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Burkina/Politique : « Ils volent en Afrique » (Président du Faso)

Guerre contre les groupes terroristes, rôle des chefs d’entreprises, notamment des banques dans l’économie de la guerre, médias mensonge, etc., le chef de l’Etat s’est entretenu sur tous ces sujets hier 20 mars 2025 avec les forces vives de la région du Plateau central.

Ceux qui ont été ponctuels et ont pris place dès 8 heures dans la salle polyvalente de Ziniaré ont dû patienter. Annoncée pour neuf (9) heures, c’est finalement à 10h45 que la rencontre entre le chef de l’Etat, le capitaine Traoré et les forces vives de la région du Plateau central hier 20 mars 2025 a finalement débuté. Un retard dû à une série d’audiences qu’il a accordées aux chefs religieux, coutumiers et aux autorités administratives venues des trois provinces que compte la région, l’Oubritenga, le Ganzourgou et le Kourwéogo.

L’appel lancé dans les médias locaux à sortir massivement pour accueillir le président du Faso qui effectue sa première visite dans la région a été largement entendu. La salle polyvalente, construite dans le cadre des festivités du 11 décembre 2021 qui n’ont finalement pas eu lieu, d’une capacité d’accueil de 1000 places, a refusé du monde en dépit des aménagements opérés pour en accueillir le double.


Assurément, les forces vives de la région du Plateau central se souviendront pendant longtemps de ce rendez-vous avec celui qui préside depuis septembre 2022 aux destinées des 22 millions de Burkinabè. Des rencontres de ce type, elles en ont connues dans le passé, notamment sous la présidence de Blaise Compaoré, un fils du pays. Mais le contexte sécuritaire où, pour utiliser un vocabulaire connoté, la contradiction principale, qui est la lutte contre le terrorisme et l’insécurité capte une grande part du budget national et où il faut dans le même temps, prendre en compte les questions de développement et de bien-être de la population, confère au rendez-vous du 20 mars 2025 un caractère particulier.

Des préoccupations, il n’en a pas manqué. Des femmes aux Personnes déplacées internes en passant par les élèves et étudiants, les opérateurs économiques, les producteurs du monde rural et les Personnes vivant avec un handicap, tous ont saisi l’occasion d’attirer, en trois minutes chrono, pas plus, l’attention du chef de l’Etat sur leur sort.

Après que la gouverneure de la région, Sy Assétou Barry/Traoré ait exprimé la fierté des filles et fils du Plateau central de l’accueillir et qu’elle ait révélé que « plusieurs villages de la région qui avaient été désertés, grouillent actuellement de monde », signe d’une amélioration de la situation sécuritaire, la porte-parole des femmes a demandé au président Troaré des formations dans le domaine de la transformation, des puits et forages qui leur permettront de mener des activités génératrices de revenus. Quant aux élèves et étudiants de la région, ils souffrent d’une insuffisance d’équipements pédagogiques à l’université de Ziniaré, de laboratoires, d’amphithéâtres et souhaitent l’augmentation de la bourse et du nombre de repas au restaurant universitaire.

« Les opérateurs économiques du Plateau Central, voudraient vous rassurer de leur soutien sans conditions dans cette lutte pour l’indépendance économique, mentale et culturelle de notre cher Faso », a déclaré le représentant des opérateurs économiques, Edouard Bonkoungou, par ailleurs président de la chambre consulaire régionale.


Il a dit son admiration dont fait preuve le capitaine Traoré, qui a « troqué sa jeunesse et sa vie contre le crépitement des armes », ainsi que « nos FDS et VDP, dans cette noble croisade pour la sauvegarde de notre intégrité territoriale ». Il a rassuré que les opérateurs économiques du Plateau central soutiennent l’appel à promouvoir l’emploi des jeunes et des femmes. Inoussa Kanazoé a ainsi injecté à lui seul 574 000 000 FCFA ces deux dernières années pour le financement d’activités destinées aux jeunes et aux femmes. Nana Boureima, Moussa Koanda et Aziz Compaoré, autres hommes d’affaires de la région, étant dans la même dynamique.

Au chapitre des doléances, il souhaite « la revitalisation du projet d’usine de transformation à Loumbila » qui « représenterait un levier substantiel pour notre développement endogène », et le concours du chef de l’Etat « pour l’aboutissement des projets portés par nos opérateurs économiques, gages d’un avenir plus radieux pour notre jeunesse ».

Ce n’est pas nouveau. Le monde rural a une fois de plus rappelé le besoin pour les producteurs d’avoir des équipements agricoles, des tracteurs, de nouveaux barrages et le curage de ceux qui existent déjà.

« Notre souhait, c’est retourner à la maison et reprendre nos activités agricoles et d’élevage », a indiqué le porte-parole des Personnes déplacées internes.

S’exprimant très clairement et distinctement, la représentante des personnes vivant avec un handicap a rappelé que l’accès aux bâtiments administratifs leur est toujours difficile, qu’elles peinent encore à jouir réellement des avantages de la carte de santé et qu’elles ont aussi besoin de formation et de moyens roulants pour faciliter leur mobilité.

