Burkina/Microfinance : L’APSFD dresse un bilan positif malgré un contexte difficile

L’année 2024 a été marquée par un contexte difficile, dominé par la crise sécuritaire qui affecte l’économie nationale et le climat des affaires, a rappelé au cours de son intervention, le président du conseil d’administration de l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés du Burkina (APSFD Burkina), Ousseni Kirakoya. Malgré ces difficultés, l’APSFD a réussi à exécuter 85% de son programme d’activités, un taux jugé satisfaisant par les membres de l’association.

Les principales activités menées en 2024

Parmi les principales réalisations, on note la représentation des systèmes financiers décentralisés (SFD) aux niveaux national, régional et international ; la conduite d’actions de plaidoyer pour l’amélioration des conditions d’exercice des SFD ; ainsi que la promotion du secteur et l’amélioration de son image auprès du grand public, et des autres acteurs de la finance inclusive.

Ousseni Kirakoya a également mis en lumière plusieurs autres initiatives majeures entreprises par l’APSFD Burkina durant la même période. Il a indiqué que l’Association a joué un rôle clé dans la mise en relation de ses membres avec des partenaires techniques et financiers, favorisant ainsi l’accès à des opportunités de financement et d’accompagnement stratégique. Par ailleurs, le renforcement des capacités des membres a été une priorité, avec l’organisation de sessions de formation destinées aux agents, ainsi qu’aux élus des SFD, dans le but d’améliorer leurs compétences et leur efficacité.

L’année a également été marquée par la poursuite de l’application de la nouvelle tarification des cotisations annuelles, une mesure visant à garantir une meilleure viabilité financière de l’Association. En outre, l’APSFD a procédé à l’évaluation du plan de formations 2022-2024 et à l’élaboration d’un nouveau programme couvrant la période 2025-2027, tout comme elle a dressé le bilan de son plan d’affaires 2022-2024, pour concevoir une nouvelle feuille de route stratégique concernant les trois prochaines années. Ces actions, selon M. Kirakoya, témoignent de la volonté de l’APSFD de renforcer la structuration et l’efficacité du secteur de la microfinance au Burkina Faso.

Au regard de l’importance de l’évènement qui les réunit, Ousseni Kirakoya a souhaité la bienvenue aux participants et exprimé sa gratitude pour leur présence qui a rehaussé son éclat. « C’est pour moi un grand plaisir de diriger, en tant que président du conseil d’administration, pour la dernière fois, l’assemblée générale ordinaire de l’APSFD après mon élection en mars 2021. Il est de notre devoir, après douze mois d’activités, de vous rendre compte des missions qui nous ont été confiées », a-t-il affirmé.

Les difficultés rencontrées par l’APSFD Burkina

En dépit des avancées notables enregistrées en 2024, Ousseni Kirakoya a tenu à souligner que ces succès n’ont pas été obtenus sans obstacles. Parmi les principales difficultés rencontrées, il a souligné le retard accusé dans la finalisation de la construction du siège de l’Association, un projet pourtant essentiel pour renforcer l’ancrage institutionnel de l’APSFD Burkina. À cela s’ajoute la faible mobilisation des ressources financières, limitant ainsi la mise en œuvre de certaines initiatives stratégiques. Par ailleurs, le président de l’Association a regretté le manque d’implication de certains membres dans les activités de l’APSFD, un facteur qui impacte la dynamique collective et freine les ambitions de l’organisation. Il a ainsi exhorté l’ensemble des acteurs à redoubler d’efforts pour surmonter ces défis et poursuivre l’essor du secteur de la microfinance au Burkina Faso.

Le directeur général de l’Agence nationale de la promotion de la finance inclusive (ANPFI), Wango Fidèle Yaméogo, présent à l’assemblée, a souligné l’importance de la finance inclusive dans les stratégies de résilience et de transformation économique. « Notre mission est de faire en sorte que chaque Burkinabè, où qu’il soit, puisse accéder à des services financiers adaptés, sûrs et durables », a-t-il déclaré. Dans cette optique, le partenariat entre l’ANPFI et l’APSFD Burkina prend tout son sens, les deux structures partageant une ambition commune, celle de démocratiser l’accès à la finance.

Les performances enregistrées pour l’année 2024

Les performances du secteur de la microfinance en 2024 témoignent de cette dynamique. En fin 2024, selon le directeur général de l’ANPFI, il a été dénombré 120 SFD reconnus, avec une hausse de 8,39% du nombre de membres/clients, passant de 1 785 056 en 2023 à 1 934 878 en 2024. L’encours de l’épargne a enregistré une progression notable de 14,86%, atteignant 469,78 milliards de francs CFA contre 409,01 milliards de francs CFA en 2023. L’encours du crédit a également connu une augmentation de 9,02%, passant de 372,84 milliards de francs CFA à 406,46 milliards de francs CFA.

Toutefois, l’année 2024 a aussi été marquée par une hausse du taux de créances en souffrance, passé de 6,16% en 2023 à 7,40% en 2024, soit une augmentation de 20%. Cette situation est principalement due au contexte économique difficile que traverse le Burkina Faso.

Malgré ces défis, l’APSFD et ses partenaires affichent une résilience exemplaire et poursuivent leurs efforts pour renforcer le secteur de la microfinance au Burkina Faso. Les résultats obtenus en 2024 constituent une avancée significative et une fierté pour l’ensemble des acteurs de la finance inclusive dans le pays.

Avec cette 22e assemblée générale, l’APSFD Burkina réaffirme son engagement à promouvoir un système financier décentralisé plus robuste, accessible et adapté aux besoins des populations, dans un environnement marqué par de nombreux défis économiques et sociaux.

Hamed Nanéma

Lefaso.net