La leçon de vie de Papi Issa Sodré
Les enfants de Papi Issa Sodré sont grands. Ils ne veulent plus qu’il travaille. Mais le sexagénaire a son principe de vie : « il vaut mieux compter sur soi-même ». Et chaque soir, il vend des légumes et fruits au bord du goudron au quartier Zone du Bois à Ouagadougou.
Quelques minutes après 20h sonnent à l’horloge de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, ce lundi 25 octobre 2021. A quelques mètres de la bâtisse correctionnelle, « Papi », nous l’appelons ainsi, est assis sur des morceaux de sacs soigneusement étalés.
L’approche est facile. Il accepte de s’entretenir avec nous. Le poids de l’âge, 68 ans, se lit sur son visage. Papi est peu élancé. Son teint noir s’éclaire chaque fois que les phares de motos ou de voitures qui passent sur la route qui fonce vers l’échangeur de l’Est nous éclaboussent le visage.
Sur sa natte, on peut des tas de tomates, d’oignons et de goyave. Il prend plaisir à répondre à nos questions. Des curieux se retournent ou s’arrêtent parfois pour nous regarder.
« Papi » nous fait savoir qu’auparavant, il était commerçant et voyageait dans les différentes provinces et sous régions de l’Afrique. « J’étais un commerçant et je faisais des voyages à l’intérieur comme à l’extérieur du Burkina, je peux citer Guélwoango, Leo, Togo etc.. », déclare-t-il.
Son nom à l’état civil est Issa Sodré. Il est père de 10 enfants, dont 7 filles et 3 garçons. Il mène cette activité pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. « Je gagne un peu de bénéfice avec cette vente. Ce qui me permet d’aller donner également à ma famille. Même mes enfants, veulent que j’arrête le travail, mais je ne veux pas m’asseoir sans rien faire », laisse-t-il entendre.
Après quelques minutes d’échanges, nous abordons le sujet de l’insécurité et du grand banditisme dans la ville. N’est-il pas inquiet de rester aussi tard la nuit dehors ? Avec un sourire, il dit se confier à Dieu. « Je vais avoir peur comment ? Chaque être humain dépend de son destin parce que si Dieu n’a pas prévu que quelqu’un va te tuer, tu ne vas pas mourir. Quel que soit ou tu es, nul ne peut échapper à son destin », argue-t-il.
Avant de partir, il a tenu à conseiller la jeune génération en quête d’emploi. Il les exhorte à ne pas être paresseux. « Celui qui veut rien faire ne peut pas avoir du travail en retour. Pour mieux vivre, il vaut mieux compter sur soi-même. Le mieux, c’est de se lever et se battre pour obtenir son pain quotidien à la sueur de son front. Cela est la meilleure solution », professe-t-il.
Nous disons au revoir à Papi Issa sur ces paroles qui donnent à réfléchir.
Christiane YOUNGA (Stagiaire)
Faso7
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