Enfin, la Veille citoyenne, c’est à dire, les Wayiyans du Plateau central, a renouvelé son soutien indéfectible au capitaine Ibrahim Traoré dans l’accomplissement de sa mission de reconquête du territoire national.

L’assistance est à présent suspendue aux lèvres du capitaine Traoré. Il racle sa gorge, ajuste son siège et le micro et se lance dans un discours réponse d’un peu plus d’une heure. « Nous ne sommes plus dans un guerre contre le terrorisme, mais dans une guerre d’indépendance », énonce t-il d’entrée de jeu. L’impérialisme nous impose cette guerre pour défendre ses intérêts et chacun doit le comprendre. « Si nous, on se développe, là-bas, ce sera le contraire », a t-il ajouté.

Alors que les musulmans et les chrétiens sont actuellement en carême, il les a invités à profiter de ce « mois béni pour changer de paradigmes » et a lancé un appel aux leaders religieux « de faire des prêches à l’endroit des terroristes qui tuent au nom de l’islam », car a-t-il ajouté, nos militaires qui traquent les terroristes trouvent souvent, dans leurs bases, des corans qu’ils ont abandonnés dans leur fuite. Même appel à l’endroit des leaders communautaires « à faire des déclarations claires et franches » en vue de renforcer la cohésion sociale.


La guerre qui nous est imposée, est aussi une guerre de la communication et les médias impérialistes qui ne changent pas, ne cessent de mentir sur ce qui se passe dans nos pays. Il regrette d’avoir passé une bonne partie de sa vie à écouter RFI, France24, etc., et révèle que le magazine « Jeune Afrique nous a courtisés au début et on a refusé. Ils ont envoyé des gens nous voir et on a des preuves ». L’objectif de ces médias, poursuit-il, est de créer une guerre civile, d’où son invite à ne pas se laisser manipuler, d’autant qu’il y aussi des impérialistes parmi nous.

S’adressant aux opérateurs économiques, il leur a demandé de se mettre ensemble pour créer des groupes à même d’exécuter les marchés publics dans des délais raisonnables, car, a t-il observé, le taux d’exécution des marchés est très faible alors que vu les besoins en infrastructures, on devrait pouvoir terminer la construction de 100 km de route en 12 mois.

Les oreilles des banquiers, qui n’étaient pas dans la salle, ont dû siffler. Ce n’est pas la première que le capitaine exprime ouvertement son agacement vis à vis des banques qui réalisent chaque année des milliards de F CFA de bénéfices, mais qui rechignent à accompagner le gouvernement dans sa politique de développement économique. Pis, elles refusent l’accès aux dépôts à terme (DAT) des entreprises d’état, au prétexte que cela les mettrait en difficulté. « On veut notre argent » a-t-il lancé, prévenant les banques que quand « la bagarre va commencer, la poussière va se soulever et il n’y aura pas de sentiment ». Il leur a lancé un ultimatum pour la fin de ce mois pour céder 25% des DAT dont le gouvernement a besoin pour apurer la dette intérieure et relancer l’économie. « Il faut que ce soit fait, sinon, on va changer de méthode », a-t-il averti.

Le chef de l’Etat s’en aussi est pris aux commerçants qui spéculent sur les produits de grande consommation en stockant des marchandises juste pour faire pression sur les prix et vendre cher. « Chaque année, c’est pendant le mois de carême que tout est cher ; est-ce normal ? », s’est-il indigné. Le 10 mars dernier, le ministre en charge du Commerce, Serge Poda avait déjà sommé les grossistes de sucre SOSUCO de déclarer leurs stocks sous peine d’être sanctionnés, au moment où ce produit de grande consommation est introuvable dans les boutiques.

Vu les urgences auxquelles nous faisons face, le gouvernement travaille sans prendre de vacances, a indiqué le chef de l’Etat, l’objectif étant d’éviter le désordre qui profite aux impérialistes. Dans le secteur de l’exploitation artisanale de l’or où opèrent aussi les terroristes, il a suffit que l’Etat mette un peu d’ordre pour la production qui dépassait à peine 530 kg par an, passe subitement à …8 tonnes d’or. « Ils volent en Afrique » a martelé le capitaine Traoré, promettant que dans un avenir proche, « les gens vont venir chercher du travail ici ».

A l’image de la compagnie aérienne française, Air France qui a suspendu sans préavis depuis septembre 2023, ses vols à destination du Burkina, du Mali et du Niger, sous prétexte que ces pays sont en zone rouge et qui aujourd’hui, toque à la porte pour revenir. « Il faut d’abord repeindre le pays en vert », exige le président du Faso, qui se réjouit qu’en dépit de tout, des étrangers continuent de s’installer dans notre pays. Peu après l’arbre à palabres avec les forces vives, il est allé lancer officiellement les activités de la société SINO BURKINA de CIMENTS SA., spécialisée dans la production de ciments.

* DR, photos : présidence du Faso

Dominique Koné

Kaceto.net

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