
Ouagadougou, 16 mars 2025 (AIB) – Discours sur la situation de la Nation : l’intégralité des réponses du Premier ministre aux questions des députés de l’Assemblée législative de Transition (deuxième et dernière partie).
INDUSTRIALISATION
Pourquoi a-t-on abandonné l’usine de tomates de Loumbila au profit des nouvelles usines de Bobo-Dioulasso et de Yako ? Comment assurer la disponibilité des matières premières pour alimenter ces usines ?
Premier Ministre (PM)- L’usine de Loumbila, la STFL (Société de transformation des fruits et légumes, Ndlr) n’a pas été abandonnée. Soyez rassurés, le gouvernement, à travers le ministère en charge de l’industrie, est en contact avec les partenaires en vue de sa relance. Un modèle économique approprié est en cours d’élaboration pour s’adapter au contexte actuel.
Pour donner encore plus de précision sur ces projets, une fois qu’il y a des difficultés et qu’il y a des actions judiciaires, cela ne facilite pas un certain nombre d’interventions. Mais des solutions vont être trouvées (…). Il serait également bien d’inviter les consommateurs à faire confiance à cette production nationale et donc à consommer les produits qui sortiront de ces usines. La STFL n’est pas abandonnée et des mesures sont en place pour relancer ce projet important à Loumbila.
Quelles sont les raisons qui ont milité au choix des zones pour abriter les nouvelles unités industrielles de transformation de la tomate au Burkina Faso ?
PM- Les raisons du choix de ces zones sont les suivantes :
La forte production de la matière première par excellence.L’existence de barrages et de points d’eau facilitant la production.
L’existence des faîtières de production bien organisées.Les dispositions pour assurer la disponibilité des matières premières pour alimenter ces usines sont principalement l’organisation des faitières de production de la matière première dans lesdites zones, l’amélioration des variétés de production de la matière première transformable, le renforcement des capacités techniques des producteurs, l’emblavement de nouvelles superficies de production de la matière première, la restriction voire l’interdiction de l’exportation de la matière première.
BONNE GOUVERNANCE
À ce jour, quel est le taux de réalisation du Plan d’action pour la stabilisation et le développement (PASD) ?
PM- Le Plan d’action pour la stabilisation et le développement (PASD) est un instrument central de programmation des priorités du gouvernement. Il s’exécute par tranche annuelle et par l’ensemble des membres du gouvernement, des institutions, des organismes exécutifs et des collectivités territoriales.
Le bilan annuel de l’exécution du PASD est régulièrement réalisé à la fin du mois de février au niveau des régions et des secteurs de planification et en avril au niveau national. Ainsi, les tranches annuelles d’exécution du PASD étaient respectivement de 63,3% en 2022 et de 73,4% en 2023. Le processus d’évaluation de la tranche annuelle 2024 est en cours.
Quel est le bilan du PASD en son pilier 1 sur les indicateurs de sécurité, notamment la baisse de l’indice de sécurité, l’indice du terrorisme et le niveau actuel de l’indice de perception de la corruption ?
PM- Grâce aux efforts engagés en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption, l’indice de perception de la corruption s’est sensiblement amélioré. Il est passé de 40 sur 100 en 2020 à 41 sur 100 en 2023 et 2024 et le score de 41 sur 100 en 2024 classe le Burkina Faso au 82e rang des pays les moins corrompus sur 180 pays évalués et ce score place le Burkina Faso au-dessus de la moyenne dans la région Afrique subsaharienne qui est de 33 points sur 100. On n’a pas dormi sur nos lauriers, les actions vont se poursuivre pour toujours améliorer la gouvernance et la lutte contre la corruption.
Concernant les indicateurs de sécurité tels que l’indice global du terrorisme et l’indice global de la sécurité, c’est le taux de reconquête du territoire qui est désormais utilisé en lieu et place de l’indice global du terrorisme et le niveau comme je l’avais dit c’est plus de 71%. Je pense que ce sont des données qui sont beaucoup plus accessibles que les indices qui souvent ne peuvent être décodés que par les spécialistes.
A combien peut-on évaluer le montant global économisé dans le cadre de la réduction du train de vie de l’État au titre de l’année 2024 ?
PM- De manière globale, l’État a fait des économies en matière de dépenses d’eau, d’électricité, de téléphones et de baux administratifs et à ce jour le montant est estimé à plus de 3 milliards de francs CFA. Au demeurant, la réduction du train de vie de l’État se fait à travers plusieurs autres actions dont certaines sont facilement quantifiables et d’autres non.
