Fespaco 2021 : « On se dit quand même qu’on est dans l’écurie des gagneurs » (Issaka Sawadogo)
Dans le cadre du Fespaco 2021, Faso7 a tendu son micro à l’acteur et comédien burkinabè Issaka Sawadogo. C’était dans la nuit du vendredi 22 octobre 2021 au ciné Canal Olympia de Ouaga 2000 à la sortie de la projection du film « Wara », dans lequel le burkinabè est l’acteur principal.
Faso7 (F7) : Ça se murmure que vos tournages à Hollywood vous ont emmené à vous installer en Amérique.
Issaka Sawdogo (IS): Non. Je n’ai jamais vécu à Hollywood. Je n’ai jamais vécu en Amérique. J’ai vécu en Norvège et entre la Norvège et le Burkina Faso. Je travaille un peu partout. J’ai travaillé aussi dans des films hollywoodiens, dans des films asiatiques mais je n’ai jamais habité à Hollywood, parce que ce n’est pas un objectif pour moi d’aller à Hollywood. J’aime beaucoup mon Faso et d’ici j’irai travailler partout dans le monde mais je reviendrai ici au Burkina, parce que j’ai envie de construire aussi.
F7 : Dans le cadre du FESPACO 2021, vous êtes là en tant que participant ou organisateur ?
IS : Les deux. Je suis là en tant qu’acteur, j’ai des films en compétition mais en même temps, je suis aussi co-organisateur des « Celebrites Days ». Nous sommes à notre troisième édition (3ème). C’est une manifestation qui est là pour apporter un plus au Festival Panafricain du Cinéma en mettant en lumière les acteurs qui portent les films et les séries. Nous le faisons en partenariat avec la ville de Ouagadougou, dans la perspective et dans le but, avec monsieur le maire (ndlr : Armand Béouindé) de rentrer dans la politique qui est de ramener le FESPACO et la fête du cinéma à la population Ouagalaise. Parce que la commune de Ouagadougou est quand même la commune qui est hôte, qui reçoit tous les invités du FESPACO. Avant, nous quand on était petits, on a connu le FESPACO, c’est une fête nationale. Partout dans les écoles primaires, dans les lycées, dans les établissements, il y avait la fête. Tout Ouagadougou était en fête. Bizarrement au fil du temps, le FESPACO s’est resserré et c’est devenu une affaire d’élites. Ouagadougou se sent un peu expulsé du FESPACO.
Il n’y a seulement qu’un certain nombre de personnes qui viennent dans les salles pour regarder les films. Mais on n’a pas l’affluence que nous avons l’habitude de voir au FESPACO. Les « Celebrities Days » parrainés par le maire de Ouagadougou est éventuellement une porte de retour de la ville de Ouagadougou au FESPACO. Cette année nous avons innové en essayant d’aller vers les riverains. Il y a eu des projections plein air qui ont été réalisées grâce à l’appui de Orange (ndlr : réseau de téléphonie), qui nous a donné de la logistique, du matériel, des projecteurs, une équipe d’animation et le FESPACO nous a donné les films en compétition et on les projetait en même temps que ces populations d’élites étaient dans les salles de ciné.
A Ouagadougou, au Centre-ville, dans les périphéries comme Saaba, Kienfangué, Karpala et autres, il y avait des projections de films en plein air et à chaque projection avec Orange, on avait plus de 500, 600, 700 personnes, hommes, femmes et enfants qui se regroupaient pour voir et jouir aussi des films qui étaient dans les salles. Je pense que si on capitalise tout cela, je dirai que ce FESPACO est particulier grâce à la ville de Ouagadougou et à l’apport financier, apport logistique de Orange et éventuellement la manifestation « Celebrities Days » qui a apporté ce plus là.
F7 : Quels sont les films en compétition dans lesquels vous avez joué?
IS : Il y a eu 3 longs métrages. « Les trois Lascars », de Boubacar Diallo qui a représenté le Burkina à la compétition internationale. Il y a « Les champs de fusils » d’Eliott Ilboudo, qui représente la Burkina Faso dans la compétition nationale. il y a « La nuit du roi », qui est un film qui représente la Côte d’Ivoire. Dans ce film-là aussi je joue un rôle important. Et éventuellement cette série que vous venez de voir ce soir « Wara », qui est une co-production entre le Niger, la France et le Sénégal ainsi que bon nombre de pays qui ont participés à l’écriture et qui est en compétition aussi en Série-Télé.
Donc, ça fait quatre (04) œuvres cinématographiques dans lesquelles je suis représenté et qui sont en compétition. Cela me satisfait beaucoup. Je suis tellement content parce qu’il y a eu quand-même presque 2000 œuvres qui ont été envoyées au Burkina Faso et de ces 2000 œuvres là, 17 ont été retenues, je parle des longs métrages et des séries aussi et quand on se rend compte que les films et les séries dans lesquelles on a participé sont retenus après qu’il y ait tant de mois, tant de sélections, tant d’œuvres envoyées, on se dit quand même qu’on est dans l’écurie des gagneurs, on est dans l’écurie des champions, donc ça fait plaisir. De 2000 à 17, la marge est trop grande et moi je suis content pour ça.
F7 : Parlez-nous de Wara dans lequel vous incarnez le personnage de Moutali Wara, l’acteur principal.
IS : « Wara » essaie de retracer la vie politique dans les commune rurales dans beaucoup de pays, avec sa horde de corruption, d’injustice sociale, de désintéressement de la politique de la jeunesse, alors que nous avons une jeunesse qui doit être une jeunesse d’élites qui vont remplacer ceux-là qui sont là. Les générations grandissent. En principe en politique, il doit y avoir une continuité pour la relève et la jeunesse doit participer. En fait c’est un simple appel à la citoyenneté, un simple appel aussi à la participation de la femme dans la vie politique dans nos nations. Je pense qu’il y a énormément de sujets qui ont été évoqués dans cette série là et qui devraient faire réfléchir plus d’un. Voilà un peu l’objectif de cette série.
En tout cas moi j’aime ce genre de films qui ne sont pas des films qui racontent la misère des africains comme on a l’habitude de la montrer. Ce ne sont pas des séries qui parlent de « ma belle-mère m’a fait quoi », « mon beau père m’a fait ci », non. Ça ce sont des séries avant-gardistes qui sont d’un autre niveau et qui font appel à votre intellect, de réfléchir un tant soit peu à qui il est, par rapport à la politique, par rapport à tout ce qui nous entoure. Aujourd’hui cette nation-là, c’est nous qui devons la construire, c’est la jeunesse. Et chaque génération apporte sa pierre et disparait et d’autres générations aussi apportent leur pierre. C’est de pierre en pierre, de génération en génération qu’on construit une nation. C’est une série qui interpelle aussi tout le monde, tous les africains à mettre la main dans ce parcours politique et de construction nationale.
F7 : Avec l’acteur Issaka Sawadogo, on doit s’attendre à quoi pour le Fespaco à venir?
IS : On est en train de réfléchir à encore plus. Pour l’instant nous allons tirer les conclusions de cette édition. C’est vrai qu’il y a beaucoup d’autres choses qui n’ont pas marché. Nous allons tirer les conclusions et nous allons éventuellement apporter des modifications et aussi apporter de nouvelles idées.
F7 : Après le Fespaco à quoi Issaka Sawadogo va s’attaquer ?
IS : A mon travail habituel. J’ai plein de projets de tournage en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en France en Belgique et aussi au Pays Bas. Ça veut dire que je reprends mon bâton de pèlerin et c’est parti.
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