Société

Burkina Faso : Sur les traces de l’électricité et des défis de la SONABEL

Afin de présenter les efforts qu’elle consent pour répondre aux attentes de ses clients pendant la période de forte demande en électricité, la Société Nationale d’Électricité du Burkina (SONABEL) a initié une sortie terrain au profit des professionnels des médias. Du 19 au 20 mars 2025, plus d’une quinzaine de journalistes ont pu toucher du doigt les réalités des équipes déployées pour satisfaire les Burkinabè en matière d’électricité.

« La SONABEL a encore coupé le courant ». « La SONABEL a recommencé ses jeux de lumière ». « La SONABEL ne fait rien pour répondre aux attentes de ses clients ». Tels sont les propos les plus récurrents adressés à la Société Nationale d’Électricité du Burkina (SONABEL) en ces périodes de forte demande en électricité. Des accusations à tort ou à raison auxquelles la société a tenté d’apporter des éléments de réponse.

« Souvent, le problème ne vient pas de la SONABEL. Il y a des clients ou des particuliers qui à travers des travaux ou leurs actions contribuent souvent à couper la fourniture en électricité. C’est vrai que nous avons des difficultés aussi, mais les responsabilités sont parfois partagées », nous explique un technicien de la SONABEL, le mercredi 19 mars 2025, au moment d’entamer la sortie terrain.

Et ce constat sera fait au niveau du marché de Zabre Daaga. Un client a interrompu la fourniture en électricité en initiant des travaux sur un bâtiment. L’action a endommagé les fils de la SONABEL. Sur les lieux pour un dépannage express, l’équipe a constaté que la panne est totalement liée au travail effectué par le client qui a touché les installations.

« Nous avons aussi vu que des poteaux électriques ont été incorporés dans des installations » (Abdoul Kader Belem) -©️Faso7

Sur le site, Abdoul Kader Belem, chef de division gestion de dépannage, a déploré une attitude non recommandable. « Les équipes ont fait le constat et elles ont vu qu’il y a un câble qui est coupé. Il se trouve qu’il est coupé à l’intérieur du mur, ce qui ne devrait pas être le cas. Après les travaux de branchement, les usagers ont voulu refaire le revêtement de leurs murs sans prendre attache avec la SONABEL et le maçon a posé le ciment sur le câble », décrit-il.

Il continue en soulignant que si des réaménagements doivent être faits, les clients doivent informer la SONABEL afin qu’elle vienne refaire les travaux pour éviter de telles pannes. Il note par ailleurs que de telles situations peuvent entraîner d’autres problèmes tels que des incendies. « Nous avons aussi vu que des poteaux électriques ont été incorporés dans des installations. C’est déplorable et nous invitons les uns et les autres à éviter cela », lance le chef de division gestion de dépannage.

Ce type de problème, de l’avis des techniciens, constitue une partie des pannes souvent imputées à la SONABEL. Un autre modèle d’action qui occasionne les ruptures est le cas des fouilles effectuées par certaines entreprises. Elles touchent souvent les lignes souterraines. Cet exemple a été aussi constaté par les professionnels de média dans la localité de Kouba à la sortie de Ouagadougou sur la route de Koubri.

Dépannage de nuit

Alerte aux alentours de 11 heures pour une interruption de l’électricité survenue depuis 9H30. Les équipes de la SONABEL vont se déployer afin de résoudre le problème. Sur cette situation, plusieurs équipes ont été mobilisées. Après la recherche de la zone qui a engendré la panne, les techniciens ont fait le constat que la ligne souterraine a été touchée par des ouvriers qui font des fouilles pour une entreprise.

17H à 22H00. C’est le temps mis par les équipes de la SONABEL pour réparer la panne occasionnée sur la ligne. Et quand elle a été réglée, les techniciens découvrent une autre panne similaire et qui nécessite le même temps et les mêmes moyens pour être résolue. Nous assistons à cet instant, à une opération de dépannage de nuit, une autre facette du quotidien des hommes de terrain de la SONABEL.

« Nous avons eu une panne et nous avons entamé les recherches. On a procédé à des déconnexions pour localiser la panne. Lors des tests, on s’est rendu compte qu’il y a une entreprise qui réalise des fouilles et elle a touché les câbles souterrains. On s’est rendu compte que le câble a été touché à un autre endroit. Ces genres de menace arrivent souvent et malheureusement, ils ne donnent pas l’information », signifie Idrissa Zongo, le chef du département distribution du centre.

