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Issa Dominique Konaté, 2e vice-président du MPP : L’équipe dirigeante actuelle a un état d’esprit très bon

Le 2e congrès extraordinaire du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) se tiendra du 24 au 26 septembre 2021 à Ouagadougou. Dans cette interview accordée à Sidwaya, le 2e vice-président du parti, chargé des relations extérieures, Issa Dominique Konaté, revient sur les enjeux de cette rencontre statutaire.

Sidwaya (S) : Enfin un congrès du MPP ! Pourquoi le parti a-t-il pris autant de temps avant de vouloir tenir cette instance ?

Issa Dominique Konaté (I.D.K.) : Pourquoi enfin ? Nous avons organisé un congrès ordinaire, il y a une année et quelques mois seulement et le 2e congrès extraordinaire se tiendra du 24 au 26 septembre. Donc, il n’y a pas d’enfin ! Selon nos statuts et règlements intérieurs, les congrès se tiennent tous les trois ans. Or, nous avons eu notre 2e congrès ordinaire, il n’y a pas trois ans. Mais, à cette occasion, on avait souhaité faire un congrès a minima, parce qu’on était très proche des élections couplées de 2020. Donc on n’a pas voulu faire beaucoup de bouleversements.

A l’occasion de ce congrès ordinaire, on a tout simplement désigné un nouveau président du Bureau exécutif national après le décès de notre camarade président Salifou Diallo. On s’était dit qu’après les échéances électorales, on fera un congrès où les aspects qui n’avaient pas pu être abordés lors du congrès seront examinés notamment en ce qui concerne le renouvellement de la direction politique.

S : Une nouvelle direction du parti sera justement mise en place au cours du congrès. Quel est l’état d’esprit de l’équipe dirigeante face à ce renouvellement ?

I.D.K. : L’équipe dirigeante actuelle a un état d’esprit très bon, serein et surtout le sentiment d’un devoir accompli. La direction actuelle peut s’enorgueillir d’avoir enregistré, à la suite de tous les bureaux qui se sont succédé depuis la création de ce parti, des victoires très significatives notamment les derniers résultats des élections législatives couplées et présidentielles.

C’est quand-même une source de fierté au niveau de la direction du parti, sans oublier la victoire engrangée par le passé aux élections décentralisées au niveau des communes et des conseils régionaux. Tous ces acquis font que la nouvelle direction aborde avec beaucoup de sérénité et d’enthousiasme cette instance importante qui se tient à un moment très important pour le pays. C’est un congrès de la maturité dans la mesure où nous sommes dans la 8e année pratiquement de vie de ce parti et je pense qu’il est bon qu’on puisse faire le point.

S : Les anciens vont-ils céder la place aux jeunes ?

I.D.K: Est-ce que le problème se pose en termes d’anciens et de jeunes ? Dans tout organisme vivant et dynamique, il faut toujours apporter du sang neuf. Le rôle d’un leader dans tous les domaines, que ce soit au niveau politique comme ailleurs, c’est de créer les conditions pour aider à développer des leaders en- dessous et je crois que c’est très important.

Quand vous regardez un certain nombre d’entre nous qui sommes au niveau de la haute direction de ce parti, nous avons quand-même plusieurs années d’existence sur la scène politique. Cela varie entre 30 et 40 ans pour certains. Il est tout à fait normal, que pour un parti dynamique, il y ait du renouveau qui se fasse. Moi je suis un partisan de cette dynamique qui permet à tous ceux qui sont des pionniers d’avoir de dignes successeurs à un moment donné parce qu’on dit que le succès sans successeur est un demi échec. Je crois donc qu’il est important de créer une dynamique de renouvellement de certains organes et de certaines instances de ce parti.

Cela fait partie du cadre normal d’évolution de tout parti bien organisé. Maintenant, les anciens vont-ils céder la place à des nouveaux ? Je pense qu’il y aura certainement des renouvellements en fonction de la couche sociale que reflète notre parti de masse. Cela est important parce que la jeunesse représente beaucoup dans ce pays en termes de proportion et comme je vous le disais, notre génération a entre 30 à 40 ans de vie active en politique. Quand nous sommes arrivés aux affaires dans ce pays, la plupart d’entre nous avaient 30 à 40 ans.

