40ᵉ anniversaire de la Cité An II : les résidents rendent hommage au Capitaine Thomas Sankara

La Cité An II de Ouagadougou, un projet issu de la Révolution d’août 1983 dirigée par le Capitaine Thomas Sankara, s’apprête à célébrer son 40ᵉ anniversaire. Organisée par l’Association des Résidents et Ressortissants de la Cité An II (ARRECA II), la célébration se tiendra du 5 au 7 septembre 2025, ravivant ainsi le souvenir d’une cité née dans l’espoir d’un Burkina nouveau.
Si la Cité An II a été marquée par le dynamisme révolutionnaire, elle est tombée dans une longue léthargie après l’assassinat du Capitaine Thomas Sankara. Les résidents et ressortissants comptent désormais sur la dynamique portée par le Capitaine Ibrahim Traoré pour ranimer ce flambeau.
En 1983, la création de la Cité An II de Ouagadougou avec sa jumelle de Bobo-Dioulasso était plus qu’un projet d’urbanisme. C’était une promesse d’égalité sociale et de solidarité portée par Thomas Sankara à l’an 2 de l’arrivée au pouvoir du Conseil National de la Révolution (CNR). Si celle de Bobo-Dioulasso compte 50 villas, la Cité An II de Ouagadougou comprend 188.
À l’époque capitaine, le Colonel à la retraite Tioussé Ani Yaguibou était le Chef de Cabinet Militaire du Capitaine Thomas Sankara sous la Révolution. À ce titre, il a eu à conduire plusieurs projets, dont celui de la Cité An II. « La réalisation de la Cité An II a répondu aux soucis majeurs du CNR. Le CNR avait un slogan : « Un citoyen, un toit ». Le CNR a vraiment voulu loger beaucoup de monde », a-t-il déclaré.
La Cité An II a été pensée pour comprendre diverses infrastructures socio-économiques et pour accueillir des résidents de catégories professionnelles variées et complémentaires. « Thomas Sankara a voulu que la Cité An II soit un îlot au milieu de la mère de Ouagadougou. Quand on a réalisé les 188 logements, il y a eu une école primaire. Il y a eu un dispensaire. Il y a eu un marché. Il y a eu beaucoup d’infrastructures qui ont été réalisées », a-t-il ajouté.
D’autres infrastructures étaient en projet, notamment la Place des Héros du 4 août 1983, un lycée et le bitume. « Il fallait encore réaliser toutes ces infrastructures et on n’a pas eu le temps », a déploré le Colonel à la retraite.
Les premiers résidents de la cité ont rejoint leurs maisons à la Cité An II en septembre 1985 sous le régime de la location simple à raison de 15 000 francs CFA par mois, afin de rembourser sans intérêt les investisseurs, à savoir les opérateurs économiques et les banques.
Chaque villa avait été financée à hauteur de 5 millions de francs CFA. Quelques mois plus tard, les citadins sont passés à la location-vente grâce à une entente avec les administrateurs de la cité.
Dr Justine Kielem fait partie des premiers résidents de la Cité. Elle a rappelé que l’idéal de Thomas Sankara pesait sur la Cité An II. « Il y avait une exigence dans le mode de vie. Par exemple, on ne devait pas étaler les habits sur les murs, on devait mettre des supports, on devait avoir un jardin potager, on devait manger bio », a-t-elle partagé.
Sié Polycarpe Palenfo était ami du Capitaine Thomas Sankara et membre des Comités de Défense de la Révolution (CDR). Il a indiqué que Thomas Sankara était fréquent dans la Cité et vigilant envers les comportements en son sein pour deux raisons. D’abord, il la chérissait en tant qu’œuvre qui illustre ses aspirations.
Ensuite, étant donné que les avions survolent cette zone avant d’atterrir, il était important de promouvoir l’image du Burkina Faso. En témoigne ses visites des lieux avec des invités de marque comme Yasser Arafat, François Mitterrand, Muhamar Kadhafi, Daniel Ortega. « Thomas éprouvait de la fierté en montrant sa réalisation. Pour lui, c’était sa réalisation », a témoigné Sié Polycarpe Palenfo.
Un coup d’arrêt brutal après 1987
Mais la mort tragique de Thomas Sankara et l’avènement de Blaise Compaoré en 1987 ont plongé la cité dans une dure réalité. Arrêt de projets, fermetures de lieux clés et accaparement du foncier, notamment des espaces verts, par ceux qui étaient au pouvoir.
Le site qui devait accueillir la Place des Héros du 4 août 1983 a été détourné de sa destination initiale pour accueillir la stèle des victimes du vol AH 5017 du 24 juillet 2014. Les résidents et ressortissants de la Cité s’en indignent toujours. « Notre héros, c’est Thomas Sankara ! Nous n’en avons pas trente mille, nous n’en avons pas quarante mille, nous n’en avons pas cent mille », a déclaré Dr Justine Kielem.
L’après-Sankara a aussi eu pour conséquence la dégradation du tissu social au sein de la Cité, la méfiance s’étant installée entre les résidents, séparés en pro-Sankara et en pro-Blaise Compaoré.
La Révolution Progressiste Populaire (RPP), une nouvelle ère d’espoir
En 2014, face à une insurrection populaire, Blaise Compaoré est contraint de quitter le pouvoir. Onze ans après, c’est le Capitaine Ibrahim Traoré qui est au pouvoir et il porte la Révolution Progressiste Populaire (RPP).
Cela ravive la lueur d’espoir pour les résidents et ressortissants de la Cité An II, surtout que le Capitaine Ibrahim Traoré promeut les idéaux du Capitaine Thomas Sankara. Sié Polycarpe Palenfo voit même dans le Capitaine Ibrahim Traoré une réincarnation du Capitaine Thomas Sankara, lui qui a été un ami du père de la Révolution.
Aujourd’hui âgés, les premiers résidents de la Cité comptent sur leurs descendants pour poursuivre la promotion et le développement de la Cité. « Ce sont eux qui doivent porter l’héritage de la révolution et redonner vie à cette cité », a déclaré Dr Justine Kielem.
L’ARRECA II mobilisée autour des jeunes pour les 40 ans
Dans cette dynamique, l’Association des Résidents et Ressortissants de la Cité An II (ARRECA II) organise une grande célébration pour les quarante ans de la cité.
Les préparatifs prévoient des activités culturelles, sportives, des conférences autour de l’histoire de la cité et de la figure de Sankara, mais aussi des projets concrets de réhabilitation des infrastructures. Le thème retenu est « Honorons la mémoire des bâtisseurs de la Révolution ».
Parmi les activités majeures, les organisateurs prévoient d’installer un buste de Thomas Sankara au niveau de la Place des Héros du 4 août 1983.
Josué TIENDREBEOGO
Faso7
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