’un festival. Cette année, l’une des innovations est le prix du public parce que le FESPACO, malgré son caractère professionnel, le festival reste populaire. Pour ce faire, nous devons donner la parole et la possibilité à ce côté populaire de voter, de donner son mot dans le palmarès. Le prix du public initié à cet effet, sera parrainé et soutenu par la RTB, l’un des grands partenaires du FESPACO.Une autre innovation concerne la programmation. Cette année, nous avons la semaine de la critique. Il s’agira de donner la possibilité à des films d’être appréciés autrement. En effet, il ressort que nous avons du mal à classer certains films, vu leur caractère original, vu la forme de la narration, vu l’objectif que l’auteur veut atteindre à travers la forme de narration, le caractère artistique du film, etc. En outre, nous avons cette année, une exposition dans la cour du FESPACO des personnalités inspirantes du cinéma africain. Si nous sommes là aujourd’hui à parler du cinéma, c’est parce qu’il y a eu des hommes et des femmes qui ont consacré leur vie, leur énergie, leur intelligence, pour construire un cinéma fort, un cinéma pas juste seulement pour l’Afrique ni pour le Burkina, mais un cinéma qui parle au monde. Nous avons donc cette responsabilité morale de leur donner une place au sein de notre maison qui est unique dans le monde entier. Le FESPACO, c’est le seul festival au monde qui dispose d’un bâtiment qui nous revient à part entière. Nous en sommes fiers. A travers cette vitrine, les personnalités inspirantes du cinéma africain seront exposées pour vous, pour nous, et pour ceux qui hériteront le FESPACO demain, dans les mois ou les années à venir.

AIB : Le FESPACO 2025 a battu tous les records en termes de nombre de visiteurs et de filmographie. Quelles stratégies ont permis d’obtenir de tels résultats performance ?

AMS : Je dirais d’abord que c’est l’engouement et la qualité artistique que nous proposons. Vous savez que quand on part à un festival, on ne part pas juste pour voir les films. L’on y va pour rencontrer des belles personnes, pour voir le marché. C’est la dynamique aussi qui est lancée au sein de ce festival, qui a poussé les gens à venir au FESPACO pour découvrir cela.Au-delà de cela, il y a de nombreux curieux qui veulent voir ces hommes et ces femmes qui dirigent ce pays, qui traversent des moments difficiles, mais qui tiennent debout. Moi, c’est mon opinion personnelle. Je crois que c’est dû au fait que notre pays est résilient et déterminé. Au Burkina Faso, nous avons cette chance d’avoir des hommes qui ont le savoir-faire, qui ont le savoir de pouvoir exister, créer, innover, dans les moments difficiles. C’est ça qui fait notre beauté d’ici. Je pense que c’est la combinaison de tous ces éléments-là qui font que les gens sont curieux de venir. J’espère bien que nous n’allons pas les décevoir.

AIB : Combien de festivaliers sont attendus à cette biennale dédiée du 7e art africain ?

AMS : Nous n’aurons pas moins de 2000 festivaliers qui viendront à Ouagadougou. Je donne les chiffres que nous avons en termes d’accréditations. En réalité, nous attendons beaucoup plus de monde.

AIB : Vous avez parlé de sécurité, quelles sont les dispositions prises pour assurer la sécurité de tout ce monde ?

AMS : La question sécuritaire ne relève pas de mes qualités, de mes capacités. Je suis un directeur de festival, un directeur artistique qui choisit les films, identifie les personnes pour animer les concerts, mais je n’ai pas cette qualité en matière de sécurité. Ce volet est du ressort de la commission en charge de la sécurité. Néanmoins, je profite rassurer tous les festivaliers qui viendront d’ailleurs ou d’ici, qu’il y a au Burkina Faso, cette forte expérience de sécurisation des événements. Nous avons confiance en nos autorités et je suis sûr qu’au jour J, le monde entier sera fier de nous.

AIB : Quels sont les partenaires qui vous accompagnent pour cette édition ?

AMS : Nous avons notre pays, nos autorités qui constituent un grand partenaire. Je le dis et je le répète c’est très important de le souligner parce que ce n’est pas évident, dans des moments difficiles que traverse le pays, de pouvoir décrocher d’un côté pour satisfaire l’autre côté. Nous sommes très fiers, très honorés, très flattés de voir que nos autorités financièrement, techniquement et même en termes de conseils, de management, nous accompagnent.Je crois que ce sont des sacrifices qu’elles font, et c’est important de saluer le courage de ces hommes et de ces femmes qui s’engagent. Nous pouvons avoir des idées, mais c’est eux qui nous ont accompagnés. Nous leur disons merci pour tout cela. Au-delà de cela, nous avons les partenaires classiques, des organisations régionales qui continuent à nous soutenir. Il s’agit des partenaires locaux, des banques, des services et de quelques partenaires à l’extérieur.Il convient de signaler que certains partenaires ont sauté du train, c’est-à-dire qu’ils ont quitté et n’ont pas soutenu le FESPACO cette année. Pendant que certains sautent du train d’autres y montent. J’aime toujours prendre l’idée du train pour caricaturer la situation. Lorsque le train démarre, c’est un moment où il y a des gens qui montent et d’autres qui descendent. Et l’objectif c’est d’arriver à bon port. Je suis sûr que nous y arriverons

. AIB : Le Burkina Faso a-t-il des chances de remporter l’Étalon d’or de Yennenga cette année ?

