Zéphirin Diabré détaille les contours du Conseil national d’orientation et de suivi de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale
Le Conseil des ministres a, à sa séance du lundi, 24 mai 2021, mis en place le Conseil national d’orientation et de suivi de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale (CNOS) avec pour mission de donner des avis et orientations sur les aspects de la démarche du gouvernement devant conduire à la réconciliation nationale et la cohésion sociale. Ce mardi, 1er juin 2021, par une conférence de presse, le ministre d’Etat, ministre auprès de la présidence du Faso, chargé de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale, Zéphirin Diabré, a donné des explications sur les contours de cette organisation. Nous vous proposons l’exposé du ministre à la conférence.
Déclaration liminaire
Madame la Coordonnatrice du Service d’information du Gouvernement !
Mesdames et Messieurs les Journalistes !
Le jeudi 4 Mars dernier, j’ai eu l’occasion de présenter ici la vision du gouvernement en matière de réconciliation nationale.
A cette occasion, j’avais expliqué que les différents besoins de réconciliation de notre pays pouvaient se regrouper en 6 catégories :
La réconciliation socio politique, qui découle des soubresauts politiques
La réconciliation socio-communautaire, qui fait référence aux différents problèmes communautaires que vit le pays
La réconciliation sécuritaire, née de l’irruption du terrorisme dans notre pays
La réconciliation économique et financière qui comme son nom l’indique, trouve sa source dans les problèmes de gestion économique et financière que le pays a connus
La réconciliation administrative, dont le besoin s’est engendré par les décisions à caractère administratifs pris par l’Etat
Et la Réconciliation civique, qui évoque l’ensemble des reproches que font les citoyens à la gestion du pays.
Après cette rencontre qui nous avait réuni, le 21 Avril 2021, le Conseil des ministres a examiné et adopté une feuille route, qui balise le chemin que nous devons emprunter pour aboutir au Forum national de Réconciliation que le Président du Faso a annoncé comme devant se tenir au courant de l’année 2021.
Il me plaît aujourd’hui, de vous présenter les principaux éléments de cette feuille de route dont certains connaissent déjà un début de mise en œuvre.
Par feuille de route, il faut entendre l’ensemble des activités à mener et devant nous conduire au forum de réconciliation.
Ces activités se regroupent autour des éléments ci-après :
mise en place d’instruments d’orientation et de supervision
mise en place d’instruments de pilotage
mise en place d’instruments de gestion de la réconciliation
mise en place d’instruments de concertation
mise en place d’instruments de plaidoyer
Au titre des outils dont je souhaiterais vous les présenter sont au nombre de six (06)
1- La mise en place des instruments d’orientation, de supervision et de conseil.
Les instruments d’orientation, de supervision et de conseil prévus dans la feuille de route sont au nombre de trois (03) :
o Le Conseil d’Orientation et de Suivi (COS) ;
o Le Comité des Experts ;
o Les Comités de pilotage/comités de rédaction
Le Conseil National d’Orientation et de Suivi (CNOS)
C’est un organe consultatif qui aura pour mission de superviser la démarche et de lui donner les orientations jugées nécessaires en matière de Réconciliation Nationale et de Cohésion Sociale.
A ce titre, il est chargé de :
Donner son avis sur les différents aspects des politiques menées en matière de Réconciliation Nationale et de Cohésion Sociale ;
Etudier et faire des propositions sur les politiques, stratégies et dossiers relatifs à la Réconciliation Nationale et à la Cohésion Sociale qui lui sont soumis par le Gouvernement, notamment : la Stratégie de la Cohésion Sociale ; la Stratégie Nationale de lutte contre l’extrémisme violent ; la Stratégie de Réconciliation Nationale ; le Pacte de vivre- ensemble ;
Contribuer à l’organisation du Forum National de Réconciliation.
Il est placé sous la présidence du Premier Ministre et se réunit chaque fois que de besoin sur convocation de son Président.
La mise en place du Conseil d’Orientation et de Suivi, a été matérialisée en conseil des ministres en sa séance du lundi 24 mai 2021 par un décret.
Il comprend une centaine de membres dont :
o les anciens chefs d’Etat ;
o les présidents d’institution ;
o les membres du gouvernement ;
o les représentants de partis politiques (majorité et opposition) ;
o les représentants des autorités coutumières ;
o les représentants des autorités religieuses ;
o les représentants des forces de défense et de sécurité ;
o les représentants des différentes catégories de victimes ;
o les représentants des organisations de la société civile, des associations professionnelles, des ONG ; etc…
Le CNOS est la traduction de la volonté du gouvernement de faire en sorte que le processus de réconciliation soit vraiment participatif.
Le Comité des Experts
Le Comité des experts regroupe des personnes ressources choisies en raison de leurs connaissances de la question de Réconciliation Nationale et de la Cohésion Sociale et/ ou de leurs expériences y relatives.
A titre, ils sont chargés de :
Superviser le travail des Comités de Pilotage et Technique de rédactions
Contribuer intellectuellement à la grande qualité des documents qui seront produits par le ministère, notamment la Stratégie Nationale de Réconciliation et du Pacte du vivre-ensemble ;
Analyser et améliorer les différents documents qui leurs seront soumis par le ministère sur la question de la réconciliation nationale
Participer à la rédaction des différents documents ;
Proposer toutes idées ou actions jugées pertinentes pour la réussite de la mission du Ministère et entrant dans le cadre de la Réconciliation Nationale et de la Cohésion Sociale.