C’est le cas de mesures de la suspension de l’acquisition par exemple de véhicules. Il y a aussi certaines mesures dont l’incidence est en cours d’évaluation. C’est le cas du contrôle effectué sur le paiement de salaire des agents publics.
Sur instruction du chef de l’État et sous son leadership, le budget de l’année 2025 a fait l’objet du recadrage pour purger les différents programmes d’activités de ce qu’on considère comme des actions qui n’ont pas d’impact réel. C’est le cas notamment des ateliers, des formations dont le nombre a été significativement réduit. Cela pour faire en sorte que les rencontres qui peuvent se tenir sur place puissent se tenir sur place.
Tout cela participe de la volonté de réduire, d’assainir, afin de disposer de davantage de ressources pour faire face aux priorités sécuritaires, humanitaires et alimentaire.
Qu’est-ce qui explique la baisse des budgets de l’ASELC, de la Cour des comptes en 2025 et des corps de contrôle, alors que l’État affirme que la lutte contre la corruption est une priorité ?
PM- La réduction des budgets ne concerne pas uniquement les corps de contrôle. Elle a touché tous les ministères et toutes les institutions. Cet ajustement procède des mesures de rationalisation des charges du budget de l’État pour faire face à des besoins urgents.
Une réflexion est menée pour faire le bilan de la plus-value de ces organes de contrôle, ce qu’ils rapportent à l’État en termes de recouvrement dû aux pratiques de corruption, de fraude et de faux. Et dans ce sens, vous pouvez être rassurés qu’il est envisagé une réforme globale des missions et des modes opératoires de ces corps de contrôle pour les rendre plus efficaces et surtout pour que le contrôle puisse produire des résultats plus importants.
Quelles mesures prises pour l’apurement de la dette intérieure ?
PM- Le niveau actuel des instances de paiement et de l’exigence des défis sécuritaires que vit le pays explique une orientation plus accrue des dépenses vers celles liées à la question sécuritaire.
Malgré cela, il y a des efforts constants sur le paiement des dettes, des restes à payer. A titre d’exemple, au cours de l’année 2024, le total des paiements de dette intérieure s’élève à 1962,06 milliards de francs CFA. Pour l’année 2025, au premier trimestre, le total des paiements de la dette intérieure s’élève à 345,86 milliards de francs CFA. Donc le cumul des deux années au premier trimestre, donne 2307,92 milliards.
Il est à noter que la dette intérieure est un processus dynamique. Cela veut dire qu’au moment où on travaille à les apurer, il y a de nouveaux engagements. C’est appelé à s’actualiser au fur et à mesure, mais les efforts d’apurement vont se poursuivre avec la mobilisation intense des ressources.
DEMOGRAPHIE ET ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
L’accélération de la transition démographique est-elle adaptée au Burkina Faso ?
PM- La transition démographique est le passage d’une population caractérisée par une fécondité et une mortalité élevée à une population ayant une fécondité et une mortalité réduites.
La transition démographique est le passage d’une population caractérisée par une fécondité et une mortalité élevée à une population ayant une fécondité et une mortalité réduites.
Donc l’accélération de la transition démographique représente les moyens mis pour assurer cette transition dans le moyen terme, surtout pour avoir une meilleure maîtrise de la population. Les facteurs qui influencent cette transition sont l’amélioration des conditions de vie et de santé de la population, ce qui entraîne une baisse de la mortalité, les politiques économiques telles que les politiques familiales et les systèmes de santé et de retraite, les facteurs culturels et religieux qui peuvent influencer également les comportements démographiques. Ces facteurs interagissent entre eux et avec le contexte socio-économique pour influencer le rythme et la forme de la transition démographique.
Aujourd’hui, tout ce qui se fait est conforme à la vision et surtout aux priorités du Burkina Faso. Donc dans ce domaine, nous ne laisserons donc imposer aucune dynamique pour qui que ce soit.
Tout ce qui se fait sera conforme à la vision actuelle et vis à faire en sorte que nous ayons une population qui se porte bien et une jeunesse qui peut donc apporter sa force et surtout être le fer de lance du développement du Burkina Faso.
Quelles sont les dispositions prises pour améliorer les conditions d’études et de vie des étudiants ?
