Politique

Lutte contre le terrorisme au Burkina : La junte doit se consacrer à l’essentiel, la sauvegarde du territoire

Le moins que l’on puisse dire c’est que les groupes terroristes n’ont pas accordé d’état de grâce au nouveau pouvoir de Ouagadougou. Les cris de détresse suite aux attaques terroristes viennent des régions de l’Est, du Nord, du Centre-nord, du Sahel et de la Boucle du Mouhoun. Ne pas les entendre, serait un déni de réalité. Se disputer entre nous pour le pouvoir, on l’a vu, n’a pas amélioré notre situation.

Il est plus que temps que l’on sache aujourd’hui que le plus important est de sauvegarder l’intégrité du territoire et de passer à l’arrière-plan bon nombre de questions politiques qui ne font pas gagner du terrain dans la lutte contre le terrorisme.

Ceux qui pensaient qu’il suffisait d’un coup d’Etat pour que le problème soit réglé savent aujourd’hui que ce n’est pas vrai, et que la solution à nos problèmes est plus complexe que cela. Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration mesure aujourd’hui toute l’ampleur de la tâche.

Nous sommes face à des ennemis qui savent user de l’effet de surprise et sont mouvants sur trois pays qui ne se coordonnent pas assez dans cette lutte. Avec le retrait de Barkhane du Mali, les groupes terroristes semblent vouloir marquer leur territoire en chassant les populations des villages pour les envoyer dans les capitales régionales qui sont de plus en plus encerclées. C’est une tactique de guérilla maoïste qui avance ainsi en faisant tomber les villes unes à unes avant la capitale. Faut-il rester à Ouagadougou, « tranquilos », à s’amuser à faire une seconde transition réussie comme le disent certains ?

L’heure est grave parce que les changements au Mali, avec le départ des troupes occidentales (Barkhane et Takuba), et l’ arrivée des soldats russes, sont une nouvelle donne dans cette guerre qui exige de nous, souplesse et vitesse de réaction pour s’adapter au terrain qui, en principe, commande la manœuvre. L’appel à la mobilisation de certains soldats et sous-officiers est une bonne chose qui arrive un peu tard. Pourquoi ne pas étudier les possibilités d’utiliser aussi les promotions plus anciennes qui se sentent capables de se battre dans des unités spéciales où comme des chargés de formation des Volontaires pour la défense de la patrie(VDP) ? Des trois pays du Sahel confrontés aux bandits et aux terroristes, le Burkina Faso est le pays qui a le moins de soldats alors qu’en termes de population, notre pays est plus peuplé (21 926 772) que son voisin de l’ouest le Mali (21 295 210) dont les forces militaires, selon certaines sources, feraient cinq fois les nôtres. Notre voisin de l’est a le plus d’habitants, le Niger (25 808 031) selon les estimations de la population 2022 de World review population.

Changer de braquet dans cette guerre

Dans cette guerre nous ne pouvons pas dire que nous avons produit un savoir sur nos ennemis et leurs attaques. Si nous avons la science, est-elle seulement partagée à toutes les unités qui sont au front ? Qu’importe, le coup d’État semble offrir un nouveau départ, une occasion de changer de braquet dans cette guerre pour ne plus la subir, pour que les cris et les pleurs cessent dans notre camp, pour que nous plantions le drapeau du Burkina sur la terre de tous les hameaux abandonnés comme autant de bougies dans un gâteau.

Pour cela le MPSR, le premier, doit revoir à la lumière des derniers évènements, ses objectifs à retarder, les volontés qui ne sont plus d’actualité. Faut-il continuer à jouer au coup d’Etat façon démocratie ? La situation exige que toutes les énergies et les forces de la junte soient consacrées à la guerre. Elle a vu comment l’adoption de la charte de la transition a révélé les tares de notre société. Au moment où la patrie est en danger les gens se battent comme s’il s’agissait d’un appel à la soupe. Mesurent-ils la gravité des moments, ont-ils conscience des enjeux ? Si la gratuité avait été acceptée, on aurait eu du mal à trouver des candidats pour cette Assemblée législative de la transition et on n’aurait pas assisté à cette foire d’empoigne.

Il faut tout simplement supprimer cet organe qui ne donnera rien de bon avec sa composition actuelle et les rancœurs que suscite la présence de certaines personnes. De plus elle comporte bon nombre de militaires qui ont mieux à faire que d’aller dans un moulin à paroles. Le MPSR face au tollé que suscite cette Assemblée législative de la transition doit la supprimer. Si c’est nécessaire comme tout coup d’Etat il prendra des ordonnances. D’ailleurs ces forces vives des assises nationales de la transition n’ont rien décidé, puisque ce document n’est signé que par le président du MPSR qui peut revenir sur sa décision.

Des voix proposaient dès le premier discours du lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, que la junte devrait se concentrer sur l’insécurité pour récupérer les parties perdues de notre territoire et ses ressources. Car l’orpaillage est interdit au Sahel depuis l’attaque de Solhan, mais les bandits et les terroristes exploitent les mines artisanales et tuent ceux qui ne se plient pas à leurs lois. Ces gens-là en veulent à notre or et veulent le pouvoir, passer le temps à s’amuser et se disputer entre nous ne leur facilitera que la tâche. Le MPSR est venu pour mettre fin à l’insécurité et organiser le retour des personnes déplacées, il doit se consacrer au job.

Sana Guy
Lefaso.net

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