Donc il n’y a pas de raison que les jeunes qui représentent une proportion importante et qui sont par ailleurs plus dynamiques et mieux formés techniquement à mon avis ne puissent pas aspirer à des responsabilités à tous les niveaux y compris en politique. Personnellement, j’ai toujours été pour la promotion de la jeunesse responsable car c’est comme cela que nous allons garantir l’avenir de ce pays. Il n’y a pas de crainte pour notre génération à voir émerger de nouveaux leaders.

Au contraire ! Nous devons le souhaiter et les encadrer. Par contre, ce que je dois dire avec beaucoup de force, c’est que les bons leaders sont des gens habités de bonnes valeurs morales d’honnêteté, d’intégrité et de probité. Mais malheureusement, ce qu’on constate de plus en plus est que dans ce monde, les gens ne cultivent pas la patience. Ceci est un défi que nous devons relever, car je suis persuadé que dans cette pépinière de jeunes, il y a un potentiel de bons leaders que nous les anciens devons accompagner afin qu’ils puissent porter plus haut l’avenir de ce pays.

S : A quel niveau sont les préparatifs du congrès ?

I.D.K. : Tous les documents préparatoires notamment le rapport sur le thème du congrès, ceux du bureau politique et des travaux des commissions des statuts et règlements intérieurs ont été traités et envoyés à l’ensemble de nos structures publiques, il y a un mois pour leur permettre au niveau de la base, d’étudier et de se prononcer là-dessus afin que le congrès soit un congrès participatif qui reflète les débats au niveau des différentes composantes du parti.

S : Quelles sont les grandes questions qui seront abordées au cours de ce rendez-vous ?

I.D.K. : Naturellement pour un parti, après toutes les échéances que nous avons connues, nous avons tiré certainement des bilans ou des leçons de notre expérience en tant que parti qui a eu la confiance du peuple pour assurer la gestion du pouvoir d’Etat pour un deuxième mandat et qui a obtenu une majorité à l’Assemblée nationale. Il y a donc certainement des points forts et des points d’amélioration que nous devons analyser pour aller de l’avant.

Cela veut dire, qu’il y aura un rapport moral de la direction sortante sur le fonctionnement du parti et la gestion du pouvoir d’Etat que les congressistes vont apprécier. Il y aura également, à la lumière de cette expérience, une relecture du programme politique du parti pour prendre en compte les leçons apprises et l’ajuster aux contingences et aux défis actuels auxquels notre pays est confronté. Car, le rôle d’un parti politique est non seulement de conquérir le pouvoir d’Etat mais d’aider également à gérer les préoccupations de la population.

Le Burkina Faso est confronté à un certain nombre de défis et à la lumière de notre expérience de gestion, il nous faut revoir le programme du parti et naturellement sa ligne politique pour voir si elle est toujours adaptée. Mais d’ores et déjà, les préoccupations de notre peuple sont telles que le paradigme d’analyse d’orientation social pourra nous permettre d’y apporter des réponses.

Ce sera aux congressistes de reconfirmer ou pas cette ligne d’orientation politique du parti. Au cours de ce congrès également, nos statuts et règlements intérieurs seront naturellement mis sur la table des discussions. Est-ce que nos organes sont adaptés tels qu’on les a définis jusque-là, depuis la haute direction, le bureau exécutif, le bureau politique jusqu’à nos structures géographiques dans les sections que ce soient au niveau des 45 provinces, des communes et les villages où nous avons des bureaux ?

Nous verrons si leur fonctionnement nécessite ou pas des retouches. Nous avons aussi nos structures spécifiques qui sont celles des jeunes, des femmes, des anciens, etc. Nous verrons également à ce niveau, s’il n’y a pas lieu de faire des redimensionnements. Ce sont donc autant d’éléments qui vont meubler ce congrès.

S : Des sanctions seront-elles prononcées à l’endroit de certains militants du parti, comme on en a vu de par le passé ?

I.D.K. : Quand il y a des fautes, il faut les sanctionner parce qu’on dit que tout parti politique s’agrandit et se renforce en s’épurant et en s’élargissant avec des adhésions. Il faut donc pouvoir épurer des brebis galeuses afin de pouvoir absorber du sang neuf pour grandir. Le bureau politique a déjà eu à prendre un certain nombre de sanctions à la suite des écarts de conduite de certains camarades ou ex- camarades et cette fois également, le congrès entérinera parce que c’est l’instance suprême.

S : Ne redoutez-vous pas un scénario similaire à celui de 2012, lorsque le parti au pouvoir d’alors, après le renouvellement de sa direction politique, avait connu des remous qui l’ont fragilisé ?

