Fête nationale du 11 décembre 2021 : Discours très attendu pour des annonces fortes
Ce soir comme à l’accoutumé, comme chaque veille du 11 décembre, le chef de l’État doit s’adresser à la nation pour communier avec le peuple à l’occasion de la fête nationale. Il ne sera pas question de festivités du 11 décembre, la sauterie de Ziniaré a été zappée depuis longtemps. Il est très attendu cette fois à cause du contexte de crise sécuritaire qui a connu un accès paroxysmique avec les évènements d’Inata. Cette crise, née des défaillances de notre armée, a débouché sur une crise politique avec des manifestations réclamant son départ.
C’est vraiment la plus grande secousse tellurique du régime MPP qui doit la gérer avec tact et doigté pour espérer en sortir avec des solutions pour un reste du mandat présidentiel sans accrocs et pour pouvoir espérer des lendemains électoraux qui lui sourient.
Face à la crise le président Roch a parlé au pays le 25 novembre 2021, une des rares fois où il était habité par la fonction même s’il a fait des emprunts à son mentor chassé par l’insurrection. Il s’est adressé à la nation pour proposer un changement de paradigme et des mesures pour résoudre les dysfonctionnements de l’armée, un gouvernement resserré et une opération mains propres etc. Cela fait deux semaines qu’il envisage des réformes, et la population aimerait voir des débuts d’ébauche dans son discours.
Une commission d’enquête sur le drame d’Inata en vue de situer les responsabilités et de sanctionner ceux qui ont fait des fautes est toujours à l’œuvre.
Des changements d’hommes dans la hiérarchie militaire ont été faits avec la promesse d’envoyer les galonnés au front.
Par la suite il a reçu et accepté la démission du Premier ministre et de son gouvernement le 08 décembre 2021.
Avec toutes ces difficultés le discours du 11 décembre 2021 ne peut pas être un discours creux et de langue de bois sur l’accession de notre pays à l’indépendance.
Le président Roch Kaboré, s’il doit parler aujourd’hui, doit annoncer la nomination d’un Premier ministre pour que le mercredi 15 décembre 2021 au plus tard le gouvernement soit connu et installé. S’il sort de son chapeau un Premier ministre charismatique par sa personnalité et sa nouveauté, il va momentanément calmer une partie des mécontents.
A défaut il doit parler et sanctionner les fautifs de Inata, ce qui va le consacrer pour une fois comme un père fouettard.
L’exercice de ce soir est périlleux s’il n’y a pas d’annonces fortes, la conjonction des évènements impose qu’il ne se présente pas devant les Burkinabè sans une annonce concernant ses engagements. Le silence est d’or dit l’adage, mais on ne peut pas se taire, le président ne peut pas ne pas parler la veille de la fête nationale, quand nous avons à faire à des ennemis qui veulent nous rayer de la carte du monde.
Sana Guy
Lefaso.net