PM- Concernant l’amélioration des conditions de vie des étudiants, on peut noter :
une augmentation du budget du FONER (Fonds national pour les études et la recherche, Ndlr) en 2025 de plus de 3,5 milliards de francs CFA, ainsi qu’une hausse du nombre de repas servis annuellement aux étudiants ces dernières années, 11,5 millions en 2022, 13 millions en 2023, 14 millions en 2024, Plus de 15 millions prévus en 2025 ;
La construction de cités universitaires à Dédougou, Dori, Fada N’Gourma et Koudougou ;
la rénovation en cours des bâtiments de la cité universitaire de Kossodo à Ouagadougou.
Concernant l’amélioration des conditions d’études, en plus des autres actions en cours, il est prévu dans le cadre de l’initiative présidentielle pour une éducation de qualité, la construction de 40 amphithéâtres, la réalisation de 21 forages, 5 kilomètres de routes pavées. Nous notons le démarrage effectif de la construction de ces amphithéâtres au niveau de 5 universités et 5 centres universitaires.
URBANISME ET HABITATS
Quel est le nombre de localités disposant de plans d’occupation des sols ?
PM- Le département en charge de l’urbanisme travaille à doter toutes les localités de documents de planification urbaine et il est engagé à accompagner les collectivités dans l’élaboration de leurs plans d’occupation des sols. À ce jour, 14 localités disposent de plans d’occupation des sols approuvés, notamment Diabo, Komtoya, Zouaga, Yargo et une dizaine de capitales de région. Huit localités ont leurs plans d’occupation des sols en cours d’élaboration.
Il s’agit de Kokologo, Pouni, Nanoro, Imasgo, Ramongo, Nandiala, Sapouy et Tenado. L’objectif est d’amplifier cette dynamique et de faire en sorte que ces outils de planification puissent être disponibles pour l’ensemble des localités.
Pourquoi la réglementation des baux locatifs n’est-elle pas appliquée alors qu’ils constituent des niches fiscales ?
PM- Il existe une loi sur le bail d’habitation privée depuis 2015, mais comme vous le constatez, son application est difficile, du fait, entre autres, de l’insuffisance de l’offre publique concurrente et alternative.
La mise en œuvre du programme Burkina Faso-Déokaso, nouveau programme de construction de logements, devrait permettre à l’État d’avoir son propre parc locatif pour contribuer à l’accroissement de l’offre de logements locatifs, ce qui devrait contribuer à faire baisser les loyers.
COHESION SOCIALE ET SOCIETE
Est-ce que le gouvernement est dans la dynamique du maintien de la commémoration de la journée internationale des personnes handicapées ?
PM- Le gouvernement du Burkina Faso reste dans cette dynamique de la commémoration effective de cette journée importante internationale des personnes handicapées, et le gouvernement s’organise pour la célébration de cette journée en 2025.
Quelles sont les actions prises ou qui seront engagées pour une cohésion sociale durable ?
PM- En vue de la promotion de la cohésion sociale et du vivre ensemble, le gouvernement a adopté une stratégie nationale de cohésion sociale 2021-2025.
Dans le cadre de l’opérationnalisation de cette stratégie, des actions fortes ont été entreprises dans les différentes régions du pays. Il s’agit, entre autres, de l’implication de 363 leaders traditionnels et religieux dans la prévention et la gestion des conflits locaux, le renforcement des capacités de 1686 leaders communautaires sur la cohésion sociale, la prévention de la radicalisation et l’extrémisme violent, la vulgarisation des valeurs endogènes du vivre ensemble auprès de 744 acteurs de l’éducation, la sensibilisation des personnes déplacées internes, des veuves, des FDS et des VDP tombés, des personnes handicapées, des responsables d’associations et des acteurs des médias sur la paix, la cohésion sociale, le vivre ensemble et la réconciliation nationale à travers des séances de causerie éducative, d’émissions radio, des conférences publiques dans les 13 régions du Burkina Faso.
Il est à noter également l’organisation de cinq conférences régionales au profit de 210 femmes et jeunes sur le thème du rôle et de la responsabilité des jeunes et la valorisation des talents culturels.
Comme vous le voyez, il y a beaucoup d’actions engagées sur cette question de la cohésion sociale, mais la cohésion sociale sera le fruit des actions de chacun de nous au quotidien.
Donc, c’est inviter chacun à être un artisan de paix dans son milieu, dans sa famille. À mon dernier passage ici pour la déclaration de politique générale, en parlant de la réconciliation nationale, nous avons vu tout ce qui s’est développé par la suite. Il est clair aujourd’hui que nous ne sommes plus dans le schéma de la réconciliation nationale politique, à travers de grandes foires pour réunir des acteurs politiques afin de s’accorder sur leurs divergences. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit.