I.D.K: Je pense que les contextes de 2012 et de 2020 sont totalement différents. Le MPP est né justement de la volonté de tirer les leçons d’un certain nombre d’erreurs politiques en matière de gouvernance auxquelles notre peuple ne voulait plus se soumettre. Nous avons tous participé au mouvement insurrectionnel qui a amené le changement dans notre pays et aujourd’hui, en tant que parti ayant tiré des leçons de cette expérience historique, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il y ait une déviation par rapport à la ligne originelle du parti. La preuve, il y a déjà eu des sanctions à la suite des écarts de conduite.

Il y a des gens qui se trompent de porte, donc il faut les aider à prendre la bonne porte. Mais je ne crois pas qu’il y ait des secousses comme celles que le parti d’alors a connues. Ce n’est pas du tout les mêmes conditions actuellement.

S : Lors de la session ordinaire du MPP, le président du parti, Simon Compaoré, a évoqué la nécessité pour le parti de conforter sa position de leader sur l’échiquier politique national. Comment ?

I.D.K : Comme j’ai eu à le dire précédemment, le parti se renforce, se conforte par une dynamique qui consiste à reconnaître les mérites des bons militants et à se débarrasser de ce qui ne le sont pas mais surtout aussi à attirer la sympathie de nouveaux militants et je crois que l’élargissement de la base sociale du parti par des nouvelles adhésions est une réalité quotidienne. Mais souvent les médias accordent beaucoup plus d’intérêt au train qui est en retard plutôt qu’à celui qui arrive à l’heure.

C’est normal car c’est le « scoop » médiatique. Quand il y a une démission on en parle mais quand il y a des adhésions, on n’en parle pas beaucoup. Alors qu’au MPP, on en enregistre beaucoup. Les gens se rendent compte qu’en réalité, c’est le cadre qui permet de réaliser leurs aspirations et leur offrir la possibilité de contribuer à la lutte émancipatrice de la paix.

S : Justement parlant d’adhésion, le MPP a accueilli en son sein quatre partis politiques. Comment appréciez-vous cette fusion à l’orée du congrès?

I.D.K. : je l’apprécie très positivement. Le contexte de notre pays sur le plan politique a évolué très significativement notamment à l’issue des dernières élections. Il y a près d’une centaine de partis qui se sont ralliés aux candidats du MPP et qui sont prêts à soutenir la mise en œuvre du programme du Président Roch Marc Christian Kaboré. Donc, sur une base objective, il y a quatre partis qui nous ont abordés pour dire que : tirant leçons de leur propre existence, ils pensent que ce n’est plus la peine d’évoluer dans des cadres différents.

Ils ont demandé à se rapprocher du MPP et quand on analyse sur la base de nos statuts et règlements intérieurs, on ne peut que s’en réjouir. Je pense qu’effectivement, il n’y a pas 100 projets de sociétés différents pour le Burkina Faso. On devrait s’attendre à ce qu’il y’ ait plus de rapprochements encore parce qu’autrement, ça deviendrait des chapelles de lutte individuelle alors que le peuple a besoin qu’on lui donne des orientations assez claires. On devrait aller beaucoup plus à des regroupements sur la base d’une orientation politique bien claire et aussi sur la base des propositions programmatiques afin que chaque camp puisse offrir effectivement des plateformes programmatiques claires aux gens.

Donc, il n’y a pas 1000 manières de développer le Burkina Faso. Dans le contexte particulier qu’on connaît aujourd’hui avec la question de l’insécurité et notamment le terrorisme couplé aux questions sanitaires avec toutes les mutations profondes qui se font à l’échelle mondiale, nous voyons que le mode de fonctionnement et de gouvernance à l’échelle mondiale est en train de changer sous nos yeux et il est important pour un parti comme le MPP de se mettre dans la dynamique et le sens de l’histoire.

Je pense que tous les patriotes sincères doivent se rendre compte qu’aujourd’hui, le combat pour aboutir à la paix est plus patriotique que les querelles de chapelles et tout ce qui peut être une plateforme d’union doit être exploitée. Vous avez vu la configuration de l’Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP) qui a dramatiquement changé après les élections. Je crois que les gens tirent des leçons pour un regroupement efficace.

S : Que peut un parti fort dans la lutte contre l’insécurité ?