AMS : Nous avons visionné plus de 1100 films et nous avons retenu parmi eux, 235 films. Chacun des 235 films peut remporter l’Etalon d’or de Yennenga. Je parle en ma qualité de directeur du FESPACO. Nous avons 48 pays, ce qui est énorme. C’est même, une première. Si je prends ma casquette de fils du pays, je souhaiterais que le Burkina Faso gagne. Alors que les autres films qui sont là, dans la sélection officielle peuvent gagner aussi.Je serai fier, j’applaudirai lorsque c’est le Burkina qui gagnera, mais je laisserai les membres du jury en décider. Soyez en rassurés, ils vont faire du travail professionnel. L’année dernière, le Burkina était juste à une étape de gagner l’Etalon d’or de Yennenga. Peut-être que cette année sera la bonne.

AIB : Pourquoi avoir choisi le Tchad comme le pays invité d’honneur ? Quelles responsabilités cela implique-t-il pour ce pays ?

AMS : Normalement, le choix du pays invité d’honneur relève des autorités qui ont choisi, cette année, le Tchad. Sur le plan cinématographique, beaucoup de choses se passent entre les deux pays. Nombreux sont ces réalisateurs tchadiens qui ont étudié au Burkina, à l’ISIS (Institut supérieur de l’image et du son, Ndlr), par exemple. A l’inverse, nombreux sont des techniciens burkinabè qui ont travaillé sur les films tchadiens. En somme, culturellement, nous sommes liés bien que nous ne partageons pas les mêmes frontières. Il y a une sorte de sympathie qui existe entre ces deux pays. Nous serons à la cérémonie d’ouverture et de clôture et l’apport du Tchad y sera remarqué. C’est un très bon choix à mon avis et je salue en passant, nos autorités d’avoir pensé au Tchad

.AIB : Les cérémonies d’ouverture et de clôture du FESPACO sont souvent marquées par des spectacles mémorables. Qu’avez-vous prévu pour le public cette année ?

AMS : Surprise, surprise ! Rendez-vous le 22 février 2025 à partir de 14 heures au Palais des Sports de Ouagadougou pour découvrir la cérémonie d’ouverture. Celle de clôture est prévue pour le 1er mars 2025. Ce sont toujours des spectacles époustouflants. C’est cela aussi qui donne le ton et la saveur au festival.Les choix de chorégraphes constituent également des éléments très importants car le monde entier nous regarde. Nombreux sont ces télévisions, ces plateformes qui sont connectées pour pouvoir montrer le Burkina Faso, la présence de nos autorités, des acteurs, de la population qui sortent pour regarder. Cela est important. Ces genres de spectacles montrent aussi la force de création et d’innovation de nos artistes.Ce sont des artistes et des chorégraphes burkinabè qui le font, donc c’est important. Je suis sûr que vous ne serez pas déçus au soir du 22 février, ni au soir du 1er mars. Je vous invite, venez voir. Sortez nombreux pour découvrir toute la force d’imagination, de création, et comment le chorégraphe Aristide Tarnagda fera rêver le Burkina Faso et le monde.

AIB : Quel message souhaitez-vous adresser aux visiteurs, professionnels et invités de cette édition ?

AMS : Une fois de plus, j’ai décidé de croire d’abord aux autorités burkinabé qui ont décidé, une fois de plus, même dans des situations difficiles, de pouvoir organiser l’événement. Nous demandons de croire à la dynamique qui est lancée dans notre secteur culturel cinématographique, de pouvoir se poser sur nos acquis en essayant de transcender nos difficultés pour créer quelque chose de nouveau, quelque chose d’inimaginable, et qui soit quelque chose aussi qui va parler au monde, pas seulement au Burkina Faso.Nous devons croire aux autorités burkinabé lorsqu’elles parlent de la sécurité qui sera garantie pour les invités. Ceux-ci ne devrait pas hésiter à aller demander leur visa, prendre leurs billets d’avion, de réserver la chambre d’hôtel à Ouagadougou. Nous demandons aussi aux uns et aux autres de croire à la délégation générale du FESPACO qui a fait des choix forts et artistiques concernant la programmation, concernant les activités, et concernant aussi les moments forts de rencontres entre hommes et femmes de cinéma et de culture. C’est vrai, l’on vient au Burkina Faso pour pouvoir présenter des films, mais également, pour apprendre à travers les films. L’on vient au Burkina Faso aussi pour se réconcilier avec soi-même, en voyant ce peuple travailleur résilient et créatif.

Agence d’information du Burkina

Propos recueillis par BABA Haoua.

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