Aujourd’hui, quand on parle de cohésion sociale, c’est de recoudre le tissu social fragilisé entre nos différentes communautés qui ont toujours vécu depuis des siècles en parfaite harmonie, et malheureusement aujourd’hui, ce tissu social est mis à mal par la crise sécuritaire, et surtout les terroristes qui manipulent, les divisions pour augmenter les fragilités et retourner les communautés les unes contre les autres. C’est ce combat qui doit être mené et qui doit être gagné par chaque citoyen. Et comme on le dit, les foires pour se réconcilier, ce n’est pas cela la vision. Que ce soit une vraie réconciliation, une réconciliation des cœurs. Nous avons vu que de grandes opérations de réconciliation avaient été menées à une certaine époque, avons tous été témoins, il y a même des journées qui avaient été décrétées, malgré ces journées, malgré les colombes qui avaient été lancées, les hommes politiques entre eux ont toujours gardé leurs adversités, leurs inimitiés. Donc ce n’est pas forcément de cela qu’il s’agit, mais dans tous les cas, c’est chaque citoyen qui est interpellé.
Hommes politiques, leaders coutumiers, simples citoyens, chacun doit jouer son rôle, parce que ce pays nous appartient à tous, c’est notre bien le plus précieux. Et son salut ne peut venir que de notre unité, de la prise de conscience de notre fraternité, au-delà des divergences qui peuvent être politiques, idéologiques, religieuses ou communautaires. Nous sommes tous des frères et des sœurs du Burkina Faso, et l’avenir du pays est entre nos mains.
SUR LA DERADICALISATION
PM- Les principales réalisations conduites dans le cadre de l’opérationnalisation de la stratégie nationale de prévention de la radicalisation et de lutte contre l’extrémisme violent :
260 spécialistes en déradicalisation ont été formés dans les 13 régions en vue de prévenir la radicalisation et prendre en charge les personnes radicalisées au niveau communautaire ;
69 367 personnes ont été touchées par une campagne d’information ;
116 leaders communautaires, religieux, coutumiers, traditionnels ont été formés.
Mais là également, c’est pour lancer un appel à nos leaders coutumiers ou soient religieux à intensifier ces actions parce que, malheureusement, l’ennemi surfe sur certaines vagues. Quand ce n’est pas la fibre ethnique, c’est la fibre religieuse, mais nous le savons tous, le terrorisme n’a pas d’ethnie, le terrorisme n’a pas de religion, le terroriste n’a pas de communauté.
Un terroriste, c’est un terroriste. Et donc je pense que c’est important de le souligner et c’est un message que nous souhaitons voir intensifié par nos leaders religieux et communautaires afin que véritablement nous puissions barrer la route à ces actions de manipulation et surtout sur cette fibre sur laquelle jouent ces terroristes pour pouvoir toujours continuer malheureusement d’appâter la jeunesse et ceux qui n’ont pas le recul et l’esprit critique nécessaire pour analyser les choses.
Qu’est-ce qui est fait pour la prise en charge des enfants rencontrés lors des opérations de sécurisation du territoire ?
PM- À ce jour, 219 enfants âgés de 0 à 18 ans rencontrés lors des opérations de sécurisation du territoire ont été accueillis par le ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale.
En fonction de leurs tranches d’âge, ces enfants sont placés dans des familles d’accueil, dans des internats éducatifs et des hôtels maternels et bénéficient d’une prise en charge holistique aux plans alimentaire, sanitaire, scolaire, psychologique, de la formation professionnelle. Il est également procédé à des recherches pour d’éventuelles réunifications familiales. Et là également, il y a des actions de communication qui sont souvent menées permettant aussi de voir le témoignage de ces jeunes qui ont été trompés, manipulés et qui malheureusement se sont engagés aux côtés de ces terroristes. Après récupération, ils se sont rendus compte véritablement que c’était non seulement une voie sans issue et surtout les causes pour lesquelles ils pensaient s’engager ne sont véritablement que de la poudre aux yeux, de la simple manipulation.
Ces jeunes-là ont été recueillis, ont été coachés, bénéficient de formations dans des centres de formation professionnelle avec en perspective leur réinsertion dans la vie sociale afin qu’ils puissent aussi contribuer au développement du pays.
Quelles sont les actions concrètes menées sur le terrain pour lutter efficacement contre le mariage forcé, le mariage précoce et la pratique de l’excision ?