I.D.K. : La question de l’insécurité et de la lutte contre le terrorisme dans notre pays appelle à un sursaut patriotique de tous les Burkinabè qu’ils soient jeunes, femmes, hommes ou anciens. Quand la patrie est en péril, il faut un élan de cohésion nationale et c’est d’ailleurs le thème de notre congrès qui est de poursuivre le renforcement du MPP dans un Burkina Faso réconcilié, résilient et prospère. C’est tout un programme et je pense que la question de l’insécurité interpelle tous les partis politiques.

Et naturellement, le MPP qui a eu la confiance des populations à une responsabilité particulière. C’est pourquoi, à chaque fois, nous appelons non seulement à soutenir les Forces de défense et de sécurité mais aussi les initiatives du gouvernement pour permettre de juguler ces fléaux. Nous exhortons permanemment nos structures et nos militants à tous les niveaux et dans tous les hameaux de culture à s’investir dans ces combats patriotiques sans sectarisme et à s’unir autour de ceux qui sont prêts à défendre le drapeau national et l’intégrité territoriale de notre pays et à lutter contre les forces du mal.

Je crois que ça, c’est très important et le parti assure ses responsabilités, non seulement au niveau de l’exécutif, mais également en mobilisant à tous les niveaux ses structures et ses militants pour qu’ils aident à défendre la patrie.

S : Comment se sent le parti au pouvoir à l’orée des élections municipales qui risquent de ne pas pouvoir se tenir dans l’ensemble du pays au regard de la recrudescence de l’insécurité ?

I.D.K. : En toute objectivité, nous avons une expérience pour les élections passées qui se sont tenues dans ce contexte d’insécurité. Notre pays et son gouvernement ont tiré des leçons, de comment prendre un certain nombre de dispositions pour permettre au peuple d’exercer ce droit démocratique, même dans un contexte aussi difficile. Tant que nous n’aurons pas vaincus l’hydre terroriste, il faut s’attendre à ce que nous soyons confrontés à des difficultés d’accès dans certaines régions du pays au moment des élections.

Mais au moment venu, en fonction des données réelles sur le terrain naturellement, le gouvernement et les forces politiques responsables aviseront. Partout c’est impossible, mais je pense qu’on trouve des formules pour ne pas compromettre le bon fonctionnement des institutions démocratiques parce que l’erreur serait de paralyser le fonctionnement des institutions à cause de la menace terroriste.

Il faut éviter cela et le parti œuvrera avec tous les autres partis de bonne volonté à ce que toutes les échéances électorales à venir puissent se faire dans de bonnes conditions de transparence et permettre justement de mobiliser davantage les efforts du peuple.

S : Fallait-il fermer le Lycée- Zinda Philippe Kaboré ?

Pour le cadre du parti au pouvoir, la lutte contre le terrorisme appelle à un sursaut patriotique de tous les Burkinabè.

I.D.K : Je ne suis pas suffisamment technicien pour connaiîre tous les éléments du dossier, mais de ce que j’en sais et de ce que j’ai entendu auprès des camarades du MPP notamment le camarade Stanislas Ouaro qui est au ministère en charge de l’éducation nationale, je pense que les raisons avancées sont objectives. Naturellement, je ne néglige pas la charge émotionnelle que peut susciter la fermeture d’un lycée comme le noble Zinda pour ceux qui y ont fréquenté.

Moi si on me dit que le lycée Ouezzin- Coulibaly, le grand « LOK » où j’ai étudié est un peu menacé, je ne serai pas content car il y’a toujours une partie de soi qu’on perd quand la structure où on a grandi est fermée. Mais je pense qu’il faut faire confiance au gouvernement qui soutient qu’il faut réhabiliter les infrastructures qui sont vieilles. Il est important de recréer les conditions afin de faire de ce lycée, un cadre de développement de l’excellence éducationnelle, parce que les défis éducationnels dans notre pays sont également évolutifs.

Si le lycée Zinda veut garder son rendement, il ne faudrait pas que ça soit un repère de comportements délictueux. Je suis un père, j’ai des enfants que j’ai éduqués et je ne souhaiterais pas que malgré le changement de temps, on perde de vue certaines valeurs cardinales. Pour moi, les raisons qui ont présidé à la fermeture de ce lycée étaient justes et c’est une opportunité pour le gouvernement de réfectionner les infrastructures de cet établissement qui sont très vieilles. Au-delà donc de la charge émotionnelle qui est tout à fait légitime et compréhensive, les raisons objectives qui ont été données par les autorités compétentes sont convaincantes à mon point de vue.

