Pour sa fenêtre du « Grand invité », Lefaso.net a reçu, dans la soirée du samedi 6 mars 2021, l’athlète Hugues Fabrice Zango. Détenteur de plusieurs records dont celui du monde en triple saut en salle obtenu le 16 janvier 2021 à Aubière en France, il évoque ses compétitions de 2020, de 2021 et de ses projets aux Jeux olympiques, Tokyo 2021.
En quelques années, il est devenu une figure importante, la valeur sure du Burkina Faso dans l’athlétisme notamment le triple saut. Après un début au Pays des hommes intègres, il dépose ses valises en 2016 en France où il cumule études et athlétisme.
Cette nouvelle vie lui réussit puisqu’il va enchainer des performances dans les prestigieuses compétitions auxquelles il prend part. Ainsi, le 27 janvier 2019, il établit un nouveau record d’Afrique avec un saut de 17,58 m lors du meeting de Paris indoor. Le 28 juillet 2019, lors des championnats de France 2019, il réalise 17,50 m et améliore de treize centimètres le record détenu depuis 2007 par le Marocain Tarik Bouguetaïb. Le 29 septembre 2019, lors des Championnats du monde d’athlétisme à Doha, il obtient la médaille de bronze derrière les Américains Christian Taylor et Will Claye. Il est désormais le premier Burkinabè à remporter une médaille dans cette compétition.
L’année 2020 sonne comme la consécration pour le Burkinabè. Sur dix compétitions auxquelles il prend part, il remporte neuf et termine deuxième à la dixième compétition. En août de la même année, au meeting de Székesfehérvár en Hongrie, il bat pour la première fois le double champion olympique et quadruple champion du monde, Christian Taylor, avec un triple bond à 17,43 m. « L’année 2020 a été pour moi une très belle saison au regard de ce que j’ai pu réaliser », confie-t-il au journaliste.
L’année 2021 commence aussi sous de bons auspices pour l’athlète. Le 16 janvier 2021, il réalise un saut de 18, 07 mètres en salle au meeting international d’Aubière et devient le premier homme à franchir la barre des 18 mètres. Pourtant, rien ne laissait prédire une telle performance pour le protégé de Teddy Tamgho. « J’étais très stressé la veille de la compétition. Le soir, j’ai dû commander un sandwich pour manger. On dira que ce n’est pas très sain mais c’est ce que j’ai dû manger pour me sentir », raconte le nouveau recordman mondial.
Au cours de la nuit, j’ai dormi à 1h du matin et j’étais débout à 4h. C’était compliqué puisque je n’ai plus dormi. Lorsque j’ai raté des sauts et que je partais pour le sixième essai, j’avais les mollets qui tremblaient parce que je devais forcément remporter cette compétition », a-t-il ajouté. Fort heureusement l’essai sourit à Fabrice Zango qui réussit son meilleur bond.
« J’attends les Jeux olympiques de pleins pieds »
Après ces péripéties, un autre grand défi se profile à l’horizon pour Hugues Fabrice Zango. Peut-être le plus grand de sa carrière. Il s’agit bien des Jeux olympiques qui auront lieu du 23 juillet au 8 août 2021 à Tokyo, la capitale japonaise. Pour cette grand-messe de l’athlétisme mondial, le Burkinabè est à fond dans les préparatifs. « Les Jeux olympiques sont la plus grande manifestation au monde. C’est un concert des nations qui viennent présenter leurs athlètes. Pour moi, c’est la plus belle vitrine pour la promotion d’un pays. Une médaille olympique est pour moi le graal », explique-t-il. « Mon ambition est d’être l’ambassadeur du Burkina à ces jeux et de faire flotter le drapeau burkinabè dans le ciel japonais. Si parce que j’ai obtenu une médaille olympique quelqu’un connait le Burkina et que cette personne aide un Burkinabè, j’aurai gagné mon pari », aspire-t-il.
Motivé pour toutes ces raisons, l’athlète révèle que cela fait dix ans qu’il prépare les Jeux olympiques. « Depuis dix ans que je prépare les JO. Il ne reste plus beaucoup de temps avant le début des Jeux olympiques. Je suis motivé chaque jour à l’entrainement et pendant ces cinq mois, je pense que je pourrai tenir au niveau émotionnel jusqu’aux Jeux olympiques que j’attends de pleins pieds », confesse-t-il. Pour cela, il va suivre trois stages dont un stage médical avant le début de Tokyo 2021.
Un doctorant en génie électrique
Hugues Fabrice Zango n’est pas seulement qu’athlète. Il est aussi une tête bien pleine. Car il est doctorant en génie électrique. Une thèse qu’il prépare avec autant de sérieux qu’il fait le sport. « J’ai pu boucler le dimensionnement de ma machine pour les recherches. Comme vous le savez, les études ont besoin d’autant de sérieux que le sport », soutient-il.
Il est aussi dans l’humanitaire parce qu’il est le parrain d’une école en France. Cette école parraine aussi des enfants burkinabè en difficultés. « C’est un honneur et une fierté pour moi de pouvoir accompagner ces personnes », explique Hugues Fabrice Zango.
Dans cinq mois, ce sera les Jeux olympiques et l’athlète est actuellement dans les entrainements pour tenter d’offrir au Burkina une médaille olympique.
Jacques Théodore Balima
Lefaso.net