PM- Des efforts sont déployés par le ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale, avec l’accompagnement de ses partenaires, pour maintenir à des niveaux satisfaisants tous les indicateurs relatifs au mariage forcé, au mariage précoce et à l’excision. Par exemple, la prévalence de l’excision parmi les femmes de 15 à 49 ans est passée de 76 % en 2010 à 56 % en 2021. Pour les filles de 0 à 14 ans, cette prévalence a diminué de 13 % en 2010 à 9 % en 2021, selon la même source.
De façon concrète, le renforcement des actions de sensibilisation sur les pratiques traditionnelles néfastes à abandonner définitivement pourrait être renforcé pour une meilleure protection des cibles exposées à ces risques. C’est une question d’autant plus pertinente que, si l’on n’y prend garde, le contexte de l’insécurité peut malheureusement créer les conditions d’un rebond de ces pratiques. Mais rassurer vous, véritablement c’est la même rigueur et surtout, le même mot d’ordre serait zéro tolérance à ces pratiques-là qui n’ont plus le droit d’être en 2025.
Quel est le nombre de personnes handicapées parmi les femmes bénéficiaires de crédits et de technologies de production et de transformation ?
PM- Il faut rassurer également que les femmes handicapées sont prises en compte dans l’octroi de crédits. Sur 91 000 femmes bénéficiaires de crédits au niveau du fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes, 218 femmes handicapées ont bénéficié de crédits à hauteur de 60 millions de francs CFA.
Aussi, au niveau du fonds, Faso Kunawili, logé au ministère en charge de l’Emploi, au cours de l’année 2024, 12 personnes handicapées ont été financées pour un montant total de 47,1 millions de francs CFA. Et dans le but de renforcer les capacités de production des organisations féminines, le gouvernement a fait l’option de les doter en technologies de transformation et de conservation. Au titre de l’année 2024, 30 000 femmes ont été dotées de cette technologie parmi lesquelles on dénombre également des femmes handicapées
ROUTES ET INFRASTRUCTURES
Où en sommes-nous pour la reprise des travaux dans les zones à fort défi sécuritaire, y compris la réhabilitation des ouvrages sabotés ?
PM- Le ministère des infrastructures travaille, en collaboration avec les Forces de défense et de sécurité (FDS), pour la reprise de travaux dans les zones à fort défi sécuritaire. A cet effet, les coûts pour la sécurisation de ces sites sont pris en compte dans les projets et les conventions sont signées pour la reprise progressive des travaux en fonction de l’évolution de la situation sécuritaire.
Là également, il faut préciser que dans la vision du chef de l’État, la nouvelle phase de l’opération de reconquête de l’intégrité du territoire national doit intégrer comme priorité la réalisation de ces infrastructures.
Parce que dans les zones reconquises, la consolidation définitive ne peut venir que par la réalisation de ces infrastructures de base, notamment le bitumage des routes d’accès à ces zones Aujourd’hui, l’une des menaces contre nos forces de défense et de sécurité restent ces engins explosifs artisanaux enfouis sur les routes qui malheureusement causent des blessés, font des victimes et freinent la progression et surtout les capacités de ravitaillement de ces zones. Donc dans la phase actuelle, la question de la réalisation des infrastructures doit accompagner l’action de sécurisation pour permettre véritablement que dans ces zones, l’on améliore significativement la question de la route.
Les unités qui assurent la sécurité des convois sont obligées non seulement de combattre l’ennemi, mais l’autre ennemi reste l’état de la route. C’est donc dire que la réalisation des routes dans les zones à fort défi sécuritaire et surtout dans les zones reconquises est une priorité et doit accompagner l’action de reconquête du territoire.
Quel est l’état d’avancement des travaux de la route Zabré-Zoaga-Frontière du Ghana ?
PM- Dans le cadre du projet régional du corridor économique Lomé-Ouagadougou-Niamey, le Burkina Faso a alloué une partie des ressources pour financer les travaux de construction et de bitumage de la route Zabré-Zoaga-Frontière du Ghana, longue de 23 kilomètres. À ce jour, le processus de passation des marchés est en cours pour le recrutement de l’entreprise et de la mission de contrôle. En principe, les travaux devraient démarrer au deuxième trimestre de l’année 2025.
Où en est-on avec les routes Banfora-Gaoua et Banfora-Mangodara ?
