Boussé : Le « Tab nin non »* imperturbable
La probable augmentation du prix du pain de 150 francs à 200 FCFA telle qu’avait annoncée la fédération des patrons de boulangeries, pâtisseries et confiseries le 30 novembre 2021 avait suscité une vague d’inquiétude auprès des Burkinabè. Entre plaintes, mécontentements et contestations, certains consommateurs envisageaient une autre alternative au cas où les prix connaitraient une augmentation. Ainsi, de nombreux Burkinabè ont pensé se tourner vers les galettes, les gâteaux mais aussi et surtout le pain local communément appelé « Tab nin non ». Allons à la découverte de ce pain beaucoup prisé par certains Burkinabè.
Le prix du « Tab nin non » n’a pas varié – © Faso7
Boussé, chef-lieu de la province du Kourwéogo peut sans doute porter le nom de la cité du « Tab nin non ». En effet, dès l’arrivée dans cette ville, l’on est accosté par des jeunes qui accourent vers les usagers de la Route Nationale 2 avec du pain. En lot de 11 ou 12 à 500 frs soit 50 frs l’unité, ce pain est bien apprécié pour sa saveur et sa consistance par les populations locales ou les passagers en provenance de Ouagadougou, de Yako ou Ouahigouya.
Fait à base de farine de blé, de sel et de la levure, le tout moulé puis passé à la vapeur dans un four artisanal, le pain local se commercialise bien selon Jean Paul Ouédraogo, un boulanger de la ville de Boussé. Ce sont en moyenne 5.000 baguettes qu’il arrive à produire et à écouler par jour, nous a-t-il confié.
Le pain est disponible chaque jour à partir de 6h afin de permettre à la population de s’en procurer pour le déjeuner. « Mes employés et moi sommes à la tâche chaque jour dès 3h du matin », a confié le boulanger avec le sourire tout en discutant avec des clients.
Jean Paul Ouédraogo dit écouler au moins 5 000 baguettes de pain par jour – © Faso7
Il y a de l’affluence pour l’achat du pain car, en plus des clients qui viennent directement s’en procurer dans sa boulangerie, il y a également de nombreux revendeurs qui s’en procurent pour les revendre aux bordures de la RN2, a-t-il déclaré.
Le prix de la farine de blé a augmenté, mais celui du pain reste intact
Cette activité de vente de pain emploie de nombreux jeunes qui en ont fait une activité et de nombreux élèves de la province l’exercent les weekends ou les vacances. La vente du « Tab nin non » est une véritable industrie dans la ville de Boussé au regard des personnes qu’elle mobilise et des revenus qu’elle engendre. On dénombre près d’une vingtaine de boulangeries artisanales dans la localité.
Le pain « Tab nin non » avant la mise au four – © Faso7Le pain « tab nin non » prêt à être consommé – © Faso7
Cependant, cette activité connait quelques difficultés, a révélé Jean Paul Ouédraogo. Il s’agit de l’augmentation du prix du sac de la farine de blé de 50 kilogrammes qui est passé de 18.000 FCFA à 21.000 FCFA. Malgré cette augmentation, le prix du « Tab nin non » n’a pas connu de hausse. Il demeure toujours à 50 FCFA l’unité.
La ville de Boussé ne dispose pas de boulangeries modernes. Les populations locales ont beaucoup plus de préférence pour le pain local, à en croire Jean Paul Ouédraogo. La probable augmentation du prix du pain n’affecte donc pas celui du « Tab nin non ». Ce pain local pourrait donc être une alternative si le prix du pain moderne connaissait véritablement une hausse.
Aziz BANSE
Pour Faso7
« Tab nin non », du mooré « piétiner », le pain local, par sarcasme, est désigné ainsi au regard de la forme irrégulière de la baguette de pain.
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