S : Ne redoutez-vous pas un scénario similaire à celui de 2012, lorsque le parti au pouvoir d’alors, après le renouvellement de sa direction politique, avait connu des remous qui l’ont fragilisé ?

I.D.K: Je pense que les contextes de 2012 et de 2020 sont totalement différents. Le MPP est né justement de la volonté de tirer les leçons d’un certain nombre d’erreurs politiques en matière de gouvernance auxquelles notre peuple ne voulait plus se soumettre. Nous avons tous participé au mouvement insurrectionnel qui a amené le changement dans notre pays et aujourd’hui, en tant que parti ayant tiré des leçons de cette expérience historique, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il y ait une déviation par rapport à la ligne originelle du parti.

La preuve, il y a déjà eu des sanctions à la suite des écarts de conduite. Il y a des gens qui se trompent de porte, donc il faut les aider à prendre la bonne porte. Mais je ne crois pas qu’il y ait des secousses comme celles que le parti d’alors a connues. Ce n’est pas du tout les mêmes conditions actuellement.

S : Lors de la session ordinaire du MPP, le président du parti, Simon Compaoré, a évoqué la nécessité pour le parti de conforter sa position de leader sur l’échiquier politique national. Comment ?

I.D.K : Comme j’ai eu à le dire précédemment, le parti se renforce, se conforte par une dynamique qui consiste à reconnaître les mérites des bons militants et à se débarrasser de ce qui ne le sont pas mais surtout aussi à attirer la sympathie de nouveaux militants et je crois que l’élargissement de la base sociale du parti par des nouvelles adhésions est une réalité quotidienne. Mais souvent les médias accordent beaucoup plus d’intérêt au train qui est en retard plutôt qu’à celui qui arrive à l’heure.

C’est normal car c’est le « scoop » médiatique. Quand il y a une démission on en parle mais quand il y a des adhésions, on n’en parle pas beaucoup. Alors qu’au MPP, on en enregistre beaucoup. Les gens se rendent compte qu’en réalité, c’est le cadre qui permet de réaliser leurs aspirations et leur offrir la possibilité de contribuer à la lutte émancipatrice de la paix.

S : Justement parlant d’adhésion, le MPP a accueilli en son sein quatre partis politiques. Comment appréciez-vous cette fusion à l’orée du congrès?

I.D.K. : je l’apprécie très positivement. Le contexte de notre pays sur le plan politique a évolué très significativement notamment à l’issue des dernières élections. Il y a près d’une centaine de partis qui se sont ralliés aux candidats du MPP et qui sont prêts à soutenir la mise en œuvre du programme du Président Roch Marc Christian Kaboré. Donc, sur une base objective, il y a quatre partis qui nous ont abordés pour dire que : tirant leçons de leur propre existence, ils pensent que ce n’est plus la peine d’évoluer dans des cadres différents. Ils ont demandé à se rapprocher du MPP et quand on analyse sur la base de nos statuts et règlements intérieurs, on ne peut que s’en réjouir.

Je pense qu’effectivement, il n’y a pas 100 projets de sociétés différents pour le Burkina Faso. On devrait s’attendre à ce qu’il y’ ait plus de rapprochements encore parce qu’autrement, ça deviendrait des chapelles de lutte individuelle alors que le peuple a besoin qu’on lui donne des orientations assez claires. On devrait aller beaucoup plus à des regroupements sur la base d’une orientation politique bien claire et aussi sur la base des propositions programmatiques afin que chaque camp puisse offrir effectivement des plateformes programmatiques claires aux gens.

Donc, il n’y a pas 1000 manières de développer le Burkina Faso. Dans le contexte particulier qu’on connaît aujourd’hui avec la question de l’insécurité et notamment le terrorisme couplé aux questions sanitaires avec toutes les mutations profondes qui se font à l’échelle mondiale, nous voyons que le mode de fonctionnement et de gouvernance à l’échelle mondiale est en train de changer sous nos yeux et il est important pour un parti comme le MPP de se mettre dans la dynamique et le sens de l’histoire.

Je pense que tous les patriotes sincères doivent se rendre compte qu’aujourd’hui, le combat pour aboutir à la paix est plus patriotique que les querelles de chapelles et tout ce qui peut être une plateforme d’union doit être exploitée. Vous avez vu la configuration de l’Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP) qui a dramatiquement changé après les élections. Je crois que les gens tirent des leçons pour un regroupement efficace.

S : Que peut un parti fort dans la lutte contre l’insécurité ?