PM- En conseil des ministres le 5 mars 2025, le gouvernement a procédé à la validation des fiches de projets Sikasso-Korhogo-Bobo-Dioulasso et du projet de renforcement des infrastructures de soutien à l’économie. Ces projets prennent en compte respectivement les travaux de bitumage de la route Banfora-Sidéradougou-Ouo financés par la Banque mondiale et de la route Ouo-Gaoua financée par la Banque islamique de développement. Le début des travaux est envisagé au premier semestre de l’année 2026. Quant à la route Banfora-Mangodara, elle est en phase d’étude en vue de la recherche de financement pour son bitumage.
Le bitumage de la route Gaoua-Kampti-Frontière-Côte d’Ivoire figure en bonne place dans le programme d’investissement prioritaire du ministère des infrastructures et du désenclavement. Néanmoins, l’axe routier Kampti-Frontière-Côte d’Ivoire dispose d’une étude technique et nous sommes à la recherche du financement pour les travaux de réhabilitation.
Il faut noter, de façon générale, que la priorité concerne tous les axes routiers stratégiques du Burkina Faso. Si aujourd’hui des efforts sont faits pour pouvoir opérationnaliser rapidement les brigades routières, c’est pour pouvoir répondre à ces besoins sur le terrain et surtout à la nécessité de désenclaver toutes les régions, toutes les zones du Burkina Faso.
DIPLOMATIE
Quelle est la vision diplomatique du gouvernement pour renforcer la position du Burkina Faso sur la scène internationale ?
PM- La vision diplomatique du gouvernement pour renforcer la position du Burkina Faso sur la scène internationale repose sur quatre axes majeurs. Il s’agit premièrement, de réhabiliter le Burkina Faso, affirmer pleinement son indépendance sur la scène internationale en diversifiant ses partenaires stratégiques et en œuvrant à la reconquête totale de son territoire. Deuxièmement, il s’agit aussi d’une diplomatie cohérente et affirmée. A ce niveau, notre politique étrangère repose sur une coordination efficace et une stratégie de communication offensive permettant de porter notre propre narratif, déconstruire les clichés et renforcer l’image du Burkina Faso à l’international. En troisième position, il est question d’un positionnement renforcé de la Confédération des Etats du Sahel ( AES). Là, nous consolidons notre rôle au sein de l’AES et travaillons activement à asseoir la légitimité et l’influence de la Confédération sur la scène internationale. Quatrièmement, enfin, une mobilisation plus accrue de la diaspora. Il s’agit de la participation des Burkinabè de l’extérieur aux initiatives nationales de développement et à la sécurisation qui est encouragée et optimisée, renforçant ainsi leur contribution au progrès du pays.
SANTE
Qu’est-ce qui explique la multiplicité des statuts des agents publics qui engendrent des iniquités de salaire dans le secteur de la santé ?
PM- La fonction publique hospitalière a été conçue pour améliorer la performance à travers une meilleure gestion des agents de santé. Elle s’applique aux établissements publics de santé. Pour ne pas laisser en marge le plus grand nombre de structures de santé, il a été créé l’Agence de gestion des soins primaires pour regrouper les structures de santé, notamment les CSPS (Centre de santé et de promotion sociale, Ndlr), les centres médicaux avec antenne chirurgicale, les districts sanitaires. Actuellement, deux situations se présentent. Il y a d’une part, ceux qui sont régis par la fonction publique hospitalière et d’autre part ceux qui sont régis par le statut général de la fonction publique. Cette situation engendre des difficultés, mais un travail est en cours pour les corriger.
Qu’est-ce qui explique la suppression des emplois de conseillers de santé dans le nouveau répertoire interministériel des métiers de l’État ?
PM- L’emploi de conseillers de santé est en voie d’extinction. Lors de l’adoption du statut particulier des métiers de santé humaine et animale, l’emploi de conseillers de santé a été remplacé par celui d’ingénieurs en sciences infirmières et obstétricales. Ce réaménagement vise à fluidifier la progression des carrières des agents de santé. En effet, par le passé, de nombreux emplois intermédiaires ralentissaient la carrière des infirmiers.
EAU POTABLE ET INFRASTRUCTURES HYDRAULIQUES
Qu’est-ce qui est fait par le gouvernement pour gérer l’approvisionnement en eau potable durant la période chaude ?
PM- Pour une bonne gestion de l’approvisionnement en eau potable durant cette période, nous avons plusieurs actions qui sont en cours, notamment le raccordement de moins de 50 forages à gros débit au réseau de l’ONEA dans 20 centres de production, la réhabilitation et le renforcement des capacités de pompage et de production de plusieurs stations (Bobo-Dioulasso, Koudougou, Dori, Ziga, Paspanga), la mise en œuvre de traitements spécifiques des eaux contaminées à l’arsenic dans certains centres tels que Ouahigouya.
