
Maroc: Des dramaturges demandent l’intégration du théâtre dans les cursus scolaires
Rabat, 27 mars 2025 (AIB) – Dans un entretien accordé à la MAP à l’occasion de la Journée mondiale du théâtre, célébrée chaque 27 mars, deux dramaturges marocains insistent sur l’importance d’intégrer cette discipline dans les cursus scolaires.
Les dramaturges marocains Bousselham Daif et Zoubeir Ben Bouchta ont souligné à Rabat « l’importance d’intégrer le théâtre dans les cursus scolaires », a appris l’AIB auprès de la MAP.
Dans cet entretien, ils relèvent que « le théâtre est un moyen non seulement de développer les compétences artistiques des élèves, mais aussi de les sensibiliser aux enjeux sociaux et culturels qui les entourent », contribuant ainsi « à forger une société plus ouverte et plus réceptive aux valeurs de dialogue, de respect et de tolérance ».
Selon le dramaturge et metteur en scène Bousselham Daif, « pour que le théâtre puisse jouer son rôle de sensibilisation et d’éducation, il est nécessaire de l’introduire de manière claire et structurée dans le système éducatif, tout en le rendant plus accessible aux différentes tranches de la société, notamment à travers la mise en place de théâtres de proximité et la multiplication des maisons de jeunes, qui contribuent à la promotion de la culture théâtrale ».
Abondant dans le même sens, le dramaturge Zoubeir Ben Bouchta a souligné la nécessité d’élaborer une véritable stratégie entre le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports et le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication.
Cette stratégie viserait à créer des pôles de formation au sein des écoles et des universités, ainsi qu’à mettre en place des ateliers quotidiens en faveur des élèves et des étudiants de différents niveaux scolaires.
M. Ben Bouchta a souligné que le théâtre marocain vit, ces dernières décennies, son « âge d’or », tant par la diversité de ses productions et créations à travers le Royaume que par l’engagement artistique des différentes parties prenantes.
De son côté, Bousselham Daif a indiqué que « le théâtre national est en pleine mutation créative et se distingue par son ouverture aux expériences internationales », ajoutant qu’il connaît aussi de nombreuses transformations, notamment structurelles, sociales et techniques, en lien avec les évolutions observées dans la société marocaine ainsi qu’à l’échelle mondiale.
Toutefois, comme tout type d’art, les deux dramaturges soulèvent certains défis auxquels fait face le théâtre marocain, notamment des contraintes structurelles et organisationnelles, ainsi que le cadre juridique réglementant la profession et l’organisation de la saison théâtrale.
Ils ont salué les efforts déployés par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication pour surmonter ces défis. Les deux artistes ont mis l’accent sur la nécessité d’une collaboration plus étroite entre les différentes parties prenantes, qu’il s’agisse des institutions publiques, des acteurs privés ou des collectivités locales, afin de garantir une véritable dynamique de changement.
Concernant l’écriture théâtrale au Maroc, qui possède des spécificités uniques, M. Ben Bouchta estime que le véritable défi réside dans le fait que de nombreuses troupes et metteurs en scène négligent le texte marocain, se tournant souvent vers des adaptations de pièces étrangères.
« Cette situation appelle à promouvoir une dramaturgie locale qui résonne avec les réalités et les préoccupations de la société marocaine contemporaine », a-t-il affirmé.
Dans le contexte actuel, marqué par l’essor de l’intelligence artificielle, la tâche du dramaturge se complexifie davantage, a noté M. Daif, ajoutant que le théâtre doit revenir à sa simplicité essentielle, à sa profondeur, où l’essence réside dans le mot, l’acte et la véritable rencontre entre les comédiens et le public.
Porté par une nouvelle génération d’artistes engagés et des institutions de plus en plus impliquées dans la promotion de cet art, le théâtre marocain continue ainsi d’évoluer et de se réinventer, tout en restant fidèle à ses racines profondes.
Agence d’information du Burkina
WUROTÈDA Ibrahima SANOU
Envoyé spécial de l’AIB