Le Comité des experts est présidé par le Ministre en Charge de la Réconciliation. Il compte une trentaine de membres. Il est déjà opérationnel.
Le Comité National chargé de l’Elaboration de la Stratégie nationale de Réconciliation
La mise en place de ce comité répond aux prescriptions du guide méthodologique d’élaboration des politiques sectorielles, adopté par le gouvernement. En d’autres termes, chaque fois qu’on doit rédiger une politique sectorielle, il faut mettre ce comité en place.
Ce comité est composé de représentants de structures de l’Etat, des organisations de la société civile, des structures du secteur privé, et des leaders communautaires. Ce comité comprend deux organes : un comité de pilotage et un comité de rédaction.
Les membres desdits comités (pilotage et rédaction) viennent d’être ce matin par moi-même, et cette installation marque le démarrage officiel de l’écriture de la Stratégie Nationale de Réconciliation.
Ce qu’il faut retenir, il ne s’agit pas des institutions que nous avons créés, mais organiser un cadre de travail avec des diverses compétences en vue de faciliter l’élaboration des documents de Stratégie et de Pacte de vivre-ensemble.
C’est dans le souci d’assurer la célérité dans la rédaction, et la bonne qualité technique des différents documents de Stratégie que ces comités ont été mises en place.
Avec l’appui di Comité Nationale et du Comité des Experts, le Ministre d’état et son équipe vont rendre compte par étape au CNOS des résultats de leurs réflexions en vue de recevoir les éventuelles orientations.
2- Les instruments de pilotage
Par instruments de pilotage, il faut entendre l’ensemble des instruments qui seront utilisés pour faire la réconciliation. Ils sont au nombre de quatre (04) :
o La Stratégie Nationale de Réconciliation ;
o La Stratégie Nationale de Cohésion Sociale ;
o La Stratégie Nationale de Prévention et de Lutte contre l’Extrémisme Violent ;
o Le Pacte du vivre – ensemble.
Ce sont ces stratégies qui seront soumises au Forum National
Sur ces quatre instruments, deux sont terminés ou en voie de l’être : il s’agit de La Stratégie Nationale de Cohésion Sociale et de la Stratégie Nationale de Prévention et de Lutte contre l’extrémisme violent
3- Les instruments de gestion de la Réconciliation
C’est une question importante. Elle concerne l’organe qui sera mis en place pour mettre en œuvre les stratégies présentées plus haut, donc, pour faire pratiquement la Réconciliation.
Jusque-là, cette mission revenait au HCRUN. Le mandat unique de 5ans qui avait été donné au HCRUN en 2016 est arrivé à terme. Il faut donc inventer une autre structure.
Cette question sera tranchée par le Forum, sur la base de propositions qui seront faites aux participants.
4- Les instances de concertation
Un certain nombre de concertations seront organisés préalablement à la tenue du Forum. Il s’agit :
Des reconcentres de haut niveau, Présidées par SEM le Président du Faso ;
Des concertations qui se dérouleront au niveau de chaque Commune, de chaque Région et au niveau National, et qui permettront d’enrichir, les différentes stratégies qui serviront d’outils de pilotage. Ces concertations locales débuteront mi-juin.
5- Les instruments de plaidoyer et de communication
A ce niveau, il a été retenu !
L’organisation de conférences débats, de panels, d’émissions audio-visuelles sur la réconciliation et le vivre ensemble au Burkina Faso ;
la constitution des réseaux socio professionnels pour soutenir la Réconciliation nationale
Au niveau des réseaux, les choses se mettent en place : On peut déjà citer :
Le réseau des Parlementaires pour la Réconciliation nationale est déjà constitué au sein de notre parlement. Il compte près d’une trentaine de membres et est présidé par le Député Sayouba Ouédraogo du Sanmatenga.
Le Réseau des Elus Locaux (Conseillers municipaux, Maires, Conseillers régionaux, Présidents de Conseil Régionaux) dont la mise en place est imminente, sous la houlette du Président de l’Association des Municipalités du Burkina et le Président des Régions du Burkina ;
D’autres réseaux sont envisagés, comme
Le Réseau des Associations féminines ;
Le réseau des leaders communautaires (coutumiers et religieux) ;
La Travail de ces Réseaux sera complété par le travail des Ambassadeurs de la Réconciliation qui seront nommés par le Président du Faso ;
Ces réseaux permettront au Gouvernement, d’établir une collaboration plus aisée avec les différents acteurs, et de faire passer plus facilement ses messages.
5- Le Forum National de Réconciliation
Le Forum national sera l’expression solennelle de la Réconciliation portée par le Président du Faso, autour duquel tous les burkinabè se seront rassemblés pour s’accepter, se pardonner et se projeter pour un nouvel avenir avec confiance.
Ce sera en fait le début pratique de la Réconciliation nationale.
C’est le lieu où seront adopté tous les instruments d’orientation qui vont guider la démarche et ou vont se prendre des engagements solennels de réconciliation et d’adhésion au nouveau pacte du vivre-ensemble.
C’est aussi le Forum qui a va décider de la nature de l’organe qui va faire la Réconciliation, c’est-à-dire prendre en charge les différents dossiers.
L’ensemble de ces activités sont programmées de manière rigoureuse dans un chronogramme qui figure à la fin du document qui vous sera remis séance tenante.
Je me tiens mainte
Je vous remercie !