Par ailleurs, je voudrais aussi interpeller la population burkinabè sur la nécessité d’éviter le gaspillage de l’eau de robinet, surtout pendant cette période chaude, en rationalisant au mieux la consommation afin de réduire les risques de pénuries et de coupures.
Que devient le projet du barrage du Noumbiel ?
PM- Le projet du barrage du Noumbiel est à la phase des études pour la réalisation et la mise en œuvre du volet électrique. La perspective immédiate est la poursuite des négociations qui sont déjà en cours entre les 7 pays membres de l’autorité du bassin de la Volta, en vue de faciliter la mise en œuvre concertée de ce projet.
Quelle est la situation des dossiers des barrages de Ouessa et de la Bougouriba ?
PM- Les dossiers des barrages de Ouessa et de la Bougouriba ont été retenus pour une réalisation en mode partenariat public-privé. Pour le barrage de Ouessa, une entreprise indienne dénommée Angélique International s’est intéressée à sa réalisation. Elle a, à cet effet, déposé une proposition technique qui est en cours d’examen par la partie nationale. Pour le barrage de Bougouriba, les études complémentaires nécessaires à l’exécution en mode partenariat public-privé ont été réalisées en 2024. Une entreprise privée s’y est intéressée et a déposé une offre technique en février 2025. Ce dossier est en cours d’examen. La réalisation de ces barrages fait partie des priorités et des efforts seront déployés pour leur mise en œuvre diligente.
Quelle est la situation de Boussara ?
PM- L’étude d’avant-projet sommaire est achevée et donne une capacité de 167 millions de mètres cubes. Il reste l’étude d’avant-projet détaillé et de réalisation et l’ONEA en fera une priorité.
Qu’est-ce que le gouvernement prévoit pour pérenniser le système d’identification des animaux initié avec l’appui des projets ?
PM- Afin d’assurer le suivi en temps réel de nos troupeaux, notamment en déplacement, il a été mis en place un dispositif d’identification des animaux au Burkina Faso. Pour pérenniser ce dispositif entamé par le gouvernement, il est prévu la création du Bureau central d’identification. Les textes relatifs à ce bureau, arrêtés de création et cahiers de charges, sont en cours de validation.
Quelles sont les dispositions prises pour une exploitation optimale des grandes zones de production comme la vallée du Sourou ?
PM- Pour une meilleure exploitation des grandes zones de production, il a été institué une production sur trois cycles par an dans les grands périmètres avec maîtrise totale de l’eau, comme dans la vallée du Sourou. Les cultures prioritaires ont été identifiées et un planning de campagne a été élaboré et diffusé auprès des principaux acteurs. Les autorités administratives et sécuritaires ont également été invitées à appuyer le dispositif de gestion des aménagements, pour une application conforme des cahiers des charges. Les brigades de mécanisation agricole seront renforcées en équipements, et un appui intra-agricole à prix subventionné sera apporté aux producteurs assorti contrat de cession d’une partie de la production à la SONAGESS.
Existe-t-il un plan de réhabilitation des barrages ?
PM- Il existe un plan de réhabilitation des barrages élaboré par le gouvernement pour réduire le nombre de barrages dégradés et améliorer la disponibilité en eau de production. Pour faciliter la mise en œuvre de ce plan, l’Office national des Barrages et des aménagements hydro-agricoles (ONBAH) a été mis en place, et ses capacités sont en cours de renforcement.
Le premier chantier de l’ONBAH, lancé aujourd’hui même, concerne le barrage de Hérédougou, destiné à minimiser les risques d’inondation de la route nationale numéro 1.
La vision c’est que l’ONBAH monte progressivement en puissance. Le matériel que Son Excellence Monsieur le Président du Faso a remis à l’ONBAH n’est qu’un premier lot, d’autres commandes devant être livrées dans les semaines et mois à venir pour accroître les capacités d’intervention.
Dans un premier temps, l’ONBAH se concentrera sur la réalisation des retenues d’eau, ainsi que sur la réparation et la réhabilitation des barrages endommagés. Cela permettra, au fur et à mesure, d’augmenter la technicité de l’ONBAH, et ses capacités d’intervention, afin de réaliser des projets plus ambitieux de construction de barrages dans toutes les régions du Burkina Faso.