I.D.K. : La question de l’insécurité et de la lutte contre le terrorisme dans notre pays appelle à un sursaut patriotique de tous les Burkinabè qu’ils soient jeunes, femmes, hommes ou anciens. Quand la patrie est en péril, il faut un élan de cohésion nationale et c’est d’ailleurs le thème de notre congrès qui est de poursuivre le renforcement du MPP dans un Burkina Faso réconcilié, résilient et prospère. C’est tout un programme et je pense que la question de l’insécurité interpelle tous les partis politiques.

Et naturellement, le MPP qui a eu la confiance des populations à une responsabilité particulière. C’est pourquoi, à chaque fois, nous appelons non seulement à soutenir les Forces de défense et de sécurité mais aussi les initiatives du gouvernement pour permettre de juguler ces fléaux. Nous exhortons permanemment nos structures et nos militants à tous les niveaux et dans tous les hameaux de culture à s’investir dans ces combats patriotiques sans sectarisme et à s’unir autour de ceux qui sont prêts à défendre le drapeau national et l’intégrité territoriale de notre pays et à lutter contre les forces du mal.

Je crois que ça, c’est très important et le parti assure ses responsabilités, non seulement au niveau de l’exécutif, mais également en mobilisant à tous les niveaux ses structures et ses militants pour qu’ils aident à défendre la patrie.

S : Comment se sent le parti au pouvoir à l’orée des élections municipales qui risquent de ne pas pouvoir se tenir dans l’ensemble du pays au regard de la recrudescence de l’insécurité ?

I.D.K. : En toute objectivité, nous avons une expérience pour les élections passées qui se sont tenues dans ce contexte d’insécurité. Notre pays et son gouvernement ont tiré des leçons, de comment prendre un certain nombre de dispositions pour permettre au peuple d’exercer ce droit démocratique, même dans un contexte aussi difficile.

Tant que nous n’aurons pas vaincus l’hydre terroriste, il faut s’attendre à ce que nous soyons confrontés à des difficultés d’accès dans certaines régions du pays au moment des élections. Mais au moment venu, en fonction des données réelles sur le terrain naturellement, le gouvernement et les forces politiques responsables aviseront.

Partout c’est impossible, mais je pense qu’on trouve des formules pour ne pas compromettre le bon fonctionnement des institutions démocratiques parce que l’erreur serait de paralyser le fonctionnement des institutions à cause de la menace terroriste. Il faut éviter cela et le parti œuvrera avec tous les autres partis de bonne volonté à ce que toutes les échéances électorales à venir puissent se faire dans de bonnes conditions de transparence et permettre justement de mobiliser davantage les efforts du peuple.

S : Fallait-il fermer le Lycée- Zinda Philippe Kaboré ?

I.D.K : Je ne suis pas suffisamment technicien pour connaiîre tous les éléments du dossier, mais de ce que j’en sais et de ce que j’ai entendu auprès des camarades du MPP notamment le camarade Stanislas Ouaro qui est au ministère en charge de l’éducation nationale, je pense que les raisons avancées sont objectives. Naturellement, je ne néglige pas la charge émotionnelle que peut susciter la fermeture d’un lycée comme le noble Zinda pour ceux qui y ont fréquenté.

Moi si on me dit que le lycée Ouezzin- Coulibaly, le grand « LOK » où j’ai étudié est un peu menacé, je ne serai pas content car il y’a toujours une partie de soi qu’on perd quand la structure où on a grandi est fermée. Mais je pense qu’il faut faire confiance au gouvernement qui soutient qu’il faut réhabiliter les infrastructures qui sont vieilles. Il est important de recréer les conditions afin de faire de ce lycée, un cadre de développement de l’excellence éducationnelle, parce que les défis éducationnels dans notre pays sont également évolutifs.

Si le lycée Zinda veut garder son rendement, il ne faudrait pas que ça soit un repère de comportements délictueux. Je suis un père, j’ai des enfants que j’ai éduqués et je ne souhaiterais pas que malgré le changement de temps, on perde de vue certaines valeurs cardinales. Pour moi, les raisons qui ont présidé à la fermeture de ce lycée étaient justes et c’est une opportunité pour le gouvernement de réfectionner les infrastructures de cet établissement qui sont très vieilles. Au-delà donc de la charge émotionnelle qui est tout à fait légitime et compréhensive, les raisons objectives qui ont été données par les autorités compétentes sont convaincantes à mon point de vue.

 

Interview réalisée par Nadège YAMEOGO

 

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