Sur son appel à l’endroit des entreprises et des citoyens qui font des fouilles, il souhaite une coordination avec la SONABEL afin d’éviter le parcours de la ligne souterraine et éviter de telles pannes. Il rappelle aussi que des risques énormes allant de la rupture de la fourniture de l’électricité à l’électrocution existent quand les fouilles croisent les installations électriques.

« Depuis le 1er mars, nous sommes pratiquement à 1 000 par jour. Soit 18 762 appels à la date d’aujourd’hui » (Dieudonné Zoungrana)

Toutes ces interventions des équipes de la SONABEL démarrent depuis le call center ou centre d’appel. À travers le numéro vert 80 00 11 30, la Société Nationale d’Électricité du Burkina (SONABEL) centralise les appels de ses abonnés, les traites et diligente des équipes pour répondre aux préoccupations. Avec environ 1 000 appels par jour, les téléconseillers de la SONABEL écoutent, conseillent, orientent et transmettent les plaintes aux équipes de dépannage.

À la tête d’une équipe de 28 personnes qui se relaient en raison de 8h/jour, Dieudonné Zoungrana  et ses hommes sont les oreilles de la SONABEL pour tout le Burkina Faso. Selon ses explications, le call center est accessible gratuitement et disponible pour tous les besoins. Des renseignements aux plaintes en passant par les alertes, les téléconseillers « sont toujours disponibles » pour les clients.

« On reçoit beaucoup d’appels par jour. Depuis le 1er mars, nous sommes pratiquement à 1 000 par jour. Soit 18 762 appels à la date d’aujourd’hui. La plupart des appels sont liés à des problèmes de dépannage, mais le call center peut recevoir n’importe quel type d’appel. Quand le call center reçoit l’appel, il est pris en charge par les téléconseillers et le dossier est transféré au service qui doit exécuter le travail », fait-il savoir.

En guise de conseil pour les clients de la SONABEL, il appelle à faire preuve de patience quand ils appellent, car dit-il, « il y a beaucoup d’appels et le système met les appels en attente quand c’est saturé ». Mais il rassure que son service est capable de satisfaire la demande. « Il ne nous arrive pas de laisser volontairement un client qui nous contacte », lance-t-il.

Les équipes de la SONABEL renforçant la ligne de Sabtoana

Un autre aspect « et pas des moindres » relevé par les techniciens de la SONAEBL est la question du renforcement des lignes. Selon les explications, il s’agit d’une opération qui consiste à installer des équipements plus performants afin de prévenir les pannes sur le réseau. Ce cas, il a été observé lors de la sortie dans le quartier Sabtoana de la ville de Ouagadougou. Sur la ligne, les équipes ont ajouté un transformateur d’une capacité plus grande afin d’éviter que l’ancien ne cède sous la forte demande.

« En période de canicule, on connaît souvent une forte demande de puissance. L’installation actuelle ne répond pas à la demande sollicitée. Ce que nous avons entrepris, c’est d’augmenter la disponibilité de la puissance à travers un autre équipement qui est beaucoup plus conséquent », explique Judicaël Ouédraogo, responsable de service maintenance réseau Ouaga-Ouest de la SONABEL.

Sur la ligne en question, le transformateur de 160 KVA a été renforcé avec un autre de 400 KVA. Une manœuvre souvent effectuée, selon ses propos pour prévenir. Il continue en relevant que cette installation est définitive et peut fonctionner avec l’ancienne. Et pour procéder à cette installation, ce sont des techniciens aguerris qui ont effectué le travail sur des lignes de hautes tensions.

Une partie de la machinerie de la centrale thermique de Ouaga 2

En plus de ces renforcements, la Société Nationale d’Électricité du Burkina (SONABEL) est aussi engagée sur la maintenance de ses équipements. Au niveau de la centrale thermique de Ouaga 2, les professionnels ont constaté une production effective en dépit de l’ancienneté des équipements. Fonctionnelle depuis 1974, cette centrale injecte dans le réseau de la SONABEL plus de 17 Mégawatts.

Cinq groupes y sont installés et le plus récent date de 1982. Malgré cet état, 65 techniciens travaillent 24h/24 pour offrir de l’électricité aux Burkinabè. Sur les pannes qui surviennent parfois, les techniciens ont expliqué que l’ancienneté des équipements et les problèmes de réseau en général conduisent souvent à une perte de la production.

Au regard de ce qui est fait, les premiers responsables de la Société Nationale d’Électricité du Burkina (SONABEL) estiment que des efforts sont faits pour répondre aux attentes des millions de Burkinabè. Pour cette année, la SONABEL s’emploie à augmenter l’offre énergétique afin de répondre à la demande. Toujours dans cette logique, « une attention particulière » est mise pour continuer cette amélioration à court, moyen et long terme.

Basile SAMA

Faso7

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