Comment le gouvernement compte-t-il rendre accessibles les appels à projets aux jeunes et aux femmes ?
PM- Les appels à projets dans le secteur agro-pastoral et halieutique ciblent prioritairement les jeunes et les femmes avec la mise en place de critères discriminatoires en leur faveur.
Un dispositif existe pour les accompagner à l’élaboration de business plans bancables avec des outils adaptés au secteur rural. Il y a en outre un allègement des conditions de financement telles que les garanties et les taux d’intérêt qui offrent des opportunités d’employabilité des jeunes et des femmes dans ce secteur stratégique.
Qu’en est-il de la question de la mobilisation de l’eau souterraine ?
PM- Les actions du ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques s’inscrivent déjà dans cette dynamique de mobilisation des ressources en eau souterraine, notamment à travers la réalisation de forages à gros débits sur l’ensemble du territoire national. C’est une action majeure de l’offensive agro-pastorale et halieutique. La montée en puissance de l’ONBAH devrait permettre de répondre à cet impératif. Il est pertinent de souligner qu’il faut nous concentrer sur les ressources souterraines, qui sont abondantes au Burkina Faso, dans quasiment toutes les régions. Toutefois, pour en tirer parti, il est nécessaire de réaliser des forages profonds qui permettent d’obtenir des débits intéressants, non seulement pour la consommation humaine, mais aussi pour la production agricole.
SECURITE ET DISPONIBILITE ALIMENTAIRE
Quelles mesures ont été prises pour garantir l’accès aux boutiques témoins ?
PM- Pour le compte de la SONAGES, il faut noter une réforme organisationnelle prévoyant des centres d’écoulement et de proximité dans chaque commune avec une perspective d’extension aux villages qui est engagée.
Le conseil des ministres du 5 mars 2025 a validé la construction de magasins. Il y a la mise en place d’un nouveau mécanisme de ciblage confiant la charge de l’identification des bénéficiaires à des comités locaux. Il y a la vente sur camions qui est un relais en l’absence d’implantation physique. Il y a un système informatique développé par la direction des services informatiques pour la commercialisation pour permettre la vente en ligne à travers également ces dispositifs.
Ce s
ont autant d’actions et la grosse dynamique c’est toute la réforme qui concerne de la SONAGES pour pouvoir augmenter ses capacités et en faire une centrale d’achat. Cela dans optique qu’elle puisse aussi s’assurer de la disponibilité de produits de grande consommation partout au Burkina Faso. Ce qui devrait permettre de créer une régulation des prix de ces produits sur le marché.
L’accaparement des terres rurales et les conflits fonciers n’impactent-ils pas la mise en œuvre de l’offensive agro-pastorale et halieutique ?
PM- L’accaparement des terres et les conflits fonciers ont un impact sur la mise en œuvre de cette offensive, notamment en ce qui concerne la mobilisation des terres pour l’aménagement des bas-fonds et des périmètres irrigués. C’est pour cette raison que le gouvernement a pris des mesures visant à réduire ces impacts, notamment en sécurisant les espaces dédiés à la production grâce à l’immatriculation systématique des terres au nom de l’État. À titre d’exemple, deux zones pastorales à Doubégué-Tcherbo, couvrant 10 700 hectares dans la région du Centre-Est et 14 300 hectares dans la région du Centre-Sud, ont été immatriculées.
En 2025, le processus se poursuivra avec l’immatriculation de nouveaux aménagements et la délivrance de baux amphithéotiques aux exploitants installés. Par ailleurs, pour une résolution durable de la question foncière rurale, le gouvernement a entamé un processus de relecture de la réforme agraire et foncière, qui confère la propriété exclusive de l’État sur les terres.
Quelle est la stratégie du gouvernement pour valoriser les produits et sous-produits de l’élevage sur le marché national et international ?
PM- La stratégie du gouvernement pour la valorisation des produits et des sous-produits de l’élevage repose sur les éléments suivants :
pour la filière bétail-viande, la construction de sept abattoirs modernes, dont celui de Bobo-Dioulasso. Il sera associé à une plateforme intégrée qui prendra en charge le fonctionnement de l’abattoir et d’unités d’embauche;
la création d’une structure autonome de gestion des abattoirs ;
pour la valorisation des produits laitiers, le Burkina, la création de la société d’État FASO-KOSAM, qui appuie l’organisation au renforcement des capacités des acteurs de la chaîne de valeur.
pour la filière volaille, la labellisation